Les résultats définitifs des élections législatives en France
Les Français étaient appelés à voter pour le second tour des élections législatives ce dimanche 19 juin. Ce scrutin est décisif, puisqu’il détermine la composition de la future Assemblée nationale et donc de la majorité qui sera en mesure de gouverner pendant les cinq prochaines années.
Comme au premier tour, plus d’un électeur sur deux s’est abstenu. Un niveau historique pour une élection où, le plus souvent, le président de la République nouvellement élu se voit donner une majorité à l’Assemblée nationale.
Avec seulement 245 sièges, la liste Ensemble, qui représente les forces politiques soutenant Emmanuel Macron, a échoué à disposer d’une majorité absolue pour laquelle le seuil est fixé à 289 députés. Ce résultat est une désillusion pour un camp politique qui avait conquis le Palais-Bourbon en 2017 et disposait jusqu’ici d’une majorité confortable.
Dans le détail, les sièges de la majorité présidentielle sont répartis de la manière suivante : 170 pour La République en Marche, le parti d’Emmanuel Macron, 76 pour le Modem de François Bayrou, 26 pour Horizons, le parti d’Édouard Philippe, et 3 pour le Parti radical.
Le gouvernement va donc devoir négocier avec d’autres forces politiques pour tenter d’arracher une majorité absolue. Dans le cas contraire, il ne disposera que d’une majorité relative et devra composer avec les autres groupes parlementaires pour le vote des lois.
C’est la première fois depuis la mise en place du quinquennat en 2002 que le président ne dispose pas d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale. La Première ministre Élisabeth Borne a évoqué une « situation inédite » peu après l’annonce des résultats, mais elle a appelé à « construire une majorité d’action », ajoutant qu’il n’y avait « pas d’alternative ».
Conformément à la tradition républicaine, la cheffe du gouvernement a remis sa démission au président de la République, qui l'a refusée afin que le gouvernement puisse agir rapidement. Élisabeth Borne était sous pression compte tenu de ce résultat décevant, et les appels à la démission s'étaient multipliés.
Plusieurs ministres candidats ont été battus au second tour et doivent démissionner, conformément à la règle édictée par le président de la République. Il s’agit d’Amélie de Montchalin (Transition énergétique), de Brigitte Bourguignon (Santé) et de Justine Bénin (Mer). Un remaniement ministériel devrait avoir lieu prochainement.
Le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, et l’ancien président du groupe parlementaire et ancien ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, ont tous les deux été battus. Un coup dur pour Emmanuel Macron car il s’agit de deux de ses principaux appuis. En revanche, son ministre Clément Beaune, en situation délicate à Paris, a finalement été élu au second tour.
Mais la désillusion est peut-être encore plus grande pour la liste Nupes, qui rassemblait les partis de gauche. Alors que son chef de file Jean-Luc Mélenchon rêvait de décrocher une majorité et d’imposer une cohabitation à Emmanuel Macron, l’union de la gauche n’a obtenu que 133 sièges, soit moins de la moitié du nombre nécessaire pour pouvoir gouverner.
Les partis qui composent la Nupes s’étaient préalablement mis d’accord pour siéger à l’Assemblée nationale dans des groupes distincts. La France insoumise, le parti de Jean-Luc Mélenchon, enverra 76 députés, le Parti socialiste 26, les écologistes 23 et les communistes 12.
Alors que l’attention s’est focalisée sur le duel entre le parti présidentiel et la Nupes pendant la campagne, c’est bien le Rassemblement national qui a obtenu un meilleur résultat que prévu au second tour. Non seulement le parti de Marine Le Pen est en mesure de former un groupe parlementaire pour la première fois depuis plus de trente ans, mais il a décroché 89 députés, un record absolu pour la formation d’extrême-droite.
Dans la foulée des résultats, Marine Le Pen a déclaré qu’elle incarnerait une opposition « ferme » mais « respectueuse des institutions ». La leader du RN va maintenir Jordan Bardella à la présidence du parti pour se consacrer pleinement à son travail d’opposition au Parlement.
Principale force d’opposition sous le premier mandat d’Emmanuel Macron, Les Républicains ont perdu de nombreux députés. En comptant l’UDI et les élus divers droite, la droite parlementaire ne comptera que 74 sièges ces cinq prochaines années.
Mais Les Républicains peuvent se satisfaire d’un résultat : en l’absence de majorité absolue, le gouvernement devra négocier avec eux pour faire voter ses textes de loi. Mais Christian Jacob, le président du parti, a d’ores et déjà prévenu que sa formation resterait dans l’opposition et ne servirait pas de force d’appoint pour le chef de l’État.
La nouvelle Assemblée nationale compte aussi quelques députés indépendants des principaux blocs, dont 20 divers gauche (ni Ensemble ni Nupes) et 10 régionalistes corses, bretons ou ultramarins.
Le parti nouvellement créé d’Éric Zemmour rêvait de réaliser l’union des droites. Il n’a finalement fait élire aucun député et essuyé un refus de toute alliance de la part du Rassemblement national. Le polémiste lui-même a été battu dès le premier tour dans le Var. Les prochaines années vont être longues pour Reconquête.
En l’absence de majorité absolue, le futur gouvernement ne pourra plus compter sur une Assemblée nationale favorable. Les années qui viennent vont probablement marquer un retour en force du débat parlementaire et de la recherche de compromis pour voter la loi. L’avenir dira si cette situation revivifie le débat démocratique ou si elle est un facteur de blocage politique.