Ascension de l'Everest : les conseils des experts pour atteindre le sommet
L'ascension du mont Everest est considérée comme l'un des plus grands exploits humains. Seuls les alpinistes les plus aguerris et les plus expérimentés parviennent à atteindre le sommet du toit du monde. Sa hauteur, son histoire et sa dangerosité ont renforcé la légende qui entoure cette montagne de l'Himalaya.
Si comme le youtubeur Inoxtag, qui a décrit son expérience en détails dans son film documentaire "Kaizen", vous souhaitez vous attaquer à l'ascension de ce monstre sacré, vous devrez vous préparer avec soin et vous documenter. Voici donc déjà quelques conseils d'experts et des informations utiles à savoir pour mettre toutes les chances de son côté et réussir.
Tout d'abord, un rappel géographie : le mont Everest est situé dans la chaîne de l'Himalaya, à la frontière entre le Népal et le Tibet (Chine).
L'Everest culmine à 8 848 mètres d'altitude, ce qui fait d'elle la montagne la plus haute du monde. À titre de comparaison, le sommet du Mont Blanc se situe à 4 809 m d'altitude, et le Kilimandjaro est le point culminant de l'Afrique, avec une altitude de 5 895 m.
Les conditions météorologiques de l'Everest constituent un véritable danger pour les alpinistes. Avec une température moyenne de - 36° C au sommet (pouvant baisser jusqu'à - 60° C en hiver), les grimpeurs doivent être bien équipés pour affronter le froid. Mais le plus difficile à supporter est le vent, violent et glacial, qui peut atteindre les 200 km/h et rendre l'ascension d'autant plus compliquée.
Il faut environ 40 jours de marche pour atteindre le sommet de l'Everest, et s'acclimater. Les meilleures périodes pour se lancer dans l'aventure sont le printemps (mars à mai) et l'automne (septembre à novembre), lorsque les conditions météorologiques sont les plus stables.
L'Everest a pour la première fois été aperçu par les Occidentaux en 1847. Il fut identifié par la suite comme le plus haut sommet du monde, grâce aux méthodes de calcul du géographe Sir George Everest et de son équipe. La montagne est renommée en l'honneur du Britannique en 1865.
La toute première expédition de l'Everest remonte à 1921. À cette époque, les britanniques ont tenté de gravir l'Everest les premiers, en passant par le versant nord-est du Tibet, l'accès à celui du Népal n'étant pas encore autorisé. Une équipe de six personnes (photo), dont l'alpiniste George Mallory, part en reconnaissance pour tracer l'itinéraire le plus simple vers le sommet. Pour cette première expédition, elle grimpe jusqu'à 7 000 mètres d'altitude.
Lors de la deuxième expédition, en 1922, l'objectif est d'atteindre le sommet de la montagne. Deux alpinistes du groupe réussissent à grimper jusqu'à une altitude de 8 320 mètres, avec assistance respiratoire. Mais cette ascension est marquée par la mort de sept Sherpas, causée par une violente avalanche.
En alpinisme, la "zone de la mort" fait référence à une zone d'altitude extrême, à partir de laquelle il y a si peu d'oxygène que les humains ne peuvent pas s'acclimater naturellement. Cette zone se situe généralement à partir des 8 000 mètres d'altitude.
Les alpinistes qui atteignent la "zone de la mort" manquent d'oxygène et sont confrontés à un risque accru d'œdèmes pulmonaires et cérébraux, pouvant être mortels. Ils doivent donc s'aider de bouteilles d'oxygènes pour poursuivre leur progression.
Le Britannique George Mallory est plus que déterminé à toucher le sommet de la montagne. En 1924, il monte avec son groupe à 8 100 m d'altitude, dans un camp. Les porteurs restent alors au camp, et seront les derniers à voir l'alpiniste et son coéquipier Andrew Irvine, vivants. Les conditions météorologiques extrêmes auront eu raison de la vie des deux hommes. Mais ont-ils pu atteindre le sommet avant de mourir ?
Le corps de George Mallory a été découvert en 1999 par un américain, à 8 290 mètres d'altitude, sur la face nord de l'Everest. Son corps, congelé, était alors très bien conservé. Mais aucun indice retrouvé sur son corps ne peut affirmer que l'alpiniste ait atteint le sommet de l'Everest. Selon plusieurs scientifiques, il est impossible que quelqu'un ait pu, avec les moyens de l'époque, gravir la dernière arête du plus haut sommet du monde.
En 1950, l'annexion du Tibet par la Chine empêche à l'époque les alpinistes de réitérer leurs expéditions par le versant tibétain. Mais l'ouverture des frontières du Népal leur donne un nouveau souffle : ils peuvent désormais emprunter la voie népalaise, le versant sud-est de l'Everest, qui est d'apparence moins périlleuse que la première.
Le 29 mai 1953, des alpinistes atteignent pour la première fois le sommet de l'Everest, avec un système d'oxygène. Il s'agit d'Edmund Hillary, un explorateur néo-zélandais, et de Tensing Norgay un sherpa népalais, que vous pouvez voir sur la photo.
Après cet exploit, les expéditions s'enchaînent. Les alpinistes du monde entier veulent relever de nouveaux challenges, battre de nouveaux records. En 1975, la Japonaise Junko Tabei est la première femme à atteindre le sommet de l'Everest. En 1980, Reinhold Messner (photo) est le premier alpiniste à réussir son ascension en solitaire, et sans assistance respiratoire.
À partir de 1991, des expéditions commerciales sont lancées. De nombreuses agences se développent pour organiser la mythique ascension de l'Everest. Un rêve pour les alpinistes du monde entier. Mais le rêve a un certain coût...
Le prix d'une ascension de l'Everest varie en fonction de l'agence, du choix de l'itinéraire, ou encore, du niveau de service. Généralement, le coût d'une expédition se situe entre 35 000 dollars et 70 000 dollars par personne. Un périple qui n'est donc pas accessible à tout le monde.
Outre le prix, tout le monde ne peut pas se lancer dans l'ascension du plus haut sommet du monde. Cette ascension s'adresse uniquement aux alpinistes entraînés et expérimentés, tant le danger est important. Les Sherpas, issus d'un peuple traditionnel himalayen, accompagnent et aident les alpinistes, en les guidant et en portant leurs affaires sur le chemin de l'ascension.
Pour être autorisés à grimper jusqu'au sommet de l'Everest, les alpinistes doivent d'abord obtenir un permis d'ascension, délivré par le Département de l'Industrie du Tourisme du Népal. Pour obtenir ce permis, l'alpiniste doit valider certaines conditions, comme prouver qu'il a déjà réussi l'ascension d'au moins un sommet de 6 500 mètres ou plus, et fournir un certificat médical attestant de sa bonne condition physique.
Avec la délivrance de ce permis d'ascension, l'objectif des autorités népalaises et tibétaines est de réglementer le nombre d'alpinistes qui gravissent l'Everest chaque année, afin de garantir leur sécurité et de préserver l'environnement.
Plusieurs drames et polémiques ont en effet amené les autorités à devoir renforcer les réglementations au fil des années.
L'année 1996 est marquée par une série d'accidents sur l'Everest, causant le décès d'un total de 15 personnes. Le 10 mai 1996 est considéré comme la journée la plus noire de l'ascension du sommet. À l'époque, des alpinistes amateurs empruntent les chemins de l'Everest avec deux guides différents, qui négligent les conditions météorologiques. Au sommet, une violente tempête de neige s'abat sur eux et cause la mort de huit personnes. Le film "Everest" (2015) raconte cet épisode dramatique de l'histoire de l'alpinisme.
La fréquentation croissante de la montagne a causé des embouteillages mortels dans la "zone de la mort" de l'Everest. Au printemps 2019, l'attente dans un climat glacial entraînant la réduction du flot d'oxygène, ainsi que plusieurs incidents graves ont fait un total de 11 victimes sur cette seule saison.
L'alpiniste népalais Nirmal Purja, à retrouver dans le documentaire Netflix "14 x 8000 : Aux sommets de l'impossible", a immortalisé en mai 2019 une file d'attente de centaines d'alpinistes, bloqués sur le chemin du sommet de l'Everest. Cette photo est devenue virale, et a notamment poussé les autorités népalaises à limiter le nombre de permis d'ascension délivrés chaque année.
Photo : Instagram / @nimdai
En 2020, un client a porté plainte contre son guide Garrett Madison pour ne pas avoir tenté d'atteindre le sommet, et a demandé le remboursement de son "ticket pour l'Everest". La justice a tranché en 2022 en donnant raison au guide, qui avait en fait avorté l'expédition à cause des mauvaises conditions météorologiques, qui auraient pu entraîner la mort des deux hommes.
D'après Alan Arnette, spécialiste de l'ascension de l'Everest, 700 personnes ont atteint le toit du monde en 2022. Parmi ces alpinistes, 640 ont emprunté le versant népalais. Ces 640 personnes se répartissent en "240 clients pour 399 sherpas" précisent le montagnard. Malheureusement, trois personne ont perdu la vie durant leur ascension de l'Everest : un client russe, un sherpa, et un guide népalais.
Photo : Devraj Bajgain / Pixabay
Les vrais héros de ces expéditions restent les sherpas, qui aident chaque année des centaines d'alpinistes à réaliser leur rêve. D'après une étude menée par des chercheurs de l'université de Washington et de l'université UC Davis, le taux de réussite de l'ascension de l'Everest a doublé au cours des trente dernières années, et le courage et l'altruisme des sherpas y est certainement pour quelque chose.