Censure en Russie : un journaliste dissident condamné à 22 ans de prison
Un tribunal russe a condamné le journaliste Ivan Safronov à une peine de 22 ans de prison pour haute trahison. Une nouvelle illustration des agissements du Kremlin contre la liberté de la presse.
Selon le 'New York Times', Safronov travaillait comme reporter sur les sujets de défense pour les journaux russes 'Kommersant' et 'Vedomosti'. Accusé d'avoir transmis des secrets d'État à des puissances étrangères, il avait déjà été emprisonné en 2020.
Taisia Bekboulatova, une collègue et amie de Safronov, a déclaré ceci au 'Guardian' : "Le gouvernement a montré qu'on pouvait être condamné à une longue peine de prison pour avoir accompli un travail de journaliste de qualité et en toute légalité. Cela va avoir un terrible effet dissuasif."
Bekboulatova a ajouté que Safronov était connu pour écrire sur les erreurs commises par le ministère russe de la Défense, ce qui lui aurait valu de se faire des ennemis en haut lieu, comme le ministre Sergueï Choïgou lui-même.
"Et il est évident que Choïgou et son entourage disposent de moyens suffisants pour déclencher des poursuites pénales contre lui", précise encore Bekboulatova.
Safronov a nié l'accusation d'avoir livré des secrets d'État à des puissances étrangères. Il a par ailleurs affirmé que son travail se basait exclusivement sur des sources publiques en accès libre.
Evgueni Smirnov, l'un des avocats de Safronov, a déclaré au 'New York Times' que le parquet disposait d'informations sur son client depuis 2014, mais qu'il ne les a utilisées qu'à partir de 2020 pour l'accuser.
Photo : le Tribunal de Moscou
"J'ai l'impression que le tribunal avait reçu l'ordre de faire emprisonner Ivan Safronov quoi qu'il arrive et qu'il a cherché la meilleure accusation pour y parvenir.", a ajouté Smirnov. L'avocat a fui la Russie en 2021.
Smirnov considère que le Kremlin utilise le cas de Safronov comme avertissement pour les autres journalistes. Aucun membre de cette profession n'avait reçu de peine aussi lourde jusqu'ici.
Photo : Tim Mossholder / Unsplash
Safronov est donc en prison pour avoir simplement fait son travail. Son cas rappelle celui du leader de l'opposition russe Alexei Navalny.
Selon le 'New York Times', le chef de l'État russe Vladimir Poutine s'est exprimé fin 2020 sur le cas de Safronov.
Le président russe a nié le rapport entre les poursuites lancées contre Safronov et son travail de journaliste d'investigation. Selon lui, personne ne peut être accusé de haute trahison en n'utilisant que des sources publiques en accès libre.
La guerre en Ukraine et les tensions entre la Russie et l'Occident ont conduit le pouvoir russe à accroître la pression sur les journalistes, avec des peines pouvant aller jusqu'à 15 ans de prison pour la diffusion de "fausses informations".
Dès le mois de mars 2022, la radio moscovite 'Echo' et la chaîne de télévision indépendante 'Dozhd' ont été retirées des ondes à cause de leur couverture de la guerre en Ukraine.
Considérée par 'Reuters' comme l'un des derniers journaux russes indépendants, la 'Novaja Gazeta' a été fermée sur décision judiciaire en septembre dernier.
Entretemps, les antennes locales de certains médias occidentaux comme la 'BBC' ou 'CNN' ont quitté la Russie pour éviter de subir la censure du Kremlin.
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