Pénurie d’eau à Mayotte : comment en est-on arrivé là ?
Le département de Mayotte souffre de graves pénuries d’eau depuis plusieurs semaines. Quelles en sont les raisons, et comment l’île affronte-t-elle cette situation ? L’essentiel en images.
Conséquence d’une pénurie sans précédent, l’accès à l’eau courante est restreint à seulement 18 heures tous les trois jours. Les écoles ont également dû fermer.
La situation pose par ailleurs un problème de potabilité de l’eau. Comme le relève ‘Slate’, « l'arrêt de la distribution de l'eau pendant quarante-huit heures favorise le développement de bactéries dans le réseau qui risquent de contaminer l'eau. »
La première cause de ce manque d’eau est la sécheresse qui frappe l’île cette année. ‘BFMTV’ relève qu’il s’agit du pire épisode depuis 60 ans.
Ce problème est directement lié au réchauffement climatique, qui rallonge les périodes sèches et raccourcit la saison des pluies pendant laquelle les réserves d’eau se reconstituent.
80 % de l’eau disponible en temps normal provient des réserves issues des eaux de surface. Or, les deux réservoirs d'eau n’étaient remplis qu’à 6 % fin novembre, comme l’indique ‘Europe 1’.
‘BFMTV’ a également rappelé la présence de fuites dans les réseaux de canalisations à Mayotte, un facteur d’aggravation de la pénurie.
Enfin, le faible développement du retraitement des eaux usées empêche la diversification de l’approvisionnement en eau sur le territoire mahorais.
Mais la pénurie d’eau est aussi liée à des facteurs humains, à commencer par la forte poussée démographique sur l’île, liée en partie à l’immigration comorienne. Selon les données de l’Insee, la population est passée de 94 000 habitants en 1991 à 256 000 en 2017.
Le développement économique de Mayotte accroît aussi les besoins en eau. ‘Slate’ indique qu’au-delà des changements des modes de consommation, le secteur du BTP consomme à lui seul 500 des 27 000 mètres cubes d’eau utilisés chaque jour sur le territoire.
Après une première crise en 2016, l’État avait investi pour augmenter la productivité de l’usine de dessalement de l’eau de Mayotte, sans résultats notables. De nouveaux investissements sont prévus actuellement, mais il faudra plusieurs années pour en sentir les effets.
En attendant, la puissance publique doit gérer l’urgence en mettant en place des « tours d’eau » : le département a été divisé en quatre secteurs qui reçoivent à tour de rôle de l’eau pendant 18 heures par période de 72 heures.
Cependant, les plannings de distribution d'eau ne sont pas toujours respectés et l’eau peut être rétablie à des moments inattendus. Par conséquent, certains habitants laissent leur robinet couler au cas où, malgré les gaspillages que cela entraîne.
Comment réagit la population à cette situation difficile et anxiogène ? Les Mahorais remplissent bouteilles, seaux et cuves, et ils s’occupent de leurs besoins d’hygiène durant leurs tours d’eau.
La pénurie provoque aussi une ruée sur l’eau en bouteille, souvent en rupture de stock. Son prix très élevé la rend pourtant inaccessible à une grande part de la population de ce territoire pauvre.
Philippe Vigier, le Ministre délégué chargé des Outre-mer, avait promis une bouteille par jour et par personne aux Mahorais. Mais cette annonce s’avère difficile à mettre en œuvre sur le plan logistique, sans parler des risques écologiques liés à la pollution plastique.
Mayotte n’est pas le seul département d’outre-mer concerné par la sécheresse, qui frappe aussi l’île de la Réunion où des restrictions de moindre ampleur dans l’usage de l’eau ont été décidées. Espérons que la situation revienne au plus vite à la normale !