Variole du singe : un premier cas du nouveau variant détecté en Europe
Ce mercredi 14 août, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déclenché son plus haut niveau d'alerte mondiale face à la multiplication des cas de variole du singe (aussi appelée mpox) en Afrique. Le lendemain, un premier cas a été détecté en Europe.
Selon l'agence de santé Africa CDC, plus de 38 460 cas de variole du singe ont été enregistrés dans 16 pays africains depuis janvier 2022, pour 1 456 décès. Elle note également que l'année 2024 a connu une augmentation de 160 % des cas par rapport à l'année précédente.
La nouvelle souche clade 1b du virus fait craindre une propagation encore plus rapide. Identifiée en septembre 2023, cette souche serait plus dangereuse et transmissible que les précédentes. Elle a d'abord circulé en République Démocratique du Congo avant de se propager dans plusieurs pays africains, dont la Côte d'Ivoire et l'Égypte.
"L’émergence d’un nouveau clade de la mpox, sa propagation rapide dans l’est de la RDC et la notification de cas dans plusieurs pays voisins sont très préoccupantes. Si l’on ajoute à cela les épidémies imputables à d’autres clades de la mpox en RDC et dans d’autres pays d’Afrique, il est clair qu’une action internationale coordonnée est nécessaire pour enrayer ces épidémies et sauver des vies.", a indiqué le directeur général de l'OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus.
La Suède a fait état d'un premier cas de ce variant de la variole du singe sur son territoire, dans la région de Stockholm. "La personne touchée a été infectée lors d’un séjour dans une région d’Afrique où sévit une importante épidémie de mpox du sous-type clade 1", a précisé Olivia Wigzell, cheffe intérimaire de l’agence de santé publique suédoise, citée par Le Monde.
Le clade 1b fait apparaître des éruptions cutanées sur tout le corps. Les souches précédentes (clade 1 et clade 2) se caractérisaient par des éruptions et des lésions localisées, sur la bouche, le visage ou les parties génitales.
D'après l'OMS, la variole du singe "se transmet d'une personne à l'autre par contact direct avec une personne présentant une éruption de variole simienne".
C'est par un contact physique étroit (peau à peau, baisers, relations intimes) que le risque de transmission est le plus élevé. La blessure ou la plaie de l'éruption est la source de transmission la plus puissante.
L'Organisation mondiale de la Santé part du principe que la transmission peut se produire "lorsqu'une personne infectieuse touche des vêtements, de la literie, des serviettes, des objets, des dispositifs électroniques et des surfaces". Si une autre personne touche ces objets, elle peut être infectée. Il est également possible d'être contaminé en respirant des squames ou des virus provenant des vêtements, de la literie ou des serviettes. C'est ce qu'on appelle la transmission fomite.
Cependant, ce risque de contagion par transfert à travers des objets ou des vêtements est minimisé par certains experts. L'épidémiologiste Saskia Popescu, consultée par le New York Times, a déclaré : "Personnellement, je ne m'inquiète guère de l'essayage de vêtements dans un magasin".
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De même, selon les experts consultés par le New York Times, il est très peu probable que toucher une poignée de porte ou un objet dont la surface est peu poreuse entraîne une infection.
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L'OMS admet la possibilité que le virus puisse être propagé par des gouttelettes (gouttelettes de salive expulsées en parlant) ou par des "aérosols à courte portée".
Cette contagion par gouttelettes ou aérosols à courte portée présente un risque moyen si la distance que l'on garde avec l'individu infecté est suffisante (environ trois mètres). Ou si on porte un masque FFP2, bien sûr.
Cependant, les rassemblements de masse, comme des concerts ou des boites de nuit, peuvent être des lieux où il est possible d'attraper la variole du singe par des gouttelettes ou des aérosols.
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L'OMS indique également que "la variole simienne peut se transmettre à l’être humain lorsqu’il entre en contact physique avec un animal infecté, comme certaines espèces de singes ou des rongeurs terrestres."
"Le contact physique peut signifier un contact par des morsures ou des griffures, ou lors d’activités telles que la chasse, le dépouillement, le piégeage ou la cuisson. On peut également contracter le virus par la consommation d’animaux infectés mal cuits", indique l'OMS.
En principe, la contagion survient lorsque la personne contaminée commence à développer des ulcères, des blessures ou des plaies. Ainsi, au moindre soupçon, vous devez vous isoler, éviter tout contact et vous faire dépister.
Le taux de mortalité du clade 1b est estimé à 3,6 %. Cependant, le président du comité d’urgence de l’OMS, le professeur Dimie Ogoina, indique que la plupart des décès en RDC dus à ce variant surviennent chez les enfants.
L’Agence européenne des médicaments (EMA) a approuvé en janvier 2022 un traitement contre la variole du singe, appelé técovirimat, mais celui-ci ne peut être délivré qu'à titre exceptionnel, pour les cas les plus sévères.
Par ailleurs, il existe trois vaccins contre la maladie, que l'OMS recommande "pour les personnes qui ont été en contact étroit avec une personne atteinte de la variole simienne, ou les personnes appartenant à un groupe à haut risque d’exposition à la maladie".
Face à la résurgence des cas de variole du singe, l'Union européenne a envoyé 215 000 doses de vaccins en Afrique, sur demande de la Belgique.
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