Qui est Michel Barnier, le nouveau Premier ministre de la France ?
Après plusieurs semaines de flou et de négociations intenses, le choix d’Emmanuel Macron pour le poste de Premier ministre s’est finalement porté sur Michel Barnier.
Celui que Le Monde décrit comme un « homme de consensus » a finalement été préféré à d’autres noms, comme Xavier Bertrand ou Bernard Cazeneuve. À 73 ans, il devient le chef de gouvernement le plus âgé de l’histoire de la Cinquième République.
Issu de la droite, Michel Barnier a été membre de tous les partis gaullistes qui se sont succédés en 50 ans de carrière politique, de l’UDR des années d’après De Gaulle aux Républicains actuels.
Élu local, parlementaire, ministre et commissaire européen, cet homme politique dispose d’une longue expérience des affaires publiques à tous les échelons. C’est vraisemblablement l’un des critères qui a joué en faveur de sa nomination.
Né en 1951, Michel Barnier a débuté sa carrière politique en Savoie, après avoir adhéré à l’UDR dès l’adolescence et travaillé au cabinet de plusieurs ministres gaullistes.
En 1973, il devient à 22 ans le plus jeune conseiller général de l’histoire de son département. Élu député en 1978, à 27 ans, il est alors le benjamin de l’Assemblée nationale.
En 1982, le parlementaire est élu président du conseil général de Savoie. Il est alors un pionnier de l’écologie en engageant une politique de protection de l’environnement dans son territoire.
Mais son principal fait d’armes en Savoie reste la candidature réussie et l’organisation des Jeux Olympiques d’hiver à Albertville, en 1992, en partenariat avec l’ancien champion de ski Jean-Claude Killy.
Étoile montante de la droite française, Michel Barnier entre une première fois au gouvernement sous la direction d’Édouard Balladur, en 1993. Son portefeuille correspond à son domaine de prédilection : l’environnement.
De 1995 à 1997, il est le ministre délégué aux Affaires européennes du nouveau président, Jacques Chirac. Dans ce contexte, il dirige la délégation française pour la négociation du Traité d’Amsterdam.
En 1999, l’homme politique français rejoint la Commission européenne comme commissaire chargé de la Politique régionale et de la cohésion, alors que se prépare l’élargissement de l’UE aux pays d’Europe de l’Est.
Cet européen convaincu représente par ailleurs la Commission à la Convention chargée d’écrire une Constitution pour l’Europe. Le projet échoue en 2005 à la suite des « non » aux référendums français et néerlandais, mais Barnier affirme son attachement à la construction européenne.
En 2004, à la fin de la mandature européenne, le Savoyard revient à la politique nationale en devenant ministre des Affaires étrangères du gouvernement dirigé par Jean-Pierre Raffarin.
Après un passage par le privé, Michel Barnier redevient ministre sous Nicolas Sarkozy, de 2007 à 2009, en étant cette fois chargé de l’Agriculture et de la Pêche.
En 2009, il fait son retour à Bruxelles en tant que vice-président de la Commission européenne et commissaire chargé du Marché intérieur, en pleine crise financière. Mais il n’est jamais parvenu à se faire nommer à la tête de l’exécutif européen.
L’un de ses principaux succès est d’avoir négocié le Brexit avec le Royaume-Uni pour le compte de l’Union européenne après le référendum de 2016. Michel Barnier s’impose alors comme un négociateur efficace et habile face aux Britanniques.
En 2021, cet homme politique de droite se porte candidat à la primaire du parti Les Républicains. Il défend des positions très dures sur l’immigration, qui choquent une partie de ses alliés en Europe, mais qui expliquent sans doute la tolérance du RN à son égard aujourd’hui.
En retrait de la vie politique française après sa défaite à la primaire, Michel Barnier a finalement été choisi trois ans plus tard, contre toute attente, pour diriger le gouvernement.
Le nouveau Premier ministre parviendra-t-il à rassembler et à gouverner une France toujours engluée dans les divisions politiques ? Pour l’un de ses proches, cité par Le Monde, il « ne mesure pas la dégradation du débat public en France, ça va être un choc ».
« Il ne donne pas dans la petite phrase, il n'a pas une personnalité pétillante, il n'est pas assez voyou pour les mœurs françaises », déclarait un autre proche dans Ouest France en 2018. Mais un membre de son équipe rappelait dans le même journal que l’homme est « loyal, rigoureux, compétent ».
Dans un portrait consacré au nouveau Premier ministre, RFI le décrit comme un « poids lourd de la politique française » par son expérience, mais aussi comme « l'une des personnalités connues paradoxalement les moins connues du pays ».
Avant de pouvoir gouverner pleinement, Michel Barnier devra déjà passer l’écueil du vote de confiance à l’Assemblée nationale, où le RN est en position de force. Les semaines qui viennent s’annoncent décisives.