Science : une startup biotech a créé un mini-cerveau humain, capable de jouer au 'Pong'
En vogue dans les années 70 et 80, le divertissement d'Atari appelé 'Pong' fait partie d'un grand projet de recherche scientifique : à savoir comment faire fonctionner les neurones de manière autonome. Une startup biotech a réussi à créer un mini-cerveau humain, capable de jouer au premier jeu vidéo d'arcade et de sport.
L'expérience est expliquée dans un article de la revue scientifique 'Nature', qui est intitulé "Neurons in a dish learn to play pong : what's next ?" (''Des neurones ont appris à jouer au jeu vidéo 'Pong'. Quelle est la prochaine étape ?''). Les cellules nerveuses ont été créées in vitro et manipulées par une équipe d'experts de l'entreprise 'Cortical Labs' à Melbourne.
L'article de 'Nature' précise comment ces études peuvent être utilisées pour faire avancer la pharmacologie et les traitements des maladies du cerveau, mais aussi, et c'est la partie la plus novatrice, d'une manière qui ouvre une voie pour "développer des 'unités de traitement biologique' à utiliser en informatique". Il s'agit en réalité d'utiliser les cellules du cerveau humain pour faire progresser ce domaine, en hybridant le tissu cérébral avec un ordinateur.
'Cortical Lab', le laboratoire responsable de cette expérience, affirme sur son site web qu'il est en train de briser la barrière du silicium, le matériau à partir duquel les puces sont construites. Selon leurs propres termes, leur objectif est le suivant : "Un modus opérandi tout nouveau, à savoir, une fusion du métalloïde et du neurone : un natif du monde numérique déclenché par le feu prométhéen de l'esprit humain".
Le terme utilisé par les chercheurs est 'Dishbrain', un cerveau qui pourrait être construit à partir de neurones cultivés sur des matrices microélectroniques.
Photo : Brain/Pixabay
Pour l'instant, cette expérience a démontré que les neurones ont la capacité de fonctionner de manière autonome. Grâce à un système de décharges électriques, ils peuvent jouer efficacement.
Selon 'Nature', ce fonctionnement autonome du neurone n'a rien à voir avec le fait qu'il possède une quelconque conscience. Son activité se situerait à un niveau beaucoup plus basique.
Brett Kagan, directeur scientifique de 'Cortical Labs', explique dans le communiqué de presse : "Nous avons démontré que nous pouvons interagir avec des neurones biologiques vivants de telle sorte qu'ils sont contraints de modifier leur activité, ce qui conduit à quelque chose qui ressemble à de l'intelligence. Une nouvelle étape dans l'ambitieux projet de la startup : la création d'une nouvelle génération de puces informatiques biologiques."
Photo : Adi Goldstein/Unsplash
Brett Kagan (en photo, assis à ses côtés, le cofondateur de 'Cortical Labs' : Hon Wen Chong) explique également que l'expérience ouvre la porte à des essais scientifiques (sur des médicaments, des interventions thérapeutiques ou sur les effets de diverses substances sur le cerveau) utilisant des neurones autonomes, qui nous diront très précisément l'étape de la réaction.
Selon 'Cortical Labs', cette recherche ouvre un tout nouveau "champ scientifique" : "Il s'agit d'un territoire nouveau et qui reste à découvrir. Et nous voulons que davantage de personnes se joignent à nous et collaborent à ce projet, afin d'utiliser le système que nous avons construit pour explorer davantage ce nouveau domaine expérimental".
Photo : Bret Kavanaugh/Unsplash
Il s'agit de faire de la technologie avec des éléments biologiques tels que les neurones. Un ordinateur qui fonctionne avec des cellules nerveuses (créées in vitro, comme celles de l'expérience). Il s'agirait en quelque sorte d'un cyborg (mi-homme, mi-robot) dont la science-fiction a toujours rêvé.
Photo : Aideal Hwae/Unsplash
L'expérience de neurones jouant au 'Pong' indiquerait que cette technique peut être beaucoup plus rapide, mais aussi plus efficace et plus puissante que la création d'intelligences artificielles par simple développement programmatique.
Photo : Possessed Photography/Unsplash
La partie anecdotique de l'expérience est la raison pour laquelle 'Cortical Labs' a choisi le 'Pong' comme distraction pour ses neurones.
En réalité, comme l'indique 'Nature', le choix du 'Pong' s'explique par les goûts des entrepreneurs technologiques, grands amateurs des jeux d'arcade créés par l'emblématique Atari.
Le neurobiologiste Steve Potter a déclaré à la revue 'Nature' : "Les personnes attirés par l'IA sont aussi très intéressées par tout ce qui peut jouer au 'Pong'. Il fallait y penser. Je trouve que c'était une idée de génie.''
Des neurones qui fonctionnent seuls dans un laboratoire, sans cerveau pour les coordonner. Encore une fois, les avancées scientifiques qui nous mènent vers le futur semblent relever de la fantaisie et sortir tout droit d'une histoire écrite par Isaac Asimov ou Ray Bradbury.
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