Santé : les sèche-mains sont-ils de super-propagateurs de bactéries ?

Pour votre santé et celle des autres, il est d'usage de se laver les mains après avoir utilisé les toilettes, par exemple lorsque vous êtes au restaurant ou dans une cafétéria. Il est essentiel de maintenir une bonne hygiène de base pour éliminer les virus et les bactéries, et c'est d'autant plus vrai depuis la pandémie de la Covid. Mais, il semblerait que l'utilisation d'un sèche-mains n'est peut-être pas celle que l'on avait imaginé et serait même susceptible de les propager davantage, selon une nouvelle étude scientifique. Si vous souhaitez en savoir plus, continuez de lire cet article sans plus attendre !

En 2018, des chercheurs de deux universités américaines ont voulu vérifier leur hypothèse : les sèche-mains "recracheraient" des bactéries sur les mains des utilisateurs de ces appareils. Mais, alors, qu'en est-il au juste ?

Photo : Pavel Danilyuk/Pexels

Les chercheurs ont constaté que les boîtes de Petri placées sous des sèche-mains pendant 30 secondes développaient jusqu'à 254 colonies de bactéries, contre une seule, voire aucune, pour celles qui étaient simplement exposées à l'air des WC. L'expérience s'est déroulée dans les toilettes d'un bâtiment universitaire.

Selon une autre étude, chaque fois que l'on tire la chasse d'eau (sans le couvercle), un fin brouillard de microbes se disperse dans l'environnement et peut même atteindre une surface de 6 m². La toux, la respiration et autres peuvent également détériorer la qualité de l'air ambiant et libérer des aérosols.

L'étude de 2018 a révélé que ces appareils n'abritaient pas de bactéries. En revanche, ils concentraient tout l'air vicié des toilettes et le déposaient sur ce qui se trouvait sous le dispositif (à savoir, nos mains).

Un utilisateur de TikTok a voulu constater par lui-même si les sèche-mains étaient vraiment nuisibles. Il a donc récemment reproduit certaines parties de l'essai clinique et partagé des vidéos avec ses followers.

Photo : phonesoap/TikTok

Il s'est dirigé vers les toilettes et a utilisé une boîte de Petri et l'a secouée dans l'air, comme s'il s'agissait de se sécher les mains. Trois jours après avoir été placée dans l'incubateur, aucune croissance de germe n'était visible.

Photo : phonesoap/TikTok

Après avoir placé la boîte de Petri sous le sèche-mains au même endroit que le témoin, elle était pleine de mauvaises pousses après trois jours dans l'incubateur. Pour cette expérience, l'appareil était un modèle standard de la marque Xlerator.

Photo : phonesoap/TikTok

Un second échantillon a été prélevé sur un sèche-mains dans les toilettes d'une station-service. Les résultats ne sont vraiment pas brillants... voire pire encore.

Photo : phonesoap/TikTok

Un Dyson airblade a été également testé dans un cinéma. La croissance a été nettement moins importante que sur les autres appareils, mais plus d'une douzaine de colonies bactériennes se sont développées.

Photo : phonesoap/TikTok

Les meilleurs résultats ont été obtenus en utilisant un sèche-mains, également de la même marque, mais cette fois-ci dans un magasin. Résultat ? Le niveau de bactéries est fortement influencé par ce qui flotte dans l'air des toilettes.

Photo : phonesoap/TikTok

L'étude de 2018 a révélé que la grande majorité des microbes détectés ne provoquent pas de maladie chez les personnes en bonne santé. La seule exception était le staphylocoque doré (en photo), une cause fréquente d'infections cutanées, d'abcès, de pathologies respiratoires telles que la sinusite et d'intoxications alimentaires. Acinetobacter, un autre germe découvert ne concerne que les personnes hospitalisées.

Photo : CDC/Unsplash

L'étude a toutefois indiqué que l'installation de filtres HEPA sur les sèche-mains permettait de diviser par quatre les dépôts bactériens provenant des appareils, même si cela ne permettait pas d'éliminer totalement l'ensemble des pathogènes indésirables.

Selon John Ross, de Harvard Health Publishing, "le risque de contracter un agent pathogène grave dans les toilettes est faible". Il ajoute qu'il est important de bien se sécher les mains, car si elles sont mouillées, cela peut favoriser la survie des bactéries. Il suggère aussi d'opter pour des serviettes en papier.

Une autre étude britannique (de faible ampleur) a révélé qu'un groupe de volontaires ayant utilisé un sèche-mains et parcouru un chemin prédéterminé dans un hôpital a contaminé les surfaces dix fois plus que les autres ayant utilisé des serviettes en papier.

Les microbes ne se trouvaient pas uniquement sur les mains des volontaires. L'étude a révélé qu'ils se propageaient sur leurs blouses et, à partir de là, sur des surfaces telles que des chaises.

Compte tenu des germes pathogènes présents dans les hôpitaux et de la vulnérabilité des patients, les auteurs de l'étude affirment que leurs résultats "appuient la recommandation d'utiliser des essuie-mains en papier dans les établissements de soins de santé".

Un autre point négatif des sèche-mains est qu'ils sont bruyants, à tel point qu'ils peuvent endommager les oreilles des enfants. Une étude publiée dans la revue canadienne 'Paediatrics & Child Health' a révélé qu'un Dyson Airblade fonctionnait à 121 décibels. Tout bruit supérieur à 100 décibels peut leur être terriblement néfaste. Faites donc bien attention !

Les fabricants réfutent cette théorie bien entendu. World Dryer, une entreprise spécialisée dans les sèche-mains, affirme que certaines études reposent sur des conditions de test artificielles, parfois faussées et sponsorisées par l'industrie des essuie-mains en papier.

Selon World Dryer, cela s'explique par le fait que l'industrie des essuie-main est tout simplement époustouflée par sa proposition de valeur, les utilisateurs de ces appareils économisent 90 à 99 % des coûts par an par rapport aux serviettes en papier, sans parler des bienfaits pour l'environnement.

L'une des principales alternatives aux serviettes en papier à usage unique et aux sèche-mains consiste à s'essuyer sur ses vêtements. Mais, selon certains établissements, ce n'est pas la meilleure solution, car s'ils sont sales, ils risquent de vous contaminer et de supprimer les bénéfices de cette hygiène de base. À l'heure actuelle, on ne sait toujours pas laquelle de ces deux méthodes fonctionnent le mieux.

Une étude de grande qualité datant de 2022 s'est également penchée sur la question de savoir si cette méthode rendait l'air respiré plus dangereux. Elle a conclu que les sèche-mains sont en réalité bien meilleurs pour l'air que le papier, car ils projettent les germes sur les surfaces (comme les murs et les vêtements) sous forme de gouttelettes, au lieu de laisser flotter de plus petits aérosols.