Scandale financier, disparition et espionnage russe : l'histoire folle de l’ancien patron de Wirecard, Jan Marsalek
Disparu sans laisser de traces en 2020 lors de la faillite de l’entreprise Wirecard dont il était l’un des dirigeants, l’Autrichien Jan Marsalek est aujourd’hui soupçonné d’espionnage au profit de la Russie.
C’est du moins ce qu’affirme l’hebdomadaire allemand ‘Der Spiegel’ qui a mis en une la photo de l’ancien cadre dirigeant avec comme titre le simple mot « Démasqué » !
@ Der Spiegel
Comme l’indique ‘Courrier international’, la couverture ressemble « aux tableaux employés par nombre de détectives de séries policières pour mettre leurs idées au clair », où se superposent « des images de faux documents d’identité russes, d’un homme en armes, d’un avis de recherche et d’une jeune femme blonde ».
@ Wikipedia
Né en 1980 à Vienne, Jan Marsalek a quitté l’école sans diplôme avant de fonder sa propre entreprise dans le secteur du commerce en ligne.
@ Wirecard
Résistant autrichien déporté pendant la Seconde Guerre mondiale, actif dans la poursuite des anciens nazis après la guerre, son grand-père Hans Marsalek avait déjà été soupçonné d’espionnage pour le compte du bloc de l’Est, selon ‘Le Monde’.
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Entré en 2000 chez Wirecard, une start-up allemande dans le domaine des paiements, Marsalek en est devenu le directeur des opérations et l’un des dirigeants les plus influents à partir de 2010.
Wirecard passe longtemps pour être une pépite dans un monde économique allemand dominé par les industries traditionnelles. Entrée en 2018 au DAX (les plus grosses capitalisations de la Bourse de Francfort), la société compte autour de 300 000 entreprises clientes début 2020.
En juin 2020, le scandale financier du siècle éclate en Allemagne, lorsque l’entreprise reconnaît que 1,9 milliard d’euros inscrits à son bilan (soit environ un quart) sont en réalité inexistants.
Après un effondrement de son cours de bourse et une vague massive de licenciements, Wirecard se déclare en faillite le 25 juin. La presse parle alors d’équivalent allemand de l’affaire Enron qui avait éclaté vingt ans plus tôt aux États-Unis.
Si le numéro 1 de Wirecard, Markus Braun (sur la photo), comparaîtra devant la justice, Jan Marsalek, qui vient d’être licencié, disparaît sans laisser de traces au même moment.
Accusé de plusieurs délits financiers graves par le parquet de Munich, l’homme devient recherché par Interpol et fait l’objet d’un mandat d’arrêt international.
‘Der Spiegel’ soupçonne alors l’Autrichien de s’être envolé avec un faux passeport pour Minsk, en Biélorussie. Selon le journal économique ‘Handelsblatt’, il se trouvait probablement dans les environs de Moscou, sous la supervision du GRU, le renseignement militaire russe.
Mais le fait le plus troublant est que Jan Marsalek aurait été à la solde des Russes dès 2014, toujours selon ‘Der Spiegel’. Il aurait mené une « double vie », devenant un « espion à la solde de Moscou chez Wirecard ».
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Recruté par le GRU par l’intermédiaire de sa maîtresse, Natalia Zlobina, Marsalek aurait ensuite travaillé pour le FSB, les services secrets russes, en profitant « de sa position privilégiée au sein d’une grande entreprise allemande », comme l’indique ‘Courrier international’.
L’agent russe aurait même participé à plusieurs opérations à l’étranger, notamment en Syrie et en Libye, selon l’enquête du ‘Spiegel’, menée conjointement avec le site indépendant russe ‘The Insider’, la chaîne de télévision allemande ‘ZDF’ et le journal autrichien ‘Der Standard’.
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Selon les résultats de l’enquête, l’ancien dirigeant de Wirecard aurait tenté sans succès de recruter « des hommes de main bulgares pour poursuivre des opposants du Kremlin à travers l’Europe, les espionner et peut-être même les éliminer ».
« Jusqu’à présent, l’histoire de Marsalek ressemblait à un roman policier dont l’intrigue se déroulerait dans le monde de la finance », décrit ‘Der Spiegel’, ajoutant que « le polar a cédé la place au roman d’espionnage ».
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Où se trouve aujourd’hui celui qui est l’un des hommes les plus recherchés d’Europe ? L’hebdomadaire allemand indique qu’il serait en Russie, où il se ferait passer pour un prêtre orthodoxe sous une fausse identité. Une affaire mystérieuse et glaçante, à suivre de très près !