Corée du Nord : que sait-on des derniers essais nucléaires effectués par Pyongyang ?
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a alerté sur le "risque élevé de guerre nucléaire" lors d'une réunion du Conseil de sécurité en raison des tensions géopolitiques liées notamment à l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Après la chute de l'empire soviétique, le spectre d'une guerre nucléaire s'est peu à peu éloignée...
Si le nucléaire n'est plus une menace aussi inquiétante à l'ère moderne, c'est probablement en partie grâce aux interdictions d'essais.
Le 24 septembre 1996, le traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE) est entré en vigueur. Il a été signé par 183 États et ratifiés par 161 d'entre eux. Aujourd'hui, 170 nations manquent encore à l'appel (dont la Corée du Nord).
En ratifiant ce traité, chaque État s’engage à ne pas effectuer d’explosion expérimentale, d’arme nucléaire ou autre détonation, dans quelque environnement terrestre que ce soit.
Le TICE a été un outil crucial dans l'établissement d'une norme mondiale contre les essais nucléaires depuis sa création et seules dix expérimentations ont eu lieu depuis que le traité a été ouvert à la signature, ce qui est un exploit assez impressionnant.
Dix essais nucléaires, cela peut sembler beaucoup, mais avant la mise en place du TICE, plus de 2 000 armes nucléaires avaient été testées au cours des cinq décennies précédentes, et presque aucune au cours du siècle actuel.
Au cours de ce siècle, un seul pays a enfreint la norme mondiale établie par le TICE : la Corée du Nord, qui a testé un engin nucléaire le 3 novembre 2017, selon l'Organisation du traité d'interdiction complète des essais nucléaires.
Une activité sismique inhabituelle a attiré l'attention du monde entier sur l'essai nucléaire de la Corée du Nord, un exploit auquel Pyongyang travaillait depuis un certain temps.
Un rapport de CNN datant de 2019 a rassemblé une grande partie des données pertinentes sur l'événement fournies par des sources telles que le ministère japonais de la Défense et l'administration météorologique sud-coréenne, qui ont révélé la taille et l'ampleur de l'explosion.
Punggye-ri présente comme principale caractéristique d'être un lieu souterrain. Après le sixième essai effectué le 3 septembre 2017, d'une puissance évaluée entre 70 et 120 kilotonnes, le site est devenu inutilisable par suite de l'effondrement d'une partie du terrain dans la poche créée par l'explosion.
Punggye-ri était le seul site connu de ce type en Corée du Nord et comprenait trois tunnels utilisés pour les essais, des bâtiments d'observation, une fonderie et des quartiers d'habitation, selon CNN.
Selon un communiqué de presse de l'université de Californie concernant une étude sur l'activité sismique qui a suivi l'essai de 2017, la Corée du Nord a procédé à cinq essais nucléaires avant cette date, qui se sont étalés sur les années 2000 et 2010.
"De 2006 à 2016, la Corée du Nord a régulièrement augmenté la taille des missiles", a déclaré Thorne Lay, co-auteur de l'étude et professeur de sciences de la terre et des planètes à l'université de Californie à Santa Cruz. L'expert a ajouté que la puissance de la bombe pouvait aller jusqu'à 20 kilotonnes.
"Les tout premiers engins semblaient ne pas fonctionner très bien, car ils étaient anormalement petits. Puis, en l'espace d'un an, ils sont passés à 250 kt environ, soit plus de 16 fois plus puissant qu'Hiroshima", poursuit Thorne Lay.
La Corée du Nord n'a pas réalisé de nouveaux essais depuis 2017, mais des rapports récents suggèrent que Pyongyang intensifie ses menaces et pourrait bien recourir à l’arme nucléaire contre les États-Unis et leurs alliés en 2024, selon The National Interest.