Mon enfant est harcelé à l'école, comment l'aider ?
Insultes, moqueries, violences... Chaque année entre 800 000 et un million d'élèves seraient victimes de harcèlement en France, soit entre 6 % et 10 % de nos enfants. Un fléau de notre société, qui conduit parfois à des drames. Récemment, Lindsay, 13 ans, a mis fin à ses jours, après avoir été victime de harcèlement pendant plusieurs mois dans son collège. Et elle n'est malheureusement pas la seule élève à être passée à l'acte ces derniers mois.
Face à cette situation critique en France, le ministre de l'Éducation nationale Pap Ndiaye (photo) a annoncé ces dernières semaines "un changement réglementaire" pour que les élèves agresseurs soient exclus de leur établissement". Plus récemment encore, il a affirmé qu'une "grande campagne de prévention" contre le harcèlement scolaire serait mise en place à la rentrée 2023.
Dans la foulée, la Première Ministre Elisabeth Borne a assuré vouloir "une réponse interministérielle d'ici juillet", dans un entretien accordé au Figaro le mercredi 14 juin. La cheffe de gouvernement aurait appelé plusieurs de ses ministres, dont Éric Dupond-Moretti (Justice), Gérald Darmanin (Intérieur), François Braun (Santé) et Jean-Noël Barrot (secrétaire d'État au numérique), à travailler avec leur homologue de l’Éducation nationale.
"Il s'agit aussi de responsabiliser les parents. La communauté éducative ne peut pas être la seule à agir", poursuit-elle dans Le Figaro, sans donner davantage de pistes sur les prochaines mesures du gouvernement. La Première Ministre avait déclaré devant l'Assemblée Nationale au début du mois de juin vouloir "faire de la lutte contre le harcèlement la priorité absolue de la rentrée 2023."
Mais concrètement, en attendant des réponses politiques plus fermes pour lutter contre le harcèlement dans nos écoles, comment les parents d'élèves harcelés doivent-ils agir pour aider au mieux leurs enfants ? Voici quelques conseils qui pourraient vous être bénéfiques.
Dans l'idéal, il est important d'éduquer son enfant sur le harcèlement dès le début de sa scolarité en primaire, pour le sensibiliser sur les différentes formes qu'il peut prendre, et les conséquences qu'il entraine. Ce dialogue permet aussi d'installer un climat de confiance et d'ouverture sur le sujet. S'il en est victime, votre enfant osera plus facilement vous en parler.
Se confier sur le harcèlement qu'il subit à l'école peut être extrêmement difficile pour un enfant, car souvent, il s'en sent coupable. Communiquer en douceur est donc essentiel pour ne pas le braquer. Interrogé par Le Parisien, le psychologue de l'enfance Samuel Comblez recommande de "dédramatiser sa culpabilité et se placer comme un parent coopérant et solidaire de la détresse de son enfant."
Bien que vous puissiez ressentir de la colère et de l'inquiétude, il est préférable de rester calme devant votre enfant, pour lui offrir plus de tranquillité et de stabilité. Soyez à l'écoute, rassurez-le et montrez-lui votre soutien.
Avant de vous lancer dans un signalement à l'école, ou toute autre démarche, demandez l'accord de votre enfant. Dans les colonnes du HuffPost, Catherine Verdier, thérapeute spécialiste du harcèlement scolaire, affirme qu'il faut "toujours intégrer l’enfant dans le processus de décision et ne jamais rien faire sans son accord. Le lien de confiance doit être protégé au maximum", explique-t-elle.
Le harcèlement subi par un enfant au collège ou au lycée peut vite continuer à la maison, à cause des réseaux sociaux. Et le cyberharcèlement est tout aussi destructeur. Mettez en garde votre enfant contre ce fléau, et conseillez-lui de s'en protéger le plus possible. Recommandez-lui également de ne pas communiquer avec son harceleur.
Demandez à votre enfant de noter les incidents de harcèlement qu'il a subi, en indiquant si possibles les dates, les lieux et les personnes impliquées. Vous aurez ainsi une base solide pour de futures actions à entreprendre.
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Souvent, le harcèlement à l'école laisse des séquelles traumatiques chez l'enfant, pouvant avoir des répercussions sur sa vie adulte. Un suivi psychologique peut donc lui être extrêmement bénéfique. Le psychologue lui offrira un espace sécurisé pour exprimer ses émotions, et l'aidera à reconstruire son estime de soi.
Le ministère de l'Éducation nationale invite les parents d'un enfant harcelé à prendre rendez-vous avec la direction son établissement scolaire. Une rencontre primordiale durant laquelle vous exposerez les faits, en détail, et demanderez au chef d'établissement la mise en place de mesures efficaces pour protéger votre enfant.
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L'Éducation nationale recommande également de contacter un délégué de parents d'élèves pour lui faire part de la situation, mais aussi "pour réfléchir au partenariat possible entre les parents d’élèves et l’établissement pour prévenir le harcèlement et améliorer les relations entre élèves."
En France, le 3020 est un numéro vert gratuit, animé par 250 référents spécialisés dans la lutte contre le harcèlement. Si les mesures prises par l'établissement scolaire pour protéger votre enfant sont insuffisantes, ces référents peuvent vous aider à trouver d'autres solutions adaptées. Les enfants victimes de harcèlement peuvent également joindre ce numéro, disponible de 9h à 20h du lundi au vendredi, et de 9h à 18h le samedi.
C'est peut-être la première chose que l'on souhaite faire lorsqu'on apprend que son enfant est victime de harcèlement. Pourtant, contacter directement le harceleur ou ses parents risquerait d'empirer la situation de votre enfant à l'école, comme l'indique le psychologue Samuel Comblez dans Le Parisien : "Ça ne marche pas, ça ne fait que renforcer le harcèlement, car le harceleur veut préserver ses parents du conflit et va en faire baver à l'enfant victime." Il est préférable de faire appel à un médiateur de l'éducation nationale.
Si l'établissement scolaire ne prend pas la situation au sérieux, et ne prend aucune mesure contre les harceleurs de votre enfant, n'hésitez pas à contacter le référent harcèlement de son académie. Ce dernier "a un pouvoir d'interpellation de l'école sur la situation. Il peut proposer un travail en coordination avec l'établissement", explique Samuel Comblez.
Si vous considérez que les limites ont été dépassées, vous pouvez tout à fait déposer une main courante ou une plainte contre le(s) auteur(s) dans un commissariat. Rassemblez un maximum de pièces et de preuves pour votre dépôt de plainte. Ce sera ensuite à la justice de se saisir du cas de harcèlement. Selon le Ministère de l'Intérieur, "les peines encourues dépendent de la gravité des conséquences du harcèlement pour la personne visée."