Quelle nouvelle coalition pour gouverner la Belgique ?
Ce dimanche 9 juin, la Belgique a voté comme le reste du continent pour les élections européennes, mais aussi pour les élections fédérales et régionales. Un aperçu en images des résultats et de leurs conséquences politiques.
Les différentes tendances de droite ont largement dominé le scrutin fédéral belge, en Flandres comme en Wallonie.
Photo : Luiza Giannelli / Unsplash
Premier parti du pays aux élections de 2019, la N-VA flamande, implantée cette année en Wallonie, est de nouveau arrivée en tête avec 16,71 % des suffrages exprimés au niveau national et 24 sièges au Parlement.
En tête dans les circonscriptions d’Anvers et du Brabant flamand, ce parti conservateur, emmené par le bourgmestre d’Anvers, Bart De Wever, est le seul de Belgique à totaliser plus d’un million de voix.
Les séparatistes flamands du Vlaams Belang ont fait un carton plein en Flandres : malgré leur absence en Wallonie, ils obtiennent 13,77 % des voix au niveau national et 20 sièges.
Un tel résultat fait de ce parti d’extrême-droite la deuxième force du pays. Le Vlaams Belang se classe par ailleurs en tête dans les circonscriptions de Flandre occidentale, de Flandre orientale et du Limbourg.
Côté francophone, le Mouvement réformateur, présent dans la coalition gouvernementale sortante, réalise une jolie performance avec 10,26 % des voix au niveau national et un total de 19 sièges.
Réalisant l’une des plus fortes progressions par rapport au scrutin de 2019, le parti de centre-droit emmené par Georges-Louis Bouchez se classe premier dans les circonscriptions de Liège, du Brabant wallon et de Bruxelles-Capitale.
Partie en ordre dispersé entre les Flamands de Vooruit et les Wallons du Parti socialiste, la gauche modérée totalise plus d’un million de voix et 29 sièges (13 en Flandres et 16 en Wallonie). Le PS arrive en tête dans la circonscription du Hainaut.
Longtemps donnée à un score élevé par les sondages, la gauche marxiste wallonne du Parti du travail belge (PTB) termine en deçà de 10 % des suffrages exprimés au niveau national et dispose de 15 sièges dans la nouvelle chambre.
Notons également la performance du parti de centre-droit Les Engagés en Wallonie, premier dans les circonscriptions de Namur et de Luxembourg et qui décroche 14 sièges, contre 5 dans la législature précédente.
En Flandres, les chrétiens-démocrates, membres du gouvernement sortant, n’ont pas su convaincre beaucoup plus d’un demi-million d’électeurs et ne disposeront que de 11 sièges dans le nouveau Parlement.
L’Open-VLD, le parti centriste flamand du Premier ministre sortant, Alexander De Croo, accuse une lourde chute avec seulement 5,45 % des voix au niveau national et 8 sièges de députés, soit 4 de moins que lors de la précédente législature.
Comme ailleurs en Europe, les écologistes ont, eux aussi, connu une débandade après leur percée de 2019 : à eux deux, les partis flamand Groen et wallon Ecolo totalisent moins de 8 % des voix et 9 sièges au Parlement, contre 21 auparavant.
De manière générale, les élections de 2024 marquent un revers pour la « Vivaldi », la coalition hétéroclite au pouvoir composée des socialistes, des écologistes, des chrétiens-démocrates, de l’Open-VLD et du MR.
« Nous avons perdu cette élection. [...] Ce n'est pas le résultat que j'espérais et je ne me déroberai pas à mes responsabilités », a déclaré Alexander De Croo, cité par BFM TV. Le roi Philippe de Belgique a reçu sa démission ce lundi 10 juin.
La majorité absolue est fixée à 76 sièges au Parlement belge. Compte tenu de la dispersion des voix, trouver une nouvelle coalition s’annonce une fois de plus difficile dans le pays.
Reflet des difficultés à former un accord majoritaire, la Belgique avait passé 541 jours sans gouvernement formel entre 2010 et 2011 (un record mondial), et de nouveau 493 jours sans exécutif constitué entre 2019 et 2020.
Compte tenu de la première place décrochée par son parti et de la nette victoire des différentes tendances de droite, Bart De Wever apparaît comme un candidat naturel pour diriger le futur gouvernement.
Si le Vlaams Belang souhaite former une coalition de droite radicale avec le N-VA, le bourgmestre d’Anvers a exclu cette option et devrait se tourner vers d’autres formations de centre-droit pour tenter d’obtenir un accord de gouvernement.
Les tractations ont démarré dès le lendemain des résultats et devraient se poursuivre jusqu’à ce qu’une nouvelle majorité soit trouvée pour gouverner la Belgique les prochaines années.
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