A-t-on trouvé une solution miracle pour surveiller les incendies qui font rage tous les étés ?
La commune de Tourrettes-sur-Loup, dans le département français des Alpes-Maritimes, a mis en place un dispositif innovant pour combattre les incendies en juin 2023 : des détecteurs utilisant l’intelligence artificielle. Alors que des pays comme le Canada ont été particulièrement dévastés par les flammes, c'est une solution qui semble tout à fait séduisante.
Au 21 août 2023, ces caméras avaient déjà permis de prévenir le départ de huit incendies dans cette commune du sud de la France. Une réussite !
Pierre Borghini est pompier à Nice et cofondateur de la société Firebreak, spécialisée dans la lutte contre les feux de forêt. Selon lui, « l’intérêt de cette nouvelle technologie est le gain de temps », comme le rapporte ‘Ouest France’.
Le détecteur « est fabriqué par une société polonaise qui exporte dans plusieurs pays sujets aux incendies, comme les États-Unis ou le Canada », ajoute ce professionnel.
« Le détecteur compare les photos prises toutes les cinq secondes. Mieux encore, il est capable de détecter une fumée puis d’envoyer une alerte avec la position GPS aux services compétents », détaille Pierre Borghini.
Chaque détecteur en position fixe assure la surveillance sur un rayon de 82 degrés et une distance de 15 kilomètres. La surface totale balayée par les caméras est de près de 700 kilomètres carrés, de Grasse à l’aéroport de Nice en passant par Cannes.
Cet investissement n’a jamais été aussi nécessaire à l’heure du réchauffement climatique. L’été 2022 avait été marqué par des incendies dévastateurs sur une grande partie du territoire français.
Selon les pompiers des Alpes-Maritimes, la saison des feux de forêt, qui ne durait que l’été auparavant, s’étend désormais sur neuf mois dans l’année.
Mais le dispositif a un prix élevé : un couple de caméras-détecteurs coûte 6 000 euros.
Frédéric Poma, maire de Tourrettes-sur-Loup et lui-même pompier volontaire, rappelle que sa municipalité est une commune-test du dispositif et ne paie donc rien pour le mettre en place.
« Par la suite, les mairies pourront être aidées financièrement par le Fonds vert (dispositif d’aide d’adaptation au changement climatique destiné aux collectivités territoriales) », explique-t-il à ‘Ouest France’.
En Gironde, dans le sud-ouest de la France, les pompiers ont installé des caméras dans les zones forestières les plus exposées à un risque de départ de feu.
« Ça va nous permettre d'élargir les périodes de surveillance au-delà des périodes habituelles », détaille Marc Vermeulen, directeur général du Service Départemental d’Incendies et de Secours (Sdis) de Gironde, cité par ‘Europe 1’.
« Ensuite, avec le report des images, nous pourrons faire une évaluation du risque et notamment donner des priorités d'engagement, dès lors, où par exemple, on a plusieurs feux en simultané sur le département en fonction de la physionomie des fumées », poursuit le haut fonctionnaire.
Plus au sud, la forêt des Landes est équipée d’une soixantaine de caméras de surveillance thermiques permettant de mobiliser rapidement les pompiers au moindre pic de chaleur inhabituel. Un dispositif efficace !
Par ailleurs, les drones se sont multipliés chez les pompiers français ces dernières années, comme à Cannes. Ils ont l’avantage d’être plus rapides et moins coûteux que les hélicoptères.
Par ailleurs, cette technologie a l’avantage d’être multifonctionnelle, selon le site ‘L’Info durable’ : cartographie des forêts, repérage des points chauds, apport d’une visibilité aérienne aux pompiers au sol et priorisation des zones d’intervention.
L’utilisation de l’IA et de cartes interactives permet de repérer les zones dangereuses en tenant compte de la sécheresse, du terrain ou de la vitesse des vents. Cela permet aussi aux pompiers de repérer les pics de chaleur pour détecter d’éventuels départs de feux.
L’ONG Global Forest Watch centralise des informations utilisables par les pompiers comme le type de plantation risquant de brûler, la latitude ou la qualité de l’air. De quoi améliorer la prévention des incendies et la protection des forêts.
Enfin, les ballons d’air chaud capteurs sont une autre technologie en cours de développement. La ville de Marseille a testé le premier d’Europe en 2021 : déployés 24 heures sur 24 à 600 mètres d’altitude, ils couvrent une surface bien plus étendue que de simples caméras.
Les conséquences du réchauffement climatique sont déjà palpables, notamment à travers la prolifération des incendies dans les régions au climat chaud et sec. Espérons que les technologies qui commencent à être déployées permettront de les prévenir durablement, et sur l'ensemble de la planète !