L’inflation repart à la hausse en France
On croyait - et on espérait ! - qu'elle était derrière nous après le pic de 2022 : l'inflation, c'est-à-dire la hausse des prix, est pourtant repartie à la hausse au mois d'avril après une brève période de ralentissement. En France, les statisticiens de l'Insee l'ont mesurée à 5,9 % sur un an au mois d'avril 2023.
Après plusieurs décennies de relative stabilité des prix, l’année 2022 avait été celle du grand retour de l’inflation dans le monde, et particulièrement sur le continent européen. De nombreux pays ont connu une augmentation moyenne des prix supérieure à 10 % en seulement 12 mois l'année dernière.
Les causes de cette accélération des prix sont nombreuses : les pénuries et les tensions sur les chaînes d’approvisionnement ont conduit à des augmentations sur certains produits avec des répercussions en cascade. Certains économistes y voient aussi la conséquence des plans de relance budgétaire décidés par les États pour contrer la récession provoquée par la pandémie.
Autre facteur aggravant : l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022 a conduit les États européens à se passer du gaz et du pétrole russes pour sanctionner ce pays. Une décision justifiée politiquement mais qui a conduit à un déséquilibre entre l’offre et la demande d’énergie sur un continent dénué de sources d’hydrocarbures sur son sol.
Comme l’ensemble de ses voisins, la France n’a pas été épargnée par l’inflation, qui a atteint le taux de 5,9 % sur les 12 derniers mois fin décembre 2022 – contre une moyenne proche de 2 % durant les années précédant le Covid-19.
En réalité, la vague inflationniste avait commencé dès la fin de l’année 2021. La hausse des prix sur 12 mois avait atteint un pic en fin d'année, avec un taux de 6,2 % en France fin octobre et fin novembre 2022, selon les données de l’Insee.
Mais l’inflation a-t-elle vraiment ralenti en France ? Selon l’Insee, aucun renversement de tendance n’est certain pour 2023. L’inflation était même légèrement repartie à la hausse, à 6 %, fin janvier.
Mais pourquoi l’inflation ne reflue-t-elle pas aussi vite que prévu en France ? L’un des principaux facteurs est la hausse de 15 % des tarifs réglementés de l’énergie en début d’année, alors qu’un bouclier tarifaire plafonnait l’augmentation à 4 % jusqu’ici. Au total, le coût des produits énergétiques a grimpé de 7 % entre avril 2022 et avril 2023.
Un autre facteur de hausse, qui pénalise directement les consommateurs, est la flambée des prix alimentaires qui a pris le relais de l'énergie : +14,9 % sur un an au mois d'avril en France, après avoir frôlé les 16 % les mois précédents. L'inflation ralentit sur les produits frais mais pas encore sur les autres aliments.
La hausse des prix des services est en revanche plus modérée, avec une hausse de 3,2 % sur un an en avril. Quoi qu’il en soit, il reste difficile pour un nombre croissant de personnes de faire face à leurs dépenses du quotidien.
Mais le gouvernement continue de croire à un reflux de la hausse des prix dans les prochains mois, misant sur un taux d'inflation de 4,9 % pour 2023 et de 2,6 % pour 2024.
Mais certains instituts économiques ne sont pas aussi optimistes que l'exécutif. Ainsi, l'OFCE (plutôt marqué à gauche) s'attend à une inflation de 5,8 % cette année, et Rexecode (plus proche du patronat) à 5,5 %. La baisse sous le seuil de 5 % n'est donc pas encore certaine !
Le Haut Conseil des finances publiques, un organisme gouvernemental, a lui aussi contredit l'exécutif : "Les prix des produits alimentaires devraient continuer à augmenter sous l'effet de la transmission des hausses passées de coûts de production et (...) les prix des services resteront soutenus par la forte progression des salaires, liée aux difficultés de recrutement et à la compensation de l'inflation élevée.", a-t-il indiqué, cité par 'Le Figaro'.
De leur côté, les statisticiens nationaux restent prudents. L'Insee s'attend à un léger ralentissement de l'inflation qui se chiffrerait à 5,5 % au mois de juin. Une bouffée d'oxygène légère mais encore insuffisante pour les consommateurs.
Encore en difficulté après la séquence compliquée de la réforme des retraites, le gouvernement maintient le pouvoir d'achat des Français comme priorité numéro 1. La Première ministre Élisabeth Borne a également appelé les partenaires sociaux à revaloriser les salaires.
Les observateurs s'attendent à une décrue progressive de l'inflation dans les prochains mois. Mais les incertitudes sur l’économie mondiale sont tellement fortes à l’heure actuelle qu’il est difficile de faire des prévisions fiables !