Steve Bannon serait prêt à aller en prison pour Trump
Lors d'un procès, deux témoins du gouvernement ont rapporté le refus de Steve Bannon de répondre à l'exigence du Congrès d'avoir accès aux documents et témoignages concernant l'enquête autour de "l'attaque du Capitole" de 2021. L'ancien stratège de la Maison Blanche a donc été reconnu coupable d'outrage au Congrès
Steve Bannon avait déjà été reconnu coupable d'outrage en refusant de se présenter pour la déposition.
La sentence qui menace de lui tomber dessus, fixée au 21 octobre 2022, peut aller de 30 jours à un an de prison maximum. À cela s'ajoute une amende 100 000 dollars maximum. C'est la peine encourue pour chaque outrage dont il s'est rendu coupable.
Ce verdict serait "une victoire pour l'État de droit et une affirmation importante du rôle de la commission spéciale" selon un tweet de la commission datant du 6 janvier.
"M. Bannon avait l'obligation de se présenter devant la commission d'enquête de la Chambre pour témoigner et fournir des documents. Son refus de le faire était délibéré et maintenant un jury a estimé qu'il devait en payer les conséquences", a déclaré par écrit le procureur américain Matthew Graves.
Une fois à l'extérieur du palais de justice, Steve Bannon a déclaré aux journalistes : "Nous avons peut-être perdu la bataille aujourd'hui, mais nous n'avons pas perdu la guerre". Il a promis que s'il respectait la décision de justice, il ferait tout de même appel.
Le jour même, Steve Bannon déclarait dans l’émission "Tucker Carlson Tonight" : "Je soutiens Trump et la Constitution et s'ils veulent me mettre en prison pour ça, qu'il en soit ainsi."
Dans les plaidoiries des procureurs, ceux-ci exigeaient la condamnation de Steve Bannon, sous prétexte qu'il ait "choisi de respecter son allégeance à Donald Trump" plutôt que de se soumettre au Congrès.
"L'accusé a pris la décision délibérée de ne pas se conformer. L'accusé a du mépris pour le Congrès. Il a du mépris pour notre système de gouvernement et ne croit pas qu'il doive se conformer aux règles. Déclarez-le coupable", clamait l'assistante du procureur Molly Gaston aux jurés.
Le "Washington Post" nous partage les théories que formule la commission et pour lesquelles elle voulait le témoignage de Steve Bannon : bien que Steve Bannon ne travaillât pas pour l'administration Trump le jour de l'émeute, il pouvait communiquer avec d'autres responsables clés pendant la période précédant le 6 janvier. Ses podcasts pourraient avoir contribué aux événements de ce jour-là.
Le comité veut tout savoir sur les contacts de Bannon avec l'ancien président Trump, sur sa présence, avec d'autres personnes, à l'hôtel Willard de début 2021, ainsi que sur sa déclaration pendant le podcast War Room dans lequel il disait que "l'enfer va se déchaîner". Cela se déroulait un jour avant "l'attaque du Capitole", selon le principal témoin du gouvernement, Kristin Amerling, de la commission du 6 janvier.
Evan Corcoran, l'avocat de Steve Bannon, a quant à lui fait savoir que le principal témoin de l'accusation avait un parti pris politique contre Bannon, et que la commission ciblait délibérément son client en raison de sa relation de longue date avec l'ancien président des États-Unis Donald Trump.
Evan Corcoran a ensuite parlé des dons que faisait Kristin Amerling aux candidats du parti Démocrate (parti opposé à Donald Trump) et du fait qu’elle faisait partie du même club de lecture que le procureur Gaston.
Plutôt que de répondre, Kristin Amerling, principale conseillère juridique de la commission de la Chambre des représentants et principal témoin du gouvernement, pointe du doigt le refus à plusieurs reprises de se soumettre aux exigences de fournir les documents et de témoigner à la commission, et ce, malgré la menace de poursuites pénales.
Il n'a pas respecté tous les délais indiqués dans l'assignation du 23 septembre 2021, déclarait-elle. Steve Bannon a été averti à plusieurs reprises qu'il risquait d'être accusé d'outrage s'il ne produisait pas les informations requises et ne se présentait pas pour une déposition.
Si Steve Bannon ne s'était pas présenté pour une déposition et n'a pas fourni les documents exigés l'an passé, c'est parce que Trump avait eu recours à son privilège exécutif, permettant de l'en dispenser.
Cependant, l'avocat de Donald Trump lui-même a semblé sous-entendre que le privilège exécutif n'exemptait pas totalement Steve Bannon de coopérer avec la commission spéciale de la Chambre des représentants. Le juge Carl Nichols, quant à lui, remet directement en question l'utilisation dudit privilège exécutif.
Steve Bannon aurait confondu les dates des citations à comparaître "provisoires" qu'il avait reçues, selon son avocat, Evan Corcoran.
Le ministère de la Justice a qualifié de stratagème la demande de Steve Bannon de faire de son témoignage une audience publique la veille du procès. "Et même pas un bon", ont ajouté les procureurs, affirmant qu'il n'a de toute façon pas satisfait à l'exigence de présentation de documents de la commission.
Tout comme le refus par un témoin de coopérer avec les demandes du Congrès, les poursuites pour outrage sont rares.
Peter Navarro doit être jugé en novembre. Lui aussi collaborateur de premier ordre de Donald Trump, il a plaidé non coupable.