Présidentielle 2022 : les propositions des candidats sur l’international et l’Europe
Parfois laissée au second plan des campagnes présidentielles, la question de la politique étrangère de la France a été ravivée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février. Les douze prétendants à l’Élysée ont tous formulé des propositions concernant l’international et l’Europe. Découvrons-les ensemble dans le détail.
La première urgence est la position que doit tenir la France face au conflit qui ravage l’Ukraine. Emmanuel Macron poursuivra les sanctions contre la Russie s’il est réélu, et Valérie Pécresse et Jean-Luc Mélenchon sont également favorables aux sanctions. Par ailleurs, Anne Hidalgo et Yannick Jadot sont favorables à l’envoi de matériel militaire à l’Ukraine.
Mais plusieurs candidats (Nicolas Dupont-Aignan) estiment que la résolution du conflit actuel nécessite de garantir la neutralité de l’Ukraine. Philippe Poutou et Fabien Roussel sont défavorables à l’entrée de ce pays dans l’OTAN.
Et quid de la France dans l’OTAN ? La guerre actuelle pose la question des alliances militaires du pays. Les candidats sont partagés, entre un Emmanuel Macron partisan d’une OTAN réformée et des concurrents qui proposent de sortir de son commandement militaire intégré (Éric Zemmour, Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan), voire de quitter tout simplement l’alliance (Jean Lassalle, Jean-Luc Mélenchon, Fabien Roussel).
Outre les alliances, les candidats ont également des propositions concernant l’équipement de l’armée française. Le président sortant compte faire passer le budget militaire à 50 milliards d'euros par an d’ici 2025 (60 milliards pour Éric Zemmour). Valérie Pécresse souhaite aussi augmenter le budget des armées, et construire un nouveau porte-avions.
Les candidats sont divisés entre partisans d’une France intégrée dans une Europe forte (Emmanuel Macron, Valérie Pécresse) et les eurosceptiques. Le chef de l’État actuel occupe actuellement la présidence tournante de l’Union européenne et n’a jamais caché son ambition de renforcer l’intégration européenne dans les domaines budgétaire, énergétique et militaire.
Comme en 2017, plusieurs candidats eurosceptiques sont sur la ligne de départ, même si leurs positions se sont adoucies sur la sortie de l’euro et le Frexit (Brexit à la française). Éric Zemmour et Marine Le Pen souhaitent que la législation française prime sur le droit européen. Nicolas Dupont-Aignan maintient son projet d’Europe des nations. Jean-Luc Mélenchon souhaite déroger aux politiques européennes dans la mesure du possible.
La question de la sécurité des frontières de l’UE est abordée dans plusieurs programmes. Fabien Roussel souhaite redéfinir les missions de Frontex, le corps de gardes-frontières européens, qu’Emmanuel Macron entend renforcer. Éric Zemmour propose de réformer l’espace Schengen et de doter Frontex d’un véritable statut militaire.
Le sujet des frontières est étroitement liée à la question migratoire, lancinante en Europe depuis 2015. Les candidats sont très partagés, entre Nathalie Arthaud qui soutient une liberté de circulation totale, Yannick Jadot qui souhaite réformer le droit d’asile pour secourir les migrants en Méditerranée, et des candidats de droite dont la priorité est de maîtriser les flux migratoires.
Plusieurs candidats sont partisans de l’Europe, mais d’une autre Europe que celle qui existe actuellement. Ainsi, Nathalie Arthaud appelle de ses vœux la création des « États-Unis socialistes d’Europe ». Anne Hidalgo souhaite renforcer le pouvoir de décision du Parlement européen. Fabien Roussel a pour objectif l’abandon de la règle des 3% de déficit.
Pour certains, la diplomatie est aussi un vecteur pour faire avancer la cause de la protection de l’environnement. La maire de Paris souhaite organiser un sommet mondial « Paris + 10 » en 2025 (en référence aux accords de Paris sur le climat de 2015). Yannick Jadot souhaite une Europe fédérale appliquant un principe de « non-nocivité pour l’environnement ».
Des positions ont aussi été prises au sujet des accords de libre-échange passés ces dernières années entre l’Union européenne et des pays tiers, qui sont souvent critiqués pour leur impact environnemental et le risque de dumping social qu’ils comportent. Philippe Poutou souhaite la sortie pure et simple de ces traités.
On a tendance à l’oublier, mais la France est toujours présente militairement au Mali. Fabien Roussel est partisan d’un désengagement rapide de l’armée française de la région du Sahel. Jean Lassalle souhaite soumettre toute nouvelle intervention militaire de la France à un vote du Parlement ou à un référendum.
Puissance militaire, la France est aussi exportatrice d’armes. Jean Lassalle propose de mieux contrôler les ventes d’armes à des puissances étrangères, tandis que Philippe Poutou appelle à un arrêt pur et simple de ce commerce.
L’usage du français dans de nombreux pays du monde peut être un atout pour la diplomatie française. Emmanuel Macron a l’intention de redynamiser les relations entre la France et l’Afrique, à travers une coopération renforcée et le renforcement de la francophonie sur ce continent.
Cette ancienne idée de Nicolas Sarkozy en 2007 a été reprise cette année par Nicolas Dupont-Aignan. Le candidat souverainiste a un projet d’Union méditerranéenne visant à favoriser un développement commun sur les deux rives de la Méditerranée.
Un autre élément important de la diplomatie française : l’aide au développement économique de certains pays. Valérie Pécresse souhaite la concentrer sur les pays méditerranéens et africains, des partenaires importants de la France, et y mettre fin en Chine qui est devenue une grande puissance économique.
Le candidat écologiste est favorable à une réforme du Conseil de sécurité de l’ONU (au sein duquel la France dispose d’un siège permanent), afin de le rendre plus représentatif des différents peuples et continents de la planète.