Les mystérieuses attaques d'orques sur des bateaux dans le sud de l'Espagne se multiplient
Cela s'est passé en mai dernier dans les eaux du détroit de Gibraltar, entre l'Espagne et le Maroc. Un voilier battant pavillon britannique a été attaqué par des orques et a failli couler. Seule l'intervention d'un hélicoptère de sauvetage maritime a permis d'éviter la tragédie en évacuant les quatre membres d'équipage.
Trois orques ont attaqué le voilier au large de Barbate, une ville de la province andalouse de Cadix. Selon Reuters, les orques ont brisé le gouvernail et ouvert une importante brèche dans la coque du bateau.
Cette fois, il a fallu secourir l'équipage en urgence par hélicoptère. Le naufrage a pu être évité in extremis grâce à l'utilisation d'une pompe à eau pour évacuer l'eau. Mais sans l'aide des sauveteurs en mer, l'océan aurait englouti le bateau et l'équipage.
L'ancienne animatrice télé Christine Bravo, partie sur son catamaran depuis le Portugal pour un tour du monde, a fait elle aussi les frais de ces attaques récurrentes, qui ont largement endommagé son bateau. Elle a du coup fait preuve de son étonnement sur les réseaux sociaux : "J’adore les orques, et les baleines en général. Ce sont des animaux intelligents ET inoffensifs, personne ne sait POURQUOI elles attaquent les voiliers. Leur agressivité au large du Portugal est INCOMPRÉHENSIBLE", partage-t-elle.
Photo : Instagram @christinebravotourdumonde
Les attaques de petites embarcations (principalement des voiliers) continuent d'augmenter dans le détroit de Gibraltar et deviennent de plus en plus dangereuses. Cependant, les biologistes refusent d'appeler ces actions "attaques" et cherchent leur signification.
En 2021, selon Reuters, 270 "interactions" (comme les appellent les autorités maritimes) avec des bateaux de plaisance ont été signalées. Et elles se sont poursuivies en 2023. Rien qu'en mai de cette année, 20 attaques (ou "interactions") ont été recensées. Les orques, souvent en groupe, attaquent les petits bateaux, causant des dommages importants.
Photo : David Ramírez / Unsplash
Certains témoignages font état d'une réelle angoisse face aux orques. Un couple effectuant le trajet entre les Açores et Barcelone a déclaré à El Independiente : "Nous avons été entourés par 15 orques pendant une heure". Cela s'est produit dans les eaux au large de Barbate, une ville située dans le très fréquenté détroit de Gibraltar. Ils ont téléphoné aux gardes-côtes, qui sont venus à leur secours, mais jusqu'à leur arrivée, on leur a expliqué comment suivre un protocole strict (qui consiste essentiellement à se laisser secouer). Ils craignaient de faire naufrage.
Les biologistes n'ont pas encore d'idée précise sur les raisons de la prolifération de ces attaques. L'implication des petits aux côtés de leur mère conduit certains chercheurs à soupçonner que cette pratique a été instituée chez les orques en tant qu'apprentissage pour éduquer les jeunes cétacés.
En fait, parmi les témoignages de ceux qui étaient sur les bateaux piégés, une idée revient : le leadership des spécimens adultes. Comme s'ils donnaient des instructions aux autres.
Dans tous les cas, ce qui est recommandé, c'est d'arrêter les moteurs, d'affaler les voiles, de laisser le gouvernail, de laisser le bateau se faire ballotter aussi longtemps que le veulent les orques et, surtout, de ne pas s'approcher des ponts du bateau.
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Il n'y a pas eu de blessures graves pour les personnes se trouvant sur les bateaux qui ont souffert des interactions avec les orques, mais les bateaux ont été sérieusement endommagés. Les gouvernails cassés sont les plus courants. La zone autour du Cap Trafalgar (photo) est l'un des points chauds des attaques.
L'épaulard est traditionnellement connu sous le nom de "baleine tueuse". C'est absolument injustifié. Ce sont des animaux pacifiques. En fait, insistent les biologistes, même ce que nous observons dans le détroit de Gibraltar ne peut être considéré comme des attaques. Ils ne veulent pas dévorer les êtres humains ou quoi que ce soit d'autre.
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Il a été possible d'enregistrer des attaques d'orques sur des requins blancs dans la baie de San Francisco. Mais c'est une question de survie, de vie sauvage, d'alimentation. Il faut souligner que la chair humaine ne figure pas au menu de ces baleines.
Les orques mangent souvent de gros poissons et, s'ils sont présents dans leur zone, des phoques.
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Les orques, comme les autres baleines, sont des animaux très intelligents. Ils utilisent des ruses pour chasser (faire semblant de s'échouer sur une plage pour tromper les phoques et les chasser par surprise), ils s'organisent socialement en groupes (généralement petits), ils jouent avec des bateaux...
Une curiosité : les orques mâles vivent, en moyenne, 17 ans ; les orques femelles, 29 ans. Mais il y a eu des cas d'orques centenaires.
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La capture d'orques pour les enfermer dans des parcs aquatiques est une pratique très discutable. Les animaux qui parcourent souvent des centaines de kilomètres par jour à travers la mer se trouvent soudain confinés dans des bassins. Leur cerveau souffre et des attaques mortelles d'orques captives sur leurs éleveurs ont été signalées.
La question est la suivante : comment gérer les "interactions" des orques qui gênent la navigation des bateaux de plaisance dans le détroit de Gibraltar ? Les autorités maritimes espagnoles n'ont trouvé qu'un seul moyen : interdire les bateaux à voile et à moteur de moins de 15 mètres. Il leur est également interdit de jeter l'ancre en dehors des zones balisées.
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La navigation de plaisance a connu un véritable essor ces dernières années. Ces bateaux sont de plus en plus nombreux sur la mer et nous oublions que la mer appartient à ses premiers habitants : les créatures qui vivent dans ces eaux.
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Il ne reste plus qu'à attendre. Pour l'instant, la navigation de plaisance a été restreinte dans le sud de l'Espagne, mais seulement temporairement. Les biologistes cherchent encore à savoir ce qui arrive aux orques, pourquoi elles attaquent.
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