Un phénomène en hausse : pourquoi cherche-t-on à ressusciter des espèces disparues ?
Savez-vous que des chercheurs tentent de faire revivre des organismes disparus au fil du temps ? Un phénomène étrange s'est emparé du monde scientifique ces derniers temps. Il s'agit de la dé-extinction d'espèces ou résurrection d'espèces.
La création de nouvelles classes de médicaments est l'un des plus importants intérêts que présente la dé-extinction. Si la résurrection d'espèces peut sembler étrange et dangereuse, certains chercheurs ont trouvé là d'excellentes raisons de vouloir ramener à la vie des organismes morts depuis longtemps...
C'est afin de développer une nouvelle classe d'antibiotiques capables de détruire les superbactéries résistantes aux médicaments que César de la Fuente, pionnier de la bio-ingénierie, s'est inspiré des données génétiques des hommes de Néandertal.
Crédit photo : LinkedIn cesardelafuentenunez
Selon le média américain "Vox", César de la Fuente et ses collègues du groupe d'apprentissage automatique de l'université de Pennsylvanie ont ressuscité en juin 2023 des molécules aux propriétés antibiotiques. Ils les avaient découvertes auparavant dans des fossiles néandertaliens et dénisoviens.
Les chercheurs ont découvert, après avoir testé de nombreuses options, un antibiotique efficace pour lutter contre les infections. Ils ont tout d’abord entraîné l'intelligence artificielle à déterminer laquelle de leurs molécules pourrait constituer un bon antibiotique.
Dans un contexte caractérisé par une menace de plus en plus forte de superbactéries résistantes aux médicaments, cette découverte est la première de ce qui pourrait être un nouveau moyen essentiel de mettre au point des antibiotiques efficaces. Les chercheurs ont publié leurs travaux dans la revue scientifique à comité de lecture "Cell & Microbe".
En juin 2023, César de la Fuente a déclaré à "Vox" au sujet de la nouvelle recherche : "C'est tout à fait nouveau. Nous avons inventé le terme de ‘dé-extinction moléculaire’ et c'est le premier article évalué par des pairs qui le décrit. C'est donc très excitant pour nous".
Photo : Twitter @delafuenteupenn
Certains scientifiques craignent les virus qui pourraient être libérés par le changement climatique et se préparent à y faire face. En effet, la création de nouveaux médicaments n'est pas la seule raison pour laquelle certains ressuscitent la biologie ancienne.
Photo : Wiki Commons / Boris Radosavljevic
Le professeur Jean-Michel Claverie quant à lui, a ressuscité d'anciens virus afin d'étudier comment l'homme pourrait les combattre s'ils réapparaissaient. Il est professeur émérite de médecine et de génomique à la faculté de médecine de l'université d'Aix-Marseille.
Photo : YouTube @NASEM_Health
Selon la chaîne de télévision américaine "CNN", J.-M. Claverie et son équipe ont isolé en 2014 un virus dans le pergélisol sibérien et ont constaté que c'était la première fois depuis 30 000 ans que le virus était infectieux. Pour mémoire, le pergélisol, parfois désigné par le terme anglais permafrost, est la partie d’un sol particulier des régions froides gelé en permanence, au moins pendant deux ans, et de ce fait imperméable (source : Wikipédia).
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Le plus ancien virus découvert par l'équipe de J.-M. Claverie a été daté d'environ 48 500 ans et le plus jeune d'environ 27 000 ans. Ils ont ainsi pu ressusciter toute une série de virus anciens et découvrir cinq nouvelles classes de virus.
Photo : Wiki Commons / CC BY 4.0
J.-M. Claverie a déclaré que l'un des virus découverts représentait une grave menace pour la santé de la population mondiale. Les chercheurs ont également expliqué que ce virus vieux de 27 000 ans, découvert dans l'estomac d'un mammouth laineux et infecté par des amibes, était toujours pathogène.
Photo : Wiki Commons / Thomas Quine
Lors de cette découverte, J.-M. Claverie a lancé plusieurs avertissements. En mars 2023, il a effet révélé à Katie Hunt, de "CNN ", que son équipe et lui considéraient les "virus infectant les amibes comme des substituts de tous les autres virus susceptibles de se trouver dans le pergélisol".
Photo par YouTube @NASEM_Health
Le chercheur a ensuite ajouté : "nous voyons les traces de beaucoup, beaucoup, beaucoup d'autres virus. Nous savons donc qu'ils sont là. Nous ne sommes pas sûrs qu'ils soient encore vivants".
Il a précisé : "mais notre raisonnement est que si les virus de l'amibe sont encore vivants, il n'y a pas de raison que les autres virus ne le soient pas et ne soient pas capables d'infecter leurs propres hôtes".
Photo : Wiki Commons / SmallRex - Travail personnel, CC BY-SA 4.0
D'autre part, "CNN" a révélé que certains chercheurs ont commencé à travailler sur le retour à la vie de plusieurs espèces disparues. Évidemment, ces recherches n'ont pas pour but d'aider l'humanité.
Les travaux les plus intéressants portent sur le dodo, un oiseau nichant au sol qui a disparu au XVIIe siècle. Il semble également que le mammouth laineux et le tigre de Tasmanie devraient faire leur retour dans un avenir proche.
Photo : Wiki Commons / E.J. Keller Baker - Rapport de la Smithsonian Institution.
Les techniques utilisées par les généticiens de la société américaine de biotechnologie et de génie génétique Colossal Biosciences pour ressusciter le dodo pourraient permettre de ressusciter d'autres oiseaux disparus. Ils comptent ressusciter le dodo afin de préserver l'écosystème dans lequel l'oiseau prospérait.
Photo : LinkedIn @matt-james-40b4a595
Matt James, responsable des animaux chez Colossal Biosciences, a déclaré à "CNN" que "le dodo régénéré sera identique à ce que nous connaissons du dodo". Il n'a toutefois pas été précisé si la technologie pouvait être utilisée pour d'autres espèces.
Photo : LinkedIn @matt-james-40b4a595
Nous avons énuméré les points positifs de la résurrection des espèces. Peut-être les scientifiques découvriront-ils la prochaine génération d'antibiotiques ou résoudront-ils une crise virale avant qu'elle ne se produise. Quant aux inconvénients, c'est une question à laquelle seul le temps peut répondre.
Photo : Wiki Commons / BazzaDaRambler - Musée d'histoire naturelle de l'Université d'Oxford
Katie Hunt, de "CNN" a souligné que "ce travail est loin des dinosaures génétiquement modifiés qui s'échappent du film à succès 'Jurassic Park', bien que pour certains scientifiques l'objectif ultime soit la dé-extinction et la résurrection d'animaux et de plantes disparus".
Photo : Chan Chai Kee / Unsplash
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