Pillées par les nazis et jamais restituées par la Suisse : des œuvres d'art désormais retirées du musée de Zurich

Les récits qui entourent les œuvres d'art
Le Kunsthaus de Zurich a retiré cinq de ses tableaux
Emil Bührle, fabricant d'armes pour les nazis
Max Silberman, un homme tué à Auschwitz
Extension de la collection dans les années 1930
600 œuvres d'art
Le Jardin de l'artiste à Giverny, de Claude Monet
Portrait de Georges-Henri Emmanuel, par Henri de Toulouse-Lautrec
La Route montante, de Paul Gauguin
Le Vieux Clocher de Nuenen, de Vincent Van Gogh
Portrait du sculpteur Louis-Joseph Leboeuf, par Claude Courbet
Un choix controversé
La peintre Miriam Cahn a demandé le retrait de ses œuvres
De nouvelles directives
Plus de 20 pays appliquent ces lignes directrices
Au moins 100 000 œuvres n'ont pas été restituées
Les récits qui entourent les œuvres d'art

Le monde de l'art est fascinant. Il cache un tissu d'histoires parfois très mystérieuses, et notamment en ce qui concerne l'origine de ce patrimoine, souvent liée à des pillages.

Le Kunsthaus de Zurich a retiré cinq de ses tableaux

Le Kunsthaus de Zurich, l'un des plus grands et des plus importants musées de la ville suisse, a récemment retiré cinq tableaux de son exposition permanente. En effet, certaines de ces œuvres d'art auraient été enlevées à leur propriétaire juif par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.

 

Emil Bührle, fabricant d'armes pour les nazis

Le musée a annoncé qu'il allait ouvrir une enquête sur la provenance de ces œuvres et sur la manière dont le collectionneur qui les a données au musée y a eu accès. Ces tableaux font partie de la collection d'Emil Bührle, un fabricant d'armes d'origine allemande qui a fait fortune pendant la Seconde Guerre mondiale en vendant du matériel aux nazis.

Max Silberman, un homme tué à Auschwitz

Mais le propriétaire de ces œuvres était en fait Max Silberman, un industriel juif allemand qui a dû vendre sa collection d'œuvres d'art lors de ventes aux enchères forcées par les nazis, comme l'indique la BBC. Il aurait été tué dans le camp d'extermination d'Auschwitz.

Extension de la collection dans les années 1930

Emil Bührle a commencé à acheter ses premières œuvres dans les années 1920, mais c'est à la fin des années 1930 qu'il a enrichi sa collection, à une époque où les persécutions raciales et les expropriations par les autorités nazies avaient un impact sur le marché de l'art, selon le journal italien Il Post.

600 œuvres d'art

Au total, l'homme d'affaires allemand a acquis 600 œuvres. Après que les tribunaux ont statué sur leur provenance, bon nombre d'entre elles ont été restituées à leurs propriétaires. Parmi les œuvres restantes, 200 tableaux ont été offerts au Kunsthaus de Zurich.

Le Jardin de l'artiste à Giverny, de Claude Monet

Les tableaux retirés du musée suisse sont des œuvres de grands noms du passé. Parmi ces œuvres, "Le Jardin de l'artiste à Giverny", une huile sur toile de Claude Monet, exécutée en 1900.

Photo : Wikimedia Commons

Portrait de Georges-Henri Emmanuel, par Henri de Toulouse-Lautrec

L'homme d'affaires allemand possédait également ce portrait de Georges-Henri Emmanuel peint par Henri de Toulouse-Lautrec en 1891 à la gouache sur carton.

Photo : Capture d'écran de la collection Emil Bührle

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La Route montante, de Paul Gauguin

"La Route montante", de Paul Gauguin, une huile sur toile achevée en 1884, a également été retirée du musée suisse.

Photo : Wikimedia Commons

 

Le Vieux Clocher de Nuenen, de Vincent Van Gogh

C'est également le cas de "Le Vieux Clocher de Nuenen", une œuvre de Vincent Van Gogh, datée de 1884.

Photo : Capture d'écran de la collection Emil Bührle.

Portrait du sculpteur Louis-Joseph Leboeuf, par Claude Courbet

Le dernier tableau à ne plus être exposé au public, du moins pour le moment, est le "Portrait du sculpteur Louis-Joseph Leboeuf", de Claude Courbet, datant de 1863.

Photo : Wikimedia Commons

 

Un choix controversé

En décidant de retirer ces œuvres, le musée tente en partie de redorer son blason après la controverse suscitée par la décision d'inclure ces œuvres dans la collection permanente. Au moins 30 historiens ont publiquement dénoncé l'exposition de la collection de Bührle au Kunsthaus de Zurich.

 

La peintre Miriam Cahn a demandé le retrait de ses œuvres

En outre, en décembre dernier, l'artiste suisse Miriam Cahn a demandé au musée de retirer les 31 œuvres qu'elle avait vendues à l'institution publique dans les années 1980, après que celle-ci eut décidé d'exposer les peintures de la collection Emil Bührle.

De nouvelles directives

La décision de retirer les œuvres n'est pas anodine. Comme le rappelle la BBC, elle fait suite à la publication de nouvelles lignes directrices concernant les œuvres d'art volées qui n'ont pas été restituées aux familles. L'annonce a été faite à l'occasion du 25ᵉ anniversaire de la Déclaration de Washington de 1998, qui a établi des règles internationales pour la localisation des œuvres d'art pillées et leur restitution à leurs propriétaires ou à leurs héritiers.

Plus de 20 pays appliquent ces lignes directrices

Plus de 20 pays, dont la Suisse, s'efforcent de suivre ces nouvelles lignes directrices afin de restituer les œuvres à leurs propriétaires légitimes.

Au moins 100 000 œuvres n'ont pas été restituées

Stuart Eizenstat, conseiller spécial du secrétaire d'État américain pour les questions relatives à l'Holocauste, figure clé des campagnes de restitution des œuvres pillées, a estimé que sur les 600 000 œuvres volées, au moins 100 000 sont toujours manquantes ou n'ont pas encore été restituées.

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