Valérie Pécresse, un nouveau visage pour Les Républicains ?
Première femme investie par le parti Les Républicains pour l’élection présidentielle française, Valérie Pécresse semble désormais en difficulté. Devancée par Marine Le Pen et rattrapée par Jean-Luc Mélenchon et Éric Zemmour dans les sondages, elle peine à proposer une alternative au président sortant. Mais qui est au juste Valérie Pécresse ? Un aperçu biographique en images.
Valérie Pécresse, née Roux, est née le 14 juillet 1967 à Neuilly-sur-Seine, une commune huppée de la banlieue de Paris. Son père Dominique travaillait pour le groupe Bolloré, et son grand-père, le psychiatre Louis Bertagna, était un spécialiste de l’anorexie qui a notamment soigné la fille aînée de Jacques Chirac.
C’est justement Jacques Chirac, devenu président de la République, qui la recrute en 1998 comme conseillère à l’Élysée. C’est de cette période qu’elle tiendra son ancien surnom de « bébé Chirac ».
Valérie Pécresse était alors une jeune et prometteuse haute fonctionnaire. Diplômée de HEC Paris, la plus prestigieuse école de commerce du pays, elle intègre l’ENA en 1990 et rejoint le sérail administratif et politique français. Elle entre au Conseil d’État à sa sortie de l’école en 1992.
En 1994, elle épouse Jérôme Pécresse, futur vice-président et directeur général d’Alstom, dont le nom a fait polémique aussi bien à cause du rachat controversé de l’entreprise par General Electric que par son soutien supposé aux énergies renouvelables au détriment du nucléaire.
En 2002, alors que Jacques Chirac vient d’être réélu, Valérie Pécresse est investie pour les élections législatives dans le département des Yvelines, à l’ouest de la capitale. Elle est élue députée à 35 ans. Le début d’une rapide ascension politique.
À l’Assemblée nationale, la jeune parlementaire devient spécialiste des questions familiales. Elle s’engage notamment contre les violences faites aux femmes et pour la réforme du divorce. C’est aussi l’occasion pour elle de découvrir les enjeux liés à l’enseignement et à la recherche.
Une expérience qu’elle mettra à profit en tant que ministre. Élu président de la République en 2007, Nicolas Sarkozy la nomme ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Valérie Pécresse fait alors partie, avec Rachida Dati, des nouveaux visages de la droite française qui émergent dans le sillage du président.
Son passage au ministère est marqué par la loi d’autonomie des universités. Censée donner davantage de liberté, de moyens et de visibilité à l’international aux établissements universitaires, cette réforme est considérée comme l’une des plus réussies du quinquennat.
Mais l’adoption de la loi n’a pas été un long fleuve tranquille. Les syndicats étudiants et une partie des enseignants-chercheurs se sont opposés à la réforme. La contestation a duré près d’une année et a donné lieu à des occupations d’universités. Mais la loi a fini par être adoptée et appliquée.
En 2010, la ministre est candidate pour représenter la droite aux élections régionales en Île-de-France. Mais elle est battue par Jean-Paul Huchon, le président sortant, et la région capitale reste gouvernée par les socialistes.
En 2011, Valérie Pécresse est nommée ministre du Budget, des Comptes publics et de la Réforme de l’État, et devient en même temps porte-parole du gouvernement. Elle doit alors faire face à la crise de la dette qui fait rage dans la zone euro, tout en défendant le bilan de Nicolas Sarkozy concernant la maîtrise de la dépense publique.
Lorsque la gauche revient au pouvoir en 2012, Valérie Pécresse redevient députée tout en conservant son mandat de conseillère régionale. Elle soutient l’ancien Premier ministre François Fillon contre Jean-François Copé pour le leadership à droite. Tous deux revendiquent la victoire à l’issue d’un vote des militants entaché de soupçons de fraudes, mais Fillon finit par s’incliner.
En 2015, elle est de nouveau candidate pour diriger la région Île-de-France. La deuxième tentative est la bonne : Valérie Pécresse bat le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, au second tour et devient la première femme à diriger la région.
La nouvelle présidente souhaite renforcer l’attractivité de la région parisienne en attirant des investissements internationaux et en développant la recherche et l’économie numérique. Elle diminue par ailleurs les frais de fonctionnement du conseil régional, notamment grâce au déménagement en banlieue du siège.
Lors de la campagne présidentielle de 2017, le candidat François Fillon est pris dans la tourmente à cause de l’emploi fictif accordé à son épouse Penelope. Pécresse dénonce alors une « manœuvre politique » et ironise sur la « rapidité époustouflante » avec laquelle la justice s’est saisie de l’affaire.
En 2019, après le score décevant des Républicains aux élections européennes, Valérie Pécresse quitte le parti dont elle dénonce la ligne politique dure incarnée par son président Laurent Wauquiez. Elle lance alors son propre mouvement : « Libres ! ».
Le départ n’aura été que de courte durée. En 2021, peu de temps après sa réélection comme présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse revient au parti pour participer à la primaire censée désigner le futur candidat à la présidentielle. Elle remporte le scrutin face à Éric Ciotti au second tour.
La candidate est d’abord positionnée comme une challengeuse crédible d’Emmanuel Macron, qu’elle accuse d’avoir « cramé la caisse » en référence à la politique du « quoi qu’il en coûte » adoptée pendant la pandémie. Elle se présente également en femme d’action pragmatique face à Éric Zemmour et à Marine Le Pen.
Mais sa prestation lors de son premier meeting de campagne a été jugée désastreuse, y compris dans son propre camp, et la candidate a de grandes difficultés à imposer ses thématiques de campagne. Par ailleurs, la succession de crises (sanitaire, puis internationale en Ukraine) joue en faveur du président sortant. Résultat : une chute rapide dans les sondages. Valérie Pécresse parviendra-t-elle à inverser la tendance avant le 10 avril ?