Aurores boréales en Normandie : comment expliquer ce phénomène rarissime en France ?
Dans la nuit du 26 au 27 au février, le ciel normand s'est illuminé, comme par magie, d'aurores boréales. Le phénomène s'est ensuite reproduit la nuit suivante. Un spectacle impressionnant, mais surtout, un phénomène météorologique très rare en France.
Le spectacle n'aura duré que quelques secondes seulement, mais il n'a tout de même pas échappé à l'œil expert de certains photographes, comme celui de Mathieu Rivrin, spécialisé dans la chasse de phénomènes météorologiques extrêmes, qui a posté sur ses réseaux sociaux cette photo du Mont-Saint-Michel éclairé par une aurore boréale.
Photo : Instagram / @mathieurivrin_photographies
Des aurores boréales ont également été aperçues dans d'autres régions de France. Dans le Nord-Pas-de-Calais, le photoraphe Louis Leroux a réussi à immortaliser ce moment suspendu dans le temps.
Photo : Instagram / lrx.photo
En Indre-et-Loire, et plus précisément dans la commune de Biéré, le photographe spécialiste des phénomènes météorologiques extrêmes Corentin Jeaneau a lui aussi capturé un ciel soudain coloré, contrastant avec l'obscurité de la nuit.
Photo : Instagram / @coco_storm_photography
Ce phénomène, rarement visible sur le continent européen, a également été observé en Allemagne, près de Havelberg, dans la nuit du 27 février 2023.
Généralement, ce phénomène se produit autour des deux cercles polaires, c'est pourquoi on l'appelle en réalité "aurores polaires". Au pôle Nord, de l'Alaska à la Russie, en passant par le Canada, l'Islande et le nord de la Scandinavie, ce sont des aurores boréales. Au pôle sud, on les appelle des aurores australes, mais il est beaucoup plus compliqué de les observer de par les difficultés d'accès à cette zone.
Photo prise à Utakleiv, Norvège
Le soleil est le grand responsable de la formation des aurores polaires. Les spécialistes expliquent que lorsqu'il y a une éruption solaire, une grande quantité de particules ionisées sont propulsées dans l'espace. Elles forment le vent solaire.
Photo : Aurores boréales en Islande
Lorsque ces flux de particules entrent en contact avec notre atmosphère, ils se heurtent au champ magnétique terrestre, qui agir comme un bouclier et empêche ces particules d'atteindre notre atmosphère, en les déviant dans l'espace. Mais un petit pourcentage peut parvenir à le pénétrer.
Photo : Aurores boréales au Canada
Elles sont ensuite attirées par les pôles de notre globe. Lorsque ces particules, bourrées d'énergie, entrent en collision avec les atomes qui composent la haute atmosphère, l'énergie est libérée sous forme d'aurores boréales.
Photo prise à Tromsø, Norvège / Unsplash / Lightscape
Ce phénomène naturel se produit à une distance estimée entre 80 et 300 kilomètres au-dessus de nos têtes. Pour les voir, il faut donc que le ciel soit parfaitement dégagé.
Photo prise aux Lofoten, Norvège / Unsplash / Johannes Groll
Il n'est donc pas systématique de voir des aurores boréales dans le cercle polaire. Elles ne peuvent en effet être observées qu'à certaines périodes de l'année, selon la région, et lorsque les meilleures conditions météorologiques sont réunies. Cela rend le phénomène encore plus fascinant.
Photo prise en Norvège / Unsplash / Thomas Lipke
Les aurores boréales peuvent prendre différentes couleurs : mauve, vert, bleu, ou encore, rouge. Ces couleurs varient en fonction des atomes qui sont ionisés par les particules solaires, et en fonction de leur altitude dans l'atmosphère.
Photo : Aurores boréales en Islande
Les aurores vertes sont celles qu'on observe le plus dans le ciel polaire. Elles se produisent lorsque les particules solaires ionisent des atomes d'oxygène, situés à basse altitude. Comme le rayonnement vert est proche de nous, il peut se voir facilement à l'œil nu.
Photo : Unsplash / Federico Bottos
À l'inverse, lorsque les atomes d'oxygène sont ionisés à plus de 200 km d'altitude, le rayonnement lumineux qui se forme est de couleur rouge profond, et il est moins perceptible à l'œil nu.
Photo prise en Alaska
Mais pourquoi ce phénomène a-t-il été visible en France, alors qu'il ne l'est habituellement que dans les pôles ? L’astrophysicien Eric Lagadec explique que le soleil a un pic d'activité tous les 11 ans, et le pic du cycle actuel se situe à 2025. Or, plus le pic se rapproche, plus il y a de fortes éruptions solaires, et plus les quantités de particules solaires sont importantes.
Plus les éruptions sont fortes et fréquentes, et plus les aurores boréales peuvent devenir visibles au-delà des pôles. Éric Lagadec confirme que les aurores boréales observées en France à la fin du mois de février résultent d'une forte éruption solaire.
Photo prise en Islande
Des aurores boréales avaient déjà illuminé le ciel du Nord-Pas-de-Calais en mars 2015. Des photographes avaient réussi à immortaliser ce moment grâce à des appareils de haute technologie. "Non, ça n'est pas un fake, c'est réel. Quasiment invisible à l'œil nu, la magie de la technologie permet d'observer une aurore boréale au-dessus du Cap Blanc-Nez, ce soir vers 21 heures", peut-on lire en légende de cette photo.
Photo : Facebook / Mickaël & Stéphanie Lootens - Photographes
Si le phénomène s'est produit deux soirs d'affilée en France, l'éruption solaire est maintenant terminée. Il est difficile de savoir quand il se produira à nouveau, cependant, il est possible qu'à l'approche du pic solaire prévu en 2025, de nouvelles aurores boréales surgissent dans nos cieux étoilés.