Pas écologiques, les clubs de foot ? Quelques infos pour alimenter le débat

Il suffit parfois d'une mauvaise blague pour lancer une grande polémique en France. Mais celle du "char à voile" de Christophe Galtier aura au moins permis de soulever la question de l'écologie dans le sport. Pris pour cibles dans cette polémique, les clubs de football sont-ils vraiment les vilains petits canards de notre société ?

Cette polémique a démarré lorsqu'Alain Krakovitch, directeur général de Voyages SNCF, a tweeté le 4 septembre dernier : "Paris-Nantes est en moins de 2 heures en @TGVINOUI. @PSG_inside, je re-re-renouvelle notre proposition d’offre #TGV adaptée à vos besoins spécifiques, pour nos intérêts communs : sécurité, rapidité, services et éco mobilité." Il répondait à une vidéo de Marco Verratti prise à bord de l'avion de l'équipe.

La veille, le Paris Saint-Germain s'était rendu à Nantes en avion privé. Un moyen de transport privilégié par toutes les équipes de Ligue 1 pour se déplacer avant une rencontre à l'extérieur.

L'avion est un moyen de transport pratique, mais pas écologique, car la réalité est parfois plus complexe qu'on ne l'aimerait. Prendre un train pour une équipe de football, quelle qu'elle soit, est une alternative difficile à mettre en place. Entre les émeutes que pourraient provoquer la présence des joueurs dans les gares, les wagons à privatiser pour l'équipe, mais aussi pour tout le matériel du staff technique et médical, et des trains à affréter de nuit, la réflexion doit être poussée.

Mais face à l'urgence climatique, les clubs de foot travaillent en interne pour réduire leur impact écologique. Ainsi, des discussions entre le Paris Saint-Germain et la SNCF ont été entamées il y a plusieurs mois pour justement évoquer le sujet des déplacements de l'équipe en TGV. Mais les négociations bloquent du côté de la SNCF sur la question des trains de nuit. Un détail qu'Alain Krakovitch a visiblement omis de préciser dans son tweet.

Et ce n'est pas la seule initiative écologique entreprise par le club de la capitale. En mars 2021, le PSG a été le premier club français à rejoindre le programme "Sports For Climate Action", un mouvement en faveur de l'action climatique lancé par l'ONU. "Avec l'adhésion du club au Sports For Climate Action, nous ouvrons un nouveau chapitre de notre engagement pour la planète", a assuré son président Nasser Al-Khelaïfi.

Par ailleurs, le journal L'Équipe explique que "le club de la capitale a placé la nature au cœur du projet de son futur centre d'entraînement", qui accueillera ses joueurs au début de la saison prochaine. Situé à Poissy (Yvelines), ce centre d'entrainement sera niché dans 69 hectares d'une nature complètement réhabilitée, et comprendra notamment une zone maraichère dédiée à la restauration des joueurs et des employés. L'objectif du club est de construire le centre d'entrainement le plus respectueux possible pour la planète. Le Camp des Loges, actuel centre d'entrainement du PSG, ne sera pas laissé à l'abandon et sera investi par l'équipe féminine.

Bien qu'ils ne soient pas toujours exemplaires sur tous les plans, et notamment en ce qui concerne leur mode de transport, les clubs de football sont plus concernés par l'écologie qu'on ne le pense, et prennent de plus en plus d'initiatives en faveur de l'environnement.

En 2022, l'Olympique Lyonnais a été sacré "club le plus écolo de France" par l'ONG anglaise Sport Positive. Parmi ses multiples actions en faveur de l'écologie, le club a installé dans son stade un système pour récupérer l'eau de pluie, et la stocker dans une cuve enterrée de 360 m³. Cette eau est ensuite utilisée pour arroser la pelouse.

Fini les bouteilles en plastique ! Au Havre, les joueurs et le staff boivent désormais dans des gourdes individuelles. Le club a en effet interdit les bouteilles en plastique au sein de son effectif, ce qui aurait permis d'en économiser près de 20 000. Dans les stades de Ligue 1, la vente de bouteilles en plastique est interdite dans les stades depuis le début de la saison 2022/2023.

Le club lyonnais a l'ambition de devenir le premier club écologique amateur français en 2025. Pour cela, il sensibilise ses joueurs à l'écologie en organisant des visites dans un centre de tri lors des stages de football. Le club amateur travaille à réduire son impact écologique sur de nombreux axes : recyclage, mode d’éclairage, ou encore, transport.

En 2020, le club lillois a rejoint l'initiative "Climate Neutral Now" imaginée par l'ONU. Il a pour but d'atteindre une neutralité carbone en compensant les émissions de gaz à effet de serre qui ne peuvent être évitées, comme celles liées au déplacement des équipes.

En jetant un œil hors de nos frontières, on observe aussi cette prise de conscience écologique chez les clubs européens. En Espagne, le Real Betis a signé en mai 2021 un accord avec la Renfe (le réseau ferroviaire national espagnol) pour la plupart de ses déplacements dans le pays. Très investi dans l'écologie, le club andalou a mis en place d'autres initiatives comme la fabrication de ses maillots en matière recyclée, ou encore, l'éclairage de son stade par des panneaux solaires.

L'Ajax Amsterdam a installé 4 200 panneaux solaires sur le toit de son stade, la Johan Cruyff Arena, pour éclairer son enceinte. Il y existe également un système de récupération de l’eau de pluie, et un système de chauffage durable. Soucieux de son impact écologique, le club néerlandais a choisi de concevoir les sièges de son stade à base de canne à sucre. Du grand art à la hollandaise !

Depuis 2011, le club de la Bundesliga utilise 100 % d'énergie renouvelable dans ses installations. Il n'envoie aucun déchet dans les décharges et encourage les supporters et les employés à se rendre aux matchs à vélo, ou en transport en commun. Le club propose également des options végétariennes et végétaliennes dans sa cafétéria. Grâce à ces initiatives, le VfL Wolfsburg a été élu champion allemand de l'écologie en 2021.

Club de 3ᵉ division anglaise, Forest Green Rovers a été élu "le plus écologique du monde" par la FIFA, en raison de toutes les mesures en faveur du climat que la formation a mis en place au cours de ces 12 dernières années. Pour réduire son empreinte carbone, le club a par exemple installé 180 panneaux solaires sur le toit de son stade, et a créé une cantine 100% végane et locale. De plus, il n'utilise que des engrais naturels pour sa pelouse, et a mis en place un système de récupération de l'eau de pluie, ou encore, un système de recyclage.

Un modèle d'exemplarité vers lequel tendent à aller les clubs français, et plus globalement, européens. Mais comment croire à une réelle prise de conscience écologique dans le football alors que la prochaine Coupe du Monde sera jouée au Qatar, dans des stades climatisés ? Prendre en compte les paramètres écologiques lors des prochaines attributions du Mondial sera une question plus qu'actuelle.