Tout ce qu’il faut savoir sur les élections législatives en France
Réélu président de la République le 24 avril dernier, Emmanuel Macron vient de nommer une nouvelle Première ministre en la personne d’Élisabeth Borne. Mais pour pouvoir gouverner les mains libres, le chef de l’État a également besoin d’une majorité à l’Assemblée nationale.
Élue en 2017, l’Assemblée sortante arrive au terme de sa mandature. La majorité « La République en marche » doit affronter la sanction du suffrage universel pour espérer être reconduite : les élections législatives auront lieu les 12 et 19 juin.
Le système électoral français est fait de telle manière que le parti du président élu ou réélu est le favori des élections législatives qui se tiennent dans la foulée tous les cinq ans. Les Français souhaitent généralement une cohérence entre les pouvoirs exécutif et législatif, et éviter les situations difficiles de « cohabitation ».
Selon les derniers sondages, la liste « Ensemble » qui regroupe les différentes tendances de la majorité (LREM, Modem, Horizons…) est créditée d’environ 25% des intentions de vote. Le camp d’Emmanuel Macron parviendrait à conserver la majorité dans l’hémicycle, avec 300 à 350 députés sur un total de 577 sièges.
Porté par son score élevé à l’élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon affiche cependant de grandes ambitions. Il est parvenu à fédérer les socialistes, les écologistes et les communistes autour de son parti la France insoumise, sous une liste commune : la Nouvelle union populaire, écologique et sociale (NUPES).
Le candidat malheureux à la présidentielle tente de se profiler comme opposant n°1 à Emmanuel Macron. Considérant le scrutin législatif comme le « troisième tour » de la présidentielle, il a appelé les Français à l’« élire Premier ministre » – c’est-à-dire à lui donner une majorité suffisante pour imposer une cohabitation à Emmanuel Macron.
Si un tel scénario semble improbable compte tenu du mode de scrutin, la nouvelle union de la gauche bénéficie d’une dynamique électorale certaine, avec des sondages qui la placent à près de 30% des intentions de vote et plus de cent députés.
L’accord préalable à la formation de la NUPES a été possible car il offre un certain nombre de circonscriptions « gagnables » à toutes ses composantes. À côté de la France insoumise, les socialistes, les Verts et le PCF devraient donc pouvoir chacun former leur groupe parlementaire.
Plus discret depuis sa défaite au second tour de la présidentielle, le Rassemblement national n’en reste pas moins placé à environ 23% des intentions de vote par les sondages. Le RN obtiendrait plusieurs dizaines de députés et serait cette fois en mesure de former un groupe à l’Assemblée nationale.
Un match est donc en cours entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen pour décrocher le rôle d’opposant principal à Emmanuel Macron dans les cinq années à venir. Le résultat des élections législatives sera déterminant à ce point de vue.
Quoi qu’il en soit, tout le monde s’accorde à constater que le système politique français est désormais dominé par trois forces qui se substituent au clivage gauche/droite traditionnel : le centre incarné par Emmanuel Macron, la gauche radicale de Jean-Luc Mélenchon, et l’extrême-droite autour de Marine Le Pen.
Après la défaite amère de Valérie Pécresse à l’élection présidentielle, la droite parlementaire semble plus affaiblie que jamais. Donnée à moins de 10% des intentions de vote, elle parviendrait tout de même à sauver quelques dizaines de sièges grâce à son fort ancrage local, notamment dans les zones rurales.
Même si Éric Zemmour n’a ni obtenu le résultat qu’il espérait le soir du 10 avril ni réussi à former une alliance avec Marine Le Pen, son parti Reconquête se lance à l’assaut du Palais Bourbon. Créditée de 6% des intentions de vote par certains sondages, cette formation devrait avoir du mal à gagner des circonscriptions au second tour et à faire élire des députés.
Malgré le pouvoir d’agrégation des trois forces principales, d’autres petits partis se présentent une nouvelle fois aux élections législatives, comme Lutte ouvrière et le Nouveau parti anticapitaliste à l’extrême-gauche, et Debout la France à droite.
Plusieurs facteurs rendent le scrutin de juin encore très incertain. Premièrement, le niveau de l’abstention, qui devrait être encore plus élevé que lors de l’élection présidentielle. Par ailleurs, l’éventualité de triangulaires ou de quadrangulaires au second tour de certaines circonscriptions rend les prévisions plus difficiles.
En effet, pour se maintenir au second tour, une liste doit disposer d’un nombre de voix égal à au moins 12,5% des électeurs inscrits. En cas de mobilisation forte au premier tour et de division des électeurs, il est donc possible que plus de deux candidats se retrouvent au second tour.
Par ailleurs, les sondages reflètent uniquement des tendances nationales. Mais l’élection se joue dans chacune des 577 circonscriptions avec de fortes spécificités territoriales. Comme l’indique Jean-Daniel Lévy de l’institut Harris Interactive au ‘Huffington Post’ : « Sans offre politique définitive, on effectue des enquêtes au niveau national avec des intentions de vote qui ne tiennent pas compte de chaque circonscription ».
Difficile de savoir dans un tel contexte de quoi sera composée exactement la future Assemblée nationale. Rendez-vous le 19 juin, au soir du second tour, pour connaître les rapports de force définitifs dans l’hémicycle. En attendant, n’oubliez pas d’aller voter !