Sergueï Lavrov, la voix de Poutine dans le monde, s'est expliqué sur TF1 : démentis, critiques et rappels

L'une des personnalités clés de la politique russe est depuis des années Sergueï Viktorovitch Lavrov, le ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie et la voix de Poutine dans le monde. Lavrov a été interviewé en direct sur TF1 et LCI ce dimanche 29 mai. Mais qui est-il et quel poids cet homme a-t-il au sein du groupe de confiance très restreint du président russe ?

Interrogé par la journaliste Liseron Boudoul sur le succès ou l'échec de l'invasion russe de l'Ukraine, le diplomate a légitimé l'intervention de son pays par la prétendue nécessité de protéger les populations de l'est de l'Ukraine et de lutter contre la "nazification" de ce pays. Lavrov a également critiqué la mainmise des États-Unis sur l'Europe et les opérations militaires américaines des trente dernières années.

Serguei Lavrov a indiqué explicitement quels sont les objectifs de guerre de la Russie : démilitariser l'Ukraine et "libérer" les républiques séparatistes de Donetsk et de Lugansk, reconnues par la Russie comme des États indépendants. Le régime de Moscou souhaite également favoriser l'usage de la langue russe dans l'est de l'Ukraine.

Le ministre des Affaires Étrangères de Vladimir Poutine a par ailleurs reproché à la France d'armer l'Ukraine pour vaincre la Russie.

Enfin, Serguei Lavrov a démenti les rumeurs sur l'état de santé de Vladimir Poutine : "Vous savez, le président Poutine apparaît en public tous les jours. Vous pouvez le voir sur les écrans, lire ses discours, écouter ses discours. Je ne pense pas que des personnes saines d’esprit puissent distinguer un quelconque symptôme de maladie chez cet homme."

Revenons quelques décennies en arrière et voyons comment la vie et la carrière du diplomate russe le plus éminent et le plus puissant ont commencé.

Sergueï Viktorovitch Lavrov est né le 21 mars 1950 à Moscou. Son père, Viktor Kalantarov, avait des racines arméniennes et était originaire de Tbilissi. Selon certaines versions, le nom de famille Lavrov est le nom de jeune fille de sa mère, Kaleria Borisovna. En raison des fréquents voyages d'affaires de ses parents, Sergei Viktorovich a été élevé par ses grands-parents maternels.

Sergei Lavrov a étudié dans une école qui attachait une grande importance à la langue anglaise dans son système éducatif et a obtenu une médaille d'argent. Il s'est ensuite inscrit à l'Institut d'État des relations internationales de Moscou (MGIMO).

Peu de gens savent que Sergueï Lavrov est l'auteur de l'hymne du MGIMO. Il est un grand amateur de musique, joue parfaitement de la guitare et écrit de la poésie. Sur l'image, on voit Sergueï Lavrov avec le recteur de son école, le MGIMO, Anatoli Torkunov, en 2016.

Après avoir obtenu son diplôme du Département de l'Est de la Faculté des relations internationales du MGIMO, Sergueï Lavrov a travaillé à l'ambassade du Sri Lanka en tant que traducteur, chef du protocole et assistant de l'ambassadeur Rafik Nishanov.

En 1976, il est retourné à Moscou et a continué avec succès à progresser dans sa carrière. Le tout sous le régime soviétique. Jusqu'en 1981, il a travaillé comme troisième puis deuxième secrétaire du Département des organisations internationales du ministère des Affaires étrangères de l'URSS, puis s'est rendu à New York, où il a travaillé à la Mission permanente de l'URSS auprès de l'ONU.

À son retour, il poursuit sa brillante ascension au ministère des Affaires étrangères de l'URSS, occupant diverses fonctions. La chute de l'Union soviétique n'a pas arrêté sa carrière. En 1992, il avait atteint le rang de vice-ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie et, de 1994 à 2004, il était le représentant permanent de la Fédération de Russie auprès de l'ONU.

Depuis 2004, Sergueï Lavrov est ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, en remplacement d'Igor Ivanov. Il a été réélu à ce poste en 2008 et également en 2012. Les remaniements gouvernementaux ne l'ont pas affecté. En 2018, après l'approbation de la composition du gouvernement de la Fédération de Russie, Sergueï Lavrov a conservé son poste de ministre.

En 2004, Lavrov a participé au Quartet pour le Moyen-Orient, groupe formé pour régler le conflit arabo-israélien.

En 2013, Sergueï Lavrov a participé à la résolution de la crise liée à l'utilisation d'armes chimiques en Syrie. Cela a été rendu possible par un accord entre Lavrov et le secrétaire d'État américain John Kerry à Genève en 2013.

En 2015, il a participé aux travaux pour parvenir à un accord sur le programme nucléaire iranien. La même année, le ministère russe des Affaires étrangères est également devenu l'organisateur de conférences internationales sur la Libye. En 2017, le ministère russe des Affaires étrangères a participé aux négociations pour un accord en Syrie.

Lavrov et Hillary Clinton avaient une relation étroite lorsqu'elle dirigeait la politique étrangère américaine. Il a qualifié cette relation d'"extraordinaire".

Sergueï Lavrov est marié à Maria Lavrova. Ils ont eu une fille, Ekaterina. Elle est née à New York et a étudié à l'étranger. Elle vit actuellement à Moscou et dirige la filiale russe de la maison de vente aux enchères britannique Christie's.

Sergueï Lavrov a deux petits-enfants. Il est photographié avec son petit-fils Leonid le 9 mai 2018.

Selon une enquête VTsIOM en 2019, il était classé troisième dans la cote d'acceptation populaire des politiciens (après Vladimir Poutine et Sergueï Choïgou, dont on parle comme étant le possible successeur de Poutine).

Tout au long des années de travail intensif au ministère des Affaires étrangères, Sergueï Viktorovitch Lavrov a été à juste titre considéré comme un acteur reconnu de la politique étrangère sur la scène mondiale.

Et maintenant, Lavrov fait face à ce qui pourrait être le moment le plus difficile de sa carrière. Alors que la Russie semble déterminée à poursuivre sa guerre d'agression contre l'Ukraine, le destin dira quelle place dans l'histoire attend Sergueï Lavrov, la voix de la Russie à l'étranger.