Ursula von der Leyen peut-elle passer un second mandat à la tête de la Commission européenne ?

Présidente de la Commission européenne depuis 2019, Ursula von der Leyen brigue un second mandat pour la nouvelle législature qui durera de 2024 à 2029. Quelles sont ses chances ?

Depuis son entrée en fonction, la femme politique allemande s’appuie sur une grande coalition formée de son groupe, les chrétiens-démocrates, ainsi que des libéraux et des sociaux-démocrates.

Pour la prochaine mandature, von der Leyen a fixé des conditions claires : « Je travaille avec des groupes pro-européens, pro-OTAN, pro-ukrainiens, qui soutiennent clairement nos valeurs démocratiques », a-t-elle déclaré, citée par ‘Euronews’.

« Ceux qui défendent la démocratie contre les eurosceptiques et ceux qui défendent nos valeurs contre les amis de Poutine sont ceux avec lesquels je veux travailler et avec lesquels je sais que je peux travailler », a-t-elle ajouté.

Mais qui est Ursula von der Leyen ? Âgée de 65 ans, cette mère de sept enfants a derrière elle un long parcours en politique, tant dans son pays d’origine qu’au niveau européen.

Née à Ixelles, près de Bruxelles, elle est issue de la famille Albrecht, une lignée ancienne de la bourgeoisie hanséatique. Son père est Ernst Albrecht, décédé en 2014, un ancien fonctionnaire européen qui fut l’un des chefs de file des chrétiens-démocrates allemands.

@ Antoine Schibler / Unsplash

Cette médecin de formation, polyglotte et francophile, a commencé tardivement sa carrière politique en étant élue au Parlement du Land de Basse-Saxe, dont elle devient ministre des Affaires sociales, des Femmes, de la Famille et de la Santé en 2003.

Deux ans plus tard, Angela Merkel la nomme ministre de la Famille de son premier gouvernement. De 2009 à 2013, celle qui passe pour la dauphine de la chancelière est ministre du Travail.

Ministre de la Défense les six années suivantes, la femme politique perd en popularité dans l’opinion et au sein de l’armée. Accusée de mauvaise gestion, elle a aussi bloqué l’aide militaire à l’Ukraine après l’annexion de la Crimée, pensant alors pouvoir négocier avec Moscou.

Après le refus par certains États de la nomination de son compatriote Manfred Weber, membre comme elle de la CDU, Ursula von der Leyen est choisie pour présider la Commission européenne à l’issue des élections de 2019.

Son mandat à la tête de l’exécutif européen a été marqué par une série inédite de crises : pandémie de Covid-19 et mise en œuvre de la vaccination, guerre en Ukraine, crise énergétique et inflation.

Qu’elle soit désignée ou non pour un second mandat, les cinq prochaines années ne s’annoncent guère plus faciles, entre la mise en place du « Green Deal » européen, les réformes dans le domaine agricole et la construction d’une défense européenne commune.

@ Guillaume Périgois / Unsplash

Représentée par le parti Les Républicains et sa tête de liste François-Xavier Bellamy, la droite française a d’ores et déjà annoncé qu’elle ne soutiendrait pas la candidature d’Ursula von der Leyen à sa propre succession.

« Ursula von der Leyen n’était pas notre candidate en 2019. Elle était la candidate d’Emmanuel Macron. C’est lui qui a fait obstacle à ce qui aurait dû se produire, dans les règles européennes. (…) Nous ne l’avons pas soutenue en 2019. Nous ne la soutiendrons pas dans l’élection qui vient », a déclaré Bellamy, cité par ‘Public Sénat’.

Bellamy a aussi évoqué un « désaccord de fond » sur l’agriculture, évoquant le texte sur la restauration de la nature qui, selon lui, entraînerait « la décroissance de la production alimentaire, les conditions de l’augmentation des importations, la baisse des revenus pour les agriculteurs et l’augmentation des prix pour les consommateurs ».

Quoi qu’il en soit, le candidat du Parti populaire européen (PPE), qui regroupe les partis de droite modérée des différents pays, doit être désigné en mars. Et Ursula von der Leyen fait figure de favorite !

Les électeurs européens accorderont-ils une nouvelle majorité au PPE et à la présidente sortante de la Commission ? Ou bien choisiront-ils l’alternance pour diriger les politiques européennes ? Rendez-vous au mois de juin prochain pour le savoir !