COP 28 : les Émirats arabes unis accusés d'utiliser le sommet sur le climat pour conclure des accords pétroliers en coulisses
Chaque année, la plupart des pays du monde se réunissent pour décider d'une politique commune face à l'inévitable changement climatique. Mais cette année, le sommet semble plus controversé, et pas pour les raisons que l'on pourrait imaginer.
La Conférence des Nations unies sur le changement climatique se tient tous les ans depuis 1995. Également connue sous le nom de Conférence des parties (COP), elle sert de plateforme internationale pour évaluer la manière dont les États du monde entier font face au changement climatique.
La COP a donné lieu à des initiatives telles que le Protocole de Kyoto, qui donne aux pays industrialisés des objectifs de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, et plus récemment aux Accords de Paris.
Cependant, malgré ces objectifs ambitieux et bien intentionnés, la COP peut aussi être le théâtre d'affaires douteuses et de tractations en coulisses.
Le sommet pour le climat de 2023, également connu sous le nom de COP 28, a lieu en ce moment à Dubaï, la capitale des Émirats arabes unis.
Le 'New York Times' a souligné que l'organisation du sommet sur le climat dans l'un des pays qui fait partie des plus grands exportateurs d'hydrocarbures au monde a été très critiquée.
Mais ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. Toujours selon le 'New York Times', un document de 50 pages qui a fuité laisse entendre que l'organisateur du sommet utilise la conférence pour promouvoir en coulisses des accords pétroliers et gaziers.
Le sultan Ahmed Al-Jaber est le ministre de l'Industrie et des Technologies des Émirats arabes unis. Des documents ayant fuité suggèrent qu'il pourrait utiliser sa position de président de la COP 28 pour conclure des contrats pour le compte de l'entreprise publique Abu Dhabi National Oil Company (ADNOC).
12ᵉ compagnie pétrolière mondiale en termes de production, ADNOC est dirigée par un certain... Sultan Al-Jaber ! N'y voyez aucune coïncidence, il s'agit de la même personne.
Divulgué par le Centre for Climate Reporting et la 'BBC', le document montre qu'Al-Jaber et son équipe se sont préparés à rencontrer 27 gouvernements étrangers. Ces réunions incluent des échanges sur de possibles coopérations dans le domaine des hydrocarbures.
Selon 'Reuters', Al-Jaber a fermement démenti ces accusations, se présentant comme un médiateur entre les deux parties du débat sur les combustibles fossiles. Il souhaiterait inclure l'industrie pétrolière et gazière dans les échanges.
"Je vous promets que je n'ai jamais vu les points de discussion auxquels il est fait allusion et que je ne les ai jamais utilisés dans mes échanges", a déclaré l'homme politique émirati, selon 'Reuters'.
Amnesty International a critiqué ouvertement le contrôle exercé par les Émirats arabes unis sur la COP 28.
"La priorité des Émirats arabes unis pour cette COP 28 semble être de rendre plus acceptable écologiquement leur projet d'expansion des combustibles fossiles, et de soigner leur image en évitant toute discussion sur leur triste bilan en matière de droits de l'homme.", a déclaré Marta Schaaf, la directrice du programme Climat d'Amnesty International.
Comme l'indique la 'BBC', certains militants écologistes comme Greta Thunberg ont accusé la conférence des Nations unies sur le changement climatique de "greenwashing" : certains États et entreprises vanteraient leurs mérites en matière écologique pour cacher leur inaction dans ce domaine.
Alors que le changement climatique s'aggrave et que les températures augmentent jusqu'à un point de non-retour, les acteurs publics et privés seront-ils capables cette année de transformer leurs paroles en actes ?