Vladimir Poutine soutient-il vraiment la candidature de Kamala Harris ?

Le 5 septembre, Vladimir Poutine a semblé soutenir la candidature de Kamala Harris à la présidence des États-Unis lors d'un discours au Forum économique oriental de Vladivostok. Mais qu'a dit précisément Poutine et comment Donald Trump et la vice-présidente ont-ils réagi ?

Poutine a fait les gros titres dans le monde entier lorsqu'il a laissé entendre que la Russie soutenait la vice-présidente des États-Unis et candidate démocrate à la présidence, Kamala Harris, lors des prochaines élections américaines, face à l'ancien président et candidat républicain, Donald Trump.

Il est difficile de savoir si Vladimir Poutine plaisantait ou non. Plusieurs médias ont rapporté que le président russe souriait lorsqu'il a déclaré que la Russie avait l'intention de soutenir Kamala Harris, mais les déclarations passées montrent que Poutine a peut-être dit la vérité.

« Tout d'abord, [Joe] Biden a recommandé à tous ses partisans de soutenir Mme Harris. Nous avons déjà dit que M. Biden était notre candidat préféré. Nous allons donc faire ce qu'il a dit, nous allons la soutenir », a expliqué Poutine, selon une traduction de Politico.

« Deuxièmement, elle rit de manière si expressive et contagieuse. Cela signifie qu'elle se sent bien », a poursuivi Poutine avant d'expliquer que Donald Trump s'est avéré être un président bien plus difficile pour la Russie que Joe Biden et son administration.

» Trump a imposé plus de sanctions à la Russie que n'importe quel président auparavant, et si Harris se sent bien, alors peut-être qu'elle s'abstiendra de faire ce genre de choses », a plaisanté le président russe. Il se peut toutefois que ses commentaires soient sincères.

Selon Politico, Vladimir Poutine avait déclaré en février que Joe Biden était le candidat préféré de la Russie, car il était plus expérimenté et plus prévisible en tant qu'homme politique. Mais certains analystes ne croient pas que la nomination de Mme Harris soit la meilleure solution pour Moscou.

« Bien sûr, il serait absurde de suggérer que Kamala Harris, ou tout autre haut fonctionnaire de l'administration Biden, servirait mieux les intérêts de Poutine ou de la Russie que Donald Trump », a déclaré à Politico Vladyslav Faraponov, de l'Institut d'études américaines basé en Ukraine.

« Il semble qu'il s'agisse là d'une nouvelle manière de couvrir publiquement les tentatives actuelles de la Russie d'influencer les élections américaines », a ajouté Faraponov. « Le vote anticipé commençant à la fin du mois de septembre, Poutine a manifestement compris le timing. »

Alors que Kamala Harris n'a pas encore commenté publiquement les commentaires de Poutine, Donald Trump a exprimé sa confusion quant au soutien du président russe à Kamala Harris lors d'un discours prononcé le 5 septembre à l'Economic Club de New York.

« Poutine a fait son coming out aujourd'hui, il a soutenu Kamala », a déclaré l'ancien président. « Et je ne savais pas si je devais l'appeler et lui dire "merci beaucoup, j'apprécie" », a ajouté Trump avant de révéler son opinion mitigée sur la question, selon Newsweek.

« Mais il a soutenu Kamala — je ne sais pas — je ne sais pas exactement que dire à ce sujet. Je ne sais pas si je me sens insulté ou s'il m'a fait une faveur », a poursuivi Trump d'un air confus en expliquant sa situation.

Comme le publie Newsweek, Trump a souvent vanté les relations étroites qu'il croyait avoir avec Poutine, suggérant même que le président russe n'aurait jamais choisi d'envahir l'Ukraine s'il avait été président. Mais cette relation n'est peut-être que de la poudre aux yeux.

Il est difficile de savoir si le soutien supposé de Vladimir Poutine à Kamala Harris constitue ou non un appui officiel à sa candidature aux prochaines élections présidentielles. L'un des experts cités par Newsweek a fait remarquer que Moscou n'a pas l'habitude de fournir des soutiens traditionnels.

« Les Russes ne soutiennent pas vraiment quelqu'un au sens traditionnel du terme. Lorsqu'il s'agit de préférence, Poutine et son régime préfèrent Kamala comme future présidente des États-Unis », a expliqué à Fox News Rebekah Koffler, membre éminente de la Defense Intelligence Agency et auteur de Putin's Playbook (Le livre de jeu de Poutine).

Rebekah Koffler a ajouté que Poutine pensait probablement pouvoir manipuler Kamala Harris plus facilement que Donald Trump, que le Russe jugeait « imprévisible et difficile à lire ». Koffler a conclu que la déclaration de Poutine visait essentiellement à perturber les États-Unis.

« En publiant ces déclarations, les Russes se moquent de nous, en particulier de l'équipe Harris », a ajouté R. Koffler. « Il s'agit d'une opération d'influence classique visant à déséquilibrer votre adversaire en vous moquant de lui, en le taquinant et en lui faisant plaisir, ou plutôt, en ayant l'air de lui faire plaisir », analyse-t-elle.