Tension en Transnistrie : que se passe-t-il dans la région pro-russe de Moldavie qui réclame la protection de Poutine ?
Plus de deux ans se sont écoulés depuis le 24 février 2022, date à laquelle la Russie a envahi l'Ukraine et déclenché une guerre majeure en Europe après des décennies de paix. Loin de se résorber, le conflit semble être à un tournant, avec l'ouverture d'un nouveau front : celui de la Transnistrie.
Fin février 2024, le parlement de Transnistrie, région pro-russe de l'ouest de la Moldavie, a demandé la protection de la Russie face aux pressions "croissantes" du gouvernement moldave.
Les députés de la région ont affirmé que le gouvernement de Chisinau menait une "guerre économique" contre eux, bloquant les importations vitales et imposant des droits de douane dans le but de transformer la Transnistrie en un "ghetto", rapporte la BBC.
Son président, Vadim Krasnoselski, est le fils d'un officier militaire soviétique. Lors du congrès politique de Tiraspol, il a parlé de "génocide" du peuple transnistrien en raison des mesures économiques de la Moldavie et de sa tentative d'"implanter de force la langue", entre autres choses.
La Moldavie a introduit de nouvelles mesures économiques en janvier 2024, notamment des droits de douane sur les importations en provenance de Transnistrie, qui jusqu'à présent n'était pas soumise à l'impôt. Le gouvernement moldave a justifié cette décision dans le cadre de ses efforts de préparation à l'adhésion à l'UE. Le pays est officiellement candidat depuis juin 2022.
Bien que Vladimir Poutine n'ait pas mentionné l'appel de la Transnistrie dans son récent discours sur l'état de la nation, le ministre russe des Affaires étrangères a déclaré que la protection de la région séparatiste était l'une des "priorités" de Moscou.
Depuis la proclamation unilatérale de l'indépendance de la Transnistrie en 1990, peu de référendums ont eu lieu. Le plus marquant a été organisé en 2006, lorsque la région a interrogé la population sur leur désir de se détacher de la Moldavie, dans le but d'un futur rattachement à la Russie.
À l'époque, 95 % des participants avaient voté oui. Cependant, ni la Russie ni la communauté internationale n'ont reconnu le résultat de ce référendum. Bien qu'il ne soit pas vraiment indépendant, le territoire, qui compte quelque 470 000 citoyens, possède sa propre constitution et sa propre monnaie, le rouble transnistrien.
Mais ses revendications ne datent pas d'hier. La région, qui borde l'Ukraine, a commencé à revendiquer son indépendance au début des années 1990, après l'effondrement de l'Union soviétique et l'indépendance de la Moldavie. Une guerre a éclaté entre des groupes séparatistes et moldaves, qui a fait des centaines de morts.
Dans cette région, les relations avec la Russie ont toujours été très étroites. La majorité de la population parle russe et les chaînes de télévision sont dominées par des médias pro-russes. En outre, le territoire possède son propre drapeau, rouge et vert, avec la faucille et le marteau communistes.
La présence militaire russe dans le pays est également importante. En effet, depuis 1992, 1 500 soldats russes sont stationnés dans le pays pour des missions de maintien de la paix.
La Transnistrie n'est pas le seul territoire à avoir lancé un appel à Poutine. La Gagaouzie, autre région anciennement soviétique, autonome depuis 1994, a également dénoncé le gouvernement moldave pour ses "pressions" et a demandé l'aide de la Russie.
Les experts internationaux craignent que les demandes d'aide émanant de ces territoires n'incitent la Russie à envahir d'autres territoires au nom de la défense des populations locales pro-russes.
En fait, la situation en Transnistrie ressemble beaucoup à celle des provinces séparatistes et pro-russes de Donetsk et Lougansk en Ukraine, qui sont sous contrôle russe depuis l'occupation du Donbass.
Entre-temps, les inquiétudes grandissent au sein du gouvernement moldave, qui soupçonne le lancement d'une campagne visant à déstabiliser le pays, dont les élections présidentielles doivent avoir lieu cette année.
Ces derniers mois, en effet, les attaques sur les médias sociaux contre la présidente en exercice, la pro-européenne Maia Sandu, candidate aux élections de 2024, se sont multipliées.