L'histoire est-elle marquée par des mensonges ?
Le principe des fausses informations (fake news), qu'il s'agisse de mauvaises intentions ou d'une simple erreur, existe depuis la création des journaux. C'est toutefois l'ancien président américain Donald Trump qui a popularisé l'expression « fake news » pour se défendre de la presse.
C'est au cours du XIXe siècle que la presse a commencé à se développer dans les pays industrialisés, et ce grâce à l'alphabétisation de plus en plus poussée de la population. Et c'est alors que les possibilités d'utilisation de ce média de masse ont évolué.
En 1835, un journal new-yorkais a publié un article prétendant que des scientifiques avaient découvert des créatures vivantes sur la lune. Le lectorat a alors immédiatement augmenté. Lorsque le journal a reconnu sa supercherie un mois plus tard, il n'y a eu que très peu de réactions.
Cela dit, la presse est également devenue une entreprise rentable qui privilégiait les bonnes histoires au détriment de la vérité. Certains magnats de la presse, comme Joseph Pulitzer et William Randolph Hearst, sont ainsi devenus les garants de l'opinion et du savoir.
Image : dessin politique de l'époque représentant des caricatures de Pulitzer et Hearst tentant d'influencer le président McKinley avec leur journalisme jaune (type de journalisme qui diffuse des informations de faible qualité et recourt à des techniques accrocheuses pour mieux se vendre).
Pour impliquer les États-Unis dans la guerre d'indépendance cubaine, Pulitzer et Hearst ont manipulé le naufrage du navire Maine à La Havane. La guerre hispano-américaine éclata deux mois après l'incident.
« Les rumeurs sur ma mort sont grandement exagérées » s’est exclamé Mark Twain après qu’un journal a faussement annoncé sa mort en 1897. Eh oui, parfois les fake news sont simplement une simple erreur de bonne foi. Les nécrologies prématurées en sont un excellent exemple.
La fausse notice nécrologique d'Alfred Nobel, inventeur de la dynamite, fut écrite en 1888. Il y était qualifié de « marchand de mort ». C’est à la suite de cette fausse nouvelle qu’il a décidé de léguer toute sa fortune pour créer un prix destiné à honorer les meilleurs de l'humanité : le prix Nobel. La morale de l'histoire : il arrive parfois que de bonnes choses découlent d'une annonce de mort prématurée.
Les journaux britanniques ont affirmé, pendant la Première Guerre mondiale, que l'Empire allemand possédait des « usines à cad...vres » destinées à fabriquer du savon et de la margarine à partir de corps. Une affirmation fausse. Il faut dire que durant une guerre, les informations erronées ne manquent pas.
De fait, pensant qu'ils étaient basés sur cette allégation ancienne et infondée, les premiers rapports sur l'existence de camps de concentration pendant la Seconde Guerre mondiale ont été ignorés.
Adolf Hitler écrit dans son livre que le fait d'affirmer quelque chose de faux et de le défendre jusqu'au bout oblige les autres à le rendre légitime. La propagande et la manipulation des médias furent utilisées de manière innovante par l'Allemagne nazie : « Le grand mensonge », une déformation grossière de la vérité, utilisée notamment comme technique de propagande.
Il existe également une stratégie nommée opérations sous fausse bannière que l'Allemagne nazie a utilisée pour justifier l'invasion de la Pologne. Il s'agit de l’opération Himmler, ou incident de Gleiwitz. Un groupe d'agents allemands se fit passer pour des soldats de l'armée polonaise et attaqua une station de radio sur le sol allemand, diffusant un message pro-polonais.
Par la suite, d'autres ont également utilisé cette méthode comme par exemple, l'Union Soviétique. En effet, des soldats russes postés du côté finlandais bombardèrent le village soviétique de Mainila, créant ainsi une excellente raison de déclencher, 4 jours plus tard, ce que l'on appelle aujourd'hui la guerre d'Hiver.
En 1998, le président russe Boris Eltsine admettait que l'Armée Rouge avait provoqué l'incident pour justifier la guerre et l'annexion d'une partie de la Finlande. Vladimir Poutine est revenu sur cette déclaration.
Les temps changent... Et les médias également. On pourrait penser que l'avènement de nouveaux médias pourrait permettre de se défaire des vieilles habitudes. Malheureusement, les individus restent généralement les mêmes.
Il semblerait qu’Orson Welles ait réussi à semer un vent de panique aux États-Unis en 1938. En effet, alors qu’il narrait à la radio la Guerre des Mondes de H.G. Wells, beaucoup de personnes pensèrent qu’il s’agissait d’un bulletin d'informations et que les extraterrestres attaquaient vraiment la Terre. Mais il s'agit probablement d'un mythe inventé par les journaux de l'époque.
Aujourd'hui, il semblerait que la situation se soit sensiblement améliorée. Pourtant, avec la recrudescences de médias et les ressources infinies de l'Internet, discerner le vrai du faux est devenu de plus en plus compliqué. En effet, les gouvernements et les multinationales du monde entier ont besoin de gérer l'opinion et l'information et ce, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.