Savez-vous quel est le parcours d'un migrant quand il arrive en Europe ? Tout savoir pour mieux comprendre
Les médias informent régulièrement qu'un bateau de réfugiés a été intercepté, et que ces derniers vont être pris en charge par le pays dans lequel ils débarquent. Une scène bien trop fréquente, qui montre que de nombreuses personnes continuent de jouer leur vie pour échapper à des conditions ou à des régimes politiques devenus inhumains. Mais que devient un réfugié une fois qu'il est pris en charge ? Retour sur une situation pour laquelle il est important de comprendre tous les enjeux.
D'abord quelques chiffres : sur près de 450 millions d’habitants, l’Union européenne (UE) comptait 27,3 millions de citoyens non-européens sur son territoire, soit environ 6 % de sa population, selon des données publiées par le portail ‘touteleurope.eu’.
Défini comme la différence entre les arrivées et les sorties, le solde migratoire de l’UE est positif chaque année, et même supérieur à 1 million de personnes pour l’année 2022, marquée par l’afflux de réfugiés ukrainiens.
La question de l’asile est justement au cœur de celle des migrations. La convention de Genève de 1951 a donné une définition valable internationalement du statut du réfugié.
Est considéré comme un réfugié « toute personne qui, craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité », indique le traité.
Au-delà des persécutions politiques, de nombreuses raisons peuvent pousser des individus au départ vers un autre pays : la guerre, le manque d’opportunités économiques, ou encore des conditions environnementales insoutenables.
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Concernant l’asile, les demandes sont en hausse en Europe : 1 142 618 demandes ont été déposées en 2023 dans les 27 États-membres de l’UE, en Norvège et en Suisse, selon l’Agence de l’Union européenne pour l’asile — soit 18 % de plus qu’en 2022.
La Syrie est le pays le plus représenté parmi les demandeurs (16 %), suivie de l’Afghanistan (10 %) et de la Turquie (9 %), selon la même agence. 4,4 millions d’Ukrainiens bénéficient également d’une protection temporaire depuis l’invasion de leur pays en 2022.
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L’Allemagne est l’État-membre dans lequel le plus de demandes ont été déposées (29 %), suivie de la France (15 %), de l’Espagne (14 %) et de l’Italie (12 %). 43 % des demandes ont été reconnues, soit le taux le plus élevé depuis sept ans.
Depuis les années 1990, l’UE mène une politique commune de gestion des migrations, avec la libre circulation des ressortissants au sein de l’espace Schengen et la définition commune des conditions d’entrée et de séjour des migrants.
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Quant au cas spécifique de l’asile, le règlement Dublin III détermine quel État-membre est responsable de l’examen d’une demande : il s’agit généralement du pays d’entrée, le premier dans lequel la personne est arrivée.
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Le régime d’asile européen commun (RAEC) fixe des normes minimales communes concernant le traitement des demandeurs d’asile. Mais, dans la pratique, les conditions et le taux d’acceptation des demandes varient d’un État à l’autre.
Cela entraîne une « course au droit d’asile » qui voit les demandeurs se déplacer d’un pays à l’autre dans l’espoir de trouver de meilleures conditions, indique le site internet du Conseil européen.
Mais comment se déroule concrètement le parcours des migrants qui arrivent sur le territoire européen ? Leur arrivée et leur installation se font le plus souvent dans des conditions chaotiques.
De nombreux réfugiés souhaitent gagner le nord de l’Europe, mais le règlement de Dublin leur impose de rester dans le premier État qu’ils rejoignent, le plus souvent l’Italie pour ceux qui traversent la Méditerranée.
« Coincés à la frontière, ces hommes, ces femmes et ces enfants doivent attendre la délivrance de leur titre de séjour ou risquer de passer dans les autres pays européens clandestinement », détaille ‘National Geographic’.
Les migrants bénéficient globalement d’une prise en charge sanitaire dans les pays d’accueil, grâce à des dispositifs comme l’Aide médicale d’État (AME) en France.
Cependant, la prise en charge des séquelles psychologiques laissées par un trajet incertain et dangereux reste insuffisante en Europe, comme l’a noté un rapport de l’OCDE.
‘National Geographic’ a consacré un reportage à des migrants sénégalais qui ont trouvé refuge dans une prison de la banlieue d’Amsterdam. « L'important, c'est que nous soyons en sécurité », a affirmé une femme interrogée sur ce type particulier d’hébergement.
« Des lits, des repas chauds et un toit temporaire, le temps que leur titre de séjour soit délivré et qu'ils soient placés dans de vraies maisons et que des offres d'emploi leur soient faites » : telles sont les conditions d’accueil décrites par ‘National Geographic’.
Faute d’un soutien public suffisant, l’aide aux migrants est souvent apportée par les citoyens eux-mêmes. En France, l’association Réfugiés bienvenus met en relation des demandeurs d’asile et des familles d’accueil qui les hébergent à titre gracieux.
Dans le même pays, les migrants, parmi lesquels se trouvent de nombreux mineurs isolés, peuvent bénéficier d’une aide de la part d’associations comme la Fondation de France.
La Fondation offre un accompagnement psychologique aux personnes qui en ont besoin, tout en soutenant l’engagement citoyen par la formation de bénévoles pour l’apprentissage du français et l’aide juridique.
La question de l’aide juridique est justement l’une des plus délicates. Toujours en France, la Cimade accompagne les personnes « dublinées » (qui ont subi l’application du règlement de Dublin).
Cette association aide aussi les réfugiés et les migrants à faire valoir leurs droits, notamment à l’hébergement dans des centres d’accueil et à l’allocation pour demandeur d’asile.
Enfin, la Cimade offre aussi un accompagnement pour les demandes d’asile auprès de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) et de la Cour nationale du droit d’asile (CNDA).
Près de dix ans après la crise des réfugiés de 2015, la question de l’accueil des migrants reste d’une actualité brûlante en Europe. Si les conditions de vie restent précaires dans de nombreux cas, des solutions existent pour faire valoir leurs droits et améliorer leur prise en charge !