Loukachenko demande à la Russie de s'engager à défendre la Biélorussie en cas d'attaque
Moscou doit défendre la Biélorussie en cas d'attaque : c'est l'engagement que le président biélorusse, Alexandre Loukachenko, a demandé au ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou le 10 avril 2023, afin de garantir la sécurité de son pays.
Ces garanties de sécurité doivent simplement être formalisées, selon un rapport de l'agence de presse "Reuters". En effet, comme l'expliquent les médias publics biélorusses, Loukachenko avait déjà discuté de la question avec Vladimir Poutine par le passé.
Loukachenko explique, selon une traduction du journal en ligne ukrainien “Ukrainska Pravda” : "J'ai soulevé cette question lors des négociations avec le président russe. Il m'a totalement soutenu".
Loukachenko a ajouté : "Il a dit que nous devrions examiner tous nos décrets et accords, entre la Biélorussie et la Russie, pour voir quel acte juridique international normatif nous devrions signer maintenant afin de garantir la pleine sécurité de la Biélorussie."
La Biélorussie a besoin de garanties de sécurité de la part de la Russie, qui doit s'engager à la protéger comme s'il s'agissait de son propre territoire, au cas où le pays serait attaqué ! Telle est la conclusion à laquelle sont parvenus Poutine et Loukachenko à l'issue de leur conversation.
Loukachenko explique, sans que l'on sache exactement quel type d'attaque le président biélorusse redoute, que "c'est le genre de garanties de sécurité dont nous avons besoin."
Depuis l'année dernière, la Biélorussie accueille des soldats russes et continue de le faire. Loukachenko remercie Choïgou et la Russie pour ces renforts bienvenus.
"DW News" (un programme de télévision mondial diffusé par le radiodiffuseur allemand Deutsche Welle) nous apprend que "la Biélorussie accueille actuellement un contingent des forces russes et a également servi de base à l'invasion de l'Ukraine par Moscou dans les premiers jours de la guerre."
Selon “DW News”, Loukachenko a réitéré lors de sa rencontre avec Choïgou que si son pays est attaqué, il ripostera, mais qu'il n'a pas l'intention d'envoyer des troupes biélorusses pour participer à la guerre entre la Russie et l'Ukraine.
Dans un tweet posté après la publication des détails de la rencontre, Mykhaïlo Podoliak, chef du bureau du président ukrainien, a qualifié les propos du chef d'État biélorusse de "souhaits étranges qui ne nécessitent plus aucune analyse politique".
Podolyak a écrit, sur un ton sarcastique : "Il est difficile d'imaginer une antilope demandant des garanties de sécurité dans la gueule d'un crocodile."
Il ajoute : "La seule menace existentielle [pour la Biélorussie] est que [la Russie] déclare ouvertement l'annexion du pays et mette en danger le peuple [biélorusse] avec ses frasques nucléaires."
Les nations occidentales n'ont pas tenu leurs promesses de garantir la sécurité de la Biélorussie, du Kazakhstan et de l'Ukraine. C'est pour cette raison que Loukachenko cherche à établir une alliance protectrice avec la Russie, selon le journal ukrainien “Ukrainska Pravda”.
Dans le cadre du mémorandum de Budapest sur les garanties de sécurité, les États-Unis, la France, la Chine, la Russie et le Royaume-Uni ont promis à ces trois États post-soviétiques la sécurité en échange de l'abandon de leur armement nucléaire, en 1994.
Photo de William J. Clinton Presidential Library Wiki Commons
"Quelles garanties de sécurité les États-Unis peuvent-ils nous offrir ? Aucune. Ce qu'ils font, c'est lancer une offensive contre nous, comme nous pouvons le voir aujourd'hui. Nous avons besoin de garanties de sécurité complètes de la part de notre pays frère, la Russie" a déclaré Loukachenko lors de sa rencontre avec Choïgou.
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Loukachenko cherche à approfondir les relations de sécurité avec la Russie à mesure que les deux États progressent vers une union politique. En effet, Vladimir Poutine a récemment annoncé son intention de déployer des armes nucléaires tactiques sur le territoire biélorusse.
Le 31 mars, le président biélorusse a toutefois appelé à une trêve en Ukraine et à des pourparlers sans conditions préalables entre les deux parties, et ce sans l'implication de l'Occident.
“À cause des États-Unis et de leurs satellites, une guerre totale a été déclenchée. Des incendies nucléaires guettent à l’horizon. Vous comprenez et savez tous qu’il n’y a qu’une seule solution : les négociations ! Des négociations sans conditions préalables”, déclare Loukachenko.
“Il faut s’arrêter maintenant, avant que ne commence l’escalade. Je prends le risque de suggérer une cessation des hostilités”, affirme Loukachenko dans son discours.
Mais cet appel à des pourparlers est loin d’aller de soi pour les deux parties : “le complexe militaro-industriel tourne à plein régime en Russie” et l’Ukraine est “inondée d’armes occidentales”, poursuit le Biélorusse.
Très vite après le discours du président biélorusse, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a fait part des intentions du Kremlin : “Au sujet de l’Ukraine, rien ne change : l’opération militaire spéciale se poursuit, puisque c’est le seul moyen d’atteindre les objectifs fixés par notre pays aujourd’hui”.