Josef Fritzl, le monstre d'Amstetten, en Autriche, va-t-il être bientôt libéré ?
Du nouveau dans l'affaire d'inceste d'Amstetten, en Autriche : Josef Fritzl, condamné à la prison à perpétuité pour avoir abusé de sa fille pendant des années, pourrait bientôt être libéré, comme l'indique entre autres le journal autrichien 'Kronen Zeitung'.
En plus de sa peine de prison, Fritzl a été placé dans un établissement pour criminels perturbés mentalement, mais responsables de leurs actes. Une libération n'est possible que s'il est exclu qu'il commette de nouveaux crimes. C'est désormais le cas, comme le rapportent plusieurs journaux autrichiens.
Selon un récent rapport psychiatrique, les conditions médicales d'internement ne sont plus remplies légalement. Fritzl est atteint de démence sénile et on ne peut plus s'attendre à ce qu'il commette de nouveaux crimes, car il est aussi "affaibli physiquement" par plusieurs chutes. Selon le 'Kronen Zeitung', la justice doit maintenant décider si Fritzl peut être transféré dans des conditions normales de détention.
Né en 1935, Fritzl, pourrait également bénéficier d'une libération anticipée, car il remplirait depuis 2023 les conditions prévues par le droit autrichien. Le tribunal de grande instance de Krems a confirmé que, selon la nouvelle expertise, "des actes aux conséquences graves ne se produiront plus" en raison de sa maladie.
Dans une interview accordée à la radio 'ORF', Alois Birklbauer, professeur de droit pénal à l'université de Linz, a déclaré ceci : "Le plus difficile est qu'une telle libération nécessite ce que l'on appelle un espace d'accueil social dans lequel on puisse être pris en charge". Pour cela, une période de préparation d'au moins trois mois est nécessaire.
Depuis quelques années, son avocate Astrid Wagner ne cesse de répéter que Fritzl ne représente plus aucun danger. Deux ans plus tôt, le neurologue Wolfgang Soukop avait pourtant diagnostiqué à Fritzl un trouble de la personnalité narcissique. L'avocate souhaite désormais obtenir que Fritzl soit placé dans une maison de retraite.
La découverte en 2008 des crimes commis par Josef Fritzl avait choqué le monde entier. L'homme passait jusqu'alors pour un père de famille respectable, menant avec sa femme et ses enfants une vie paisible dans la petite ville autrichienne d'Amstetten, et s'occupant avec amour des enfants de sa fille disparue.
Le 28 août 1984, Fritzl avait enfermé sa fille alors âgée de 18 ans dans la cave de la maison familiale avant de l'étourdir, de l'attacher et de l'enfermer sans aucune lumière dans une pièce aménagée en cellule. Sa disparition fut signalée le jour suivant et au bout de quelques semaines, une lettre écrite de la main de la fille indiquait qu'elle ne souhaitait pas être recherchée.
Durant les années suivantes, Fritzl abusa de sa fille qui ne pouvait pas quitter la cave insonorisée. Elisabeth a eu sept enfants de son père, dont un mort peu après la naissance. Son épouse Rosemarie, qui ignorait tout de la situation de sa fille, pensait qu'Elisabeth avait rejoint une secte. L'homme put ainsi raconter que trois des petits-enfants avaient été déposés devant leur porte avec une lettre de leur mère, raison pour laquelle ils avaient ensuite grandi chez leurs grands-parents. Les trois autres enfants ont vécu depuis leur naissance jusqu'en 2008 dans la cave avec leur mère.
Le martyr d'Elisabeth a pris fin en avril 2008, au bout de 24 ans. Kerstin, sa fille aînée qui vivait dans la cave, était tombée gravement malade, si bien que sa mère a demandé à Fritzl de l'emmener à la clinique d'Amstetten. Rendus méfiants par l'imprécision de la lettre de la mère sur cette maladie, les médecins ont informé les autorités. Mis sous pression, Fritzl a fini par emmener à l'hôpital sa fille (alors âgée de 42 ans), et c'est ainsi que le crime fut découvert.
En mars 2009, l'homme fut condamné à une peine de prison à perpétuité pour meurtre par négligence, v i o l, séquestration, coercition et i n c e s t e. Il purge actuellement sa peine dans le service dédié aux détenus malades psychiquement.
(Sur la photo : des manifestants protestent devant le tribunal de Sankt Pölten, le 16 mars 2009)
Désormais âgé de 88 ans, l'Autrichien a récemment écrit son autobiographie avec son avocate Astrid Wagner. Intitulé "Les abymes de Josef F." et traduit en anglais, le livre a provoqué un nouveau scandale.
Voici un aperçu des déclarations les plus choquantes que contient son livre ainsi qu'une interview qu'il a donnée à 'The Sun'.
Selon le tabloïd allemand 'Bild', le livre est censé être un avertissement destiné à tous sur ce qui se passe lorsque certains problèmes ne sont pas traités et sur la "rapidité avec laquelle de mauvaises choses peuvent arriver". Fritzl a souhaité que sa biographie soit lue "sans préjugés contre [lui]".
Fritzl décrit dans le livre sa vie pendant 24 ans et son dilemme : "Je ne pouvais avoir confiance en personne. Je ne pouvais que poursuivre le chemin dans lequel je m'étais engagé". Et il se serait senti "abandonné" lors de son arrestation en 2008.
À propos de ses agissements à l'égard de sa fille, Fritzl écrit : "Tout ne s'est pas passé comme les médias l'ont décrit." Il ne serait pas un monstre, contrairement à ce qui a été dit, car de nombreuses lettres d'encouragement lui auraient été adressées après son arrestation. Il aurait également reçu des lettres d'amour de certaines femmes.
L'homme a de grands projets pour l'avenir puisqu'il souhaite vivre jusqu'à 130 ans. Dans son interview pour 'The Sun', il a évoqué le programme de fitness quotidien destiné à le préparer à sa libération. Il ferait par ailleurs attention à son alimentation, buvant beaucoup d'eau. Et il semble surtout convaincu qu'il reverra un jour sa famille.
Fritzl a également écrit qu'il souhaiterait passer les dernières années de sa vie en liberté. Il aimerait retourner dans sa ville d'Amstetten et "peut-être y monter une petite affaire" et "y trouver un logement agréable".
Le prisonnier raconte dans son livre qu'il avait eu d'autres enfants, issus d'aventures extraconjugales, que ceux qu'il avait eus avec sa fille, dont personne n'avait jamais entendu parler. Ils étaient nés de liaisons qui avaient eu lieu pendant des voyages d'affaires, par exemple en Inde. Il s'est montré particulièrement fier d'un fils qu'il a apparemment eu avec une femme au Ghana, "parce qu'il est devenu un avocat réputé."
Le criminel évoque aussi son épouse dans son livre et essaie de se justifier : "Je me suis toujours bien entendu avec elle. Mais nous avions un mode de vie très différent... J'ai toujours eu le goût de l'aventure." Se considérant lui-même comme un homme bon, il ne comprendrait pas pourquoi sa femme Rosemarie ne souhaiterait plus avoir de contact avec lui.
"Je pense que le moment est venu de parler de ce qui s'est passé. De vider l'abcès, en quelque sorte. Nous sommes mariés depuis 69 ans, on ne peut pas effacer cela d'un trait !", est-il écrit dans son livre. C'est pourtant lui qui a été à l'origine de leur divorce en 2012, qui a fait perdre à sa femme ses droits à la pension et qui l'a rendue dépendante de l'aide sociale.
Heidi Kastner, la médecin-légiste du tribunal, a décrit Fritzl comme un "maître du déni et de la manipulation", selon le site 'Heute.at'. Sa femme aurait donc, elle aussi, été une "victime de ses penchants malsains". Elle aurait pris ses distances avec lui lorsque ses crimes ont été révélés au grand jour.
Même si le livre, pour ce qu'en a dit la presse, ne donne globalement pas l'impression que Fritzl regrette ses actes, il est écrit ceci dans un passage : "Je regrette mes crimes et les souffrances que j'ai causées. Cela me fait extraordinairement mal. Je ne pourrais jamais refaire une chose pareille." Il regretterait par ailleurs sa famille et ses petits-enfants, mais il croit fermement qu'il les reverra un jour et qu'ils lui pardonneront.
Mais quel est le point de vue d'Astrid Wagner, son avocate et co-autrice du livre ? Fritzl avait-le droit de publier un tel texte ? Oui, selon elle, comme elle le justifie dans la préface : "Tout homme a le droit d'être écouté. Celui qui recherche les causes profondes de la criminalité, qui veut découvrir les abysses d'un être humain, ou qui est simplement curieux et ouvert d'esprit, celui-là a tout intérêt à lire ce livre."
Selon le média 'Kronenzeitung', le détenu aurait fait une demande de changement de nom en 2017, acceptée par l'administration pour 545 euros de frais. Fritzl peut désormais s'appeler Mayrhoff. L'intéressé n'a pas indiqué les raisons de cette requête, mais certains médias supposent qu'il préfère rester anonyme auprès de ses codétenus et des jeunes générations. D'après 'The Sun', Fritzl éviterait de se rendre dans la cour de sa prison de peur d'être agressé physiquement.
D'après le 'Kurier', la maison où ces horreurs se sont déroulées est de nouveau habitée, après être restée longtemps vide puis mise en vente forcée. Elle a été divisée en 9 logements et la cave a été bétonnée en 2014, si bien qu'il ne reste plus aucune trace de l'affaire qui avait ébranlé Amstetten.
(Photo : la maison en 2008)
L'identité d'Elisabeth et de ses enfants est toujours maintenue secrète. Après avoir été libérée, la jeune femme a reçu des soins psychologiques intensifs pendant un an et elle a été soutenue par le fonds d'aide aux victimes. Depuis décembre 2008, elle vit à une adresse inconnue en Autriche.
Malgré la volonté des victimes de garder l'anonymat, 'The Sun' a publié des photos d'Elizabeth et de l'une de ses filles. Leurs avocats ont alors fait savoir qu'elles considéraient cela comme une atteinte inacceptable à leur vie en liberté. Par ailleurs, la famille ne souhaite pas avoir de contact avec la presse ni donner d'interview. Pour des raisons juridiques, les photos n'ont pas été publiées dans l'ensemble de l'aire germanophone.
D'après un article de 'Bild' paru en 2008, Elizabeth et ses enfants se portaient relativement bien, compte tenu des circonstances. Christine R., la belle-sœur de Fritzl, s'est exprimée sur l'état de santé de sa famille : "Les enfants vont bien, ils ont pu surmonter les traumatismes les plus importants." Elizabeth aurait rencontré quelqu'un et deux de ses enfants feraient des études. Seul l'un de ses fils a dû réapprendre à marcher car il était trop grand pour la cave d'environ 1 mètre 75 de haut.