Des révélations démontrent qu'ExxonMobil a prédit la crise climatique dès 1970
ExxonMobil Corporation est une société pétrolière et gazière américaine. Avec un chiffre d'affaires 286 milliards de dollars en 2021, c'est l'une des entreprises les plus prospères au monde.
Selon une étude qui a permis d'analyser des centaines de recherches et de documents internes d'ExxonMobil, la société avait "correctement et habilement pronostiqué le réchauffement climatique".
Tout en niant l'influence des énergies fossiles sur le réchauffement climatique, les chercheurs de l'entreprise ont construit des modèles de projection très similaires à ceux des universitaires indépendants et des gouvernements.
Des documents similaires, et qui pourraient alimenter plusieurs procès en cours contre l'entreprise, ont été révélés par des journalistes en 2015. Cette enquête, publiée dans la revue scientifique généraliste américaine "Science" fait suite à ces révélations.
Des scientifiques de haut niveau ont associé la combustion d'énergies fossiles au réchauffement climatique, mais le géant du pétrole a choisi d'ignorer les résultats de leur enquête.
Dans les années 70, on évoque la possibilité d'une nouvelle ère glaciaire sur la Terre. Les nouvelles révélations montrent qu'ExxonMobil a écarté cette possibilité.
En raison des émissions de gaz à effet de serre provenant de la combustion du pétrole, du charbon et d'autres énergies fossiles, ExxonMobil a également prévu un réchauffement de la planète d'environ 0,2 °C par décennie.
C'est "stupéfiant" de voir que les prévisions d'ExxonMobil étaient si proches de ce qui s'est passé, explique Geoffrey Supran, le directeur des recherches, au journal d’information britannique "The Guardian".
"Ces graphiques confirment la complicité d'Exxon et la manière dont elle a usé de tromperie", a ajouté Supran. En effet, ils avaient pronostiqué avec précision le réchauffement climatique des années avant de contester les données scientifiques, et nous disposons à présent d'une preuve irréfutable de ce fait.
En 2015, d'anciens employés d'Exxon, des scientifiques et des fonctionnaires fédéraux ont été interrogés par le journal en ligne américain consacré à l'environnement "Inside Climate News", qui a analysé des centaines de documents.
En finançant plusieurs études révolutionnaires sur le climat, Exxon prouve avoir compris que pour diriger au mieux l'entreprise, il fallait comprendre la science de modélisation des conséquences de l'utilisation des énergies fossiles.
Dans les années 70 et 80, l'entreprise a engagé des scientifiques de haut niveau pour étudier la question, et a investi un million de dollars dans un projet visant à déterminer la quantité de CO2 absorbée par les océans.
"Il y a des incertitudes" sur l'impact de la combustion des énergies fossiles, a déclaré le directeur général de la compagnie pétrolière, Rex Tillerson, en 2013.
Entre 1977 et 1978, les faits indiquant que l'homme ait une incidence sur le réchauffement de la planète par le biais des émissions de CO2, que le doublement de ces émissions augmente la température d'environ deux ou trois degrés, et qu'ils disposaient d'une fenêtre de cinq à dix ans pour agir, ont été clairement présentés à la direction par James Black, scientifique en chef d'ExxonMobil, selon l'enquête de "Inside Climate News".
Les médias utilisent un "langage chargé" et des "documents sélectifs" pour présenter leurs conclusions différemment, s'est toutefois défendu ExxonMobil en 2015, avant de minimiser l'importance de ces fuites en expliquant que les documents étaient publics.
Mais ces "incertitudes" n'existent pas. Les études sont précises et conformes à d'autres recherches menées par des scientifiques extérieurs à l'entreprise. Les modèles sont indiscutablement corrects et corroborés par la nouvelle fuite d'informations.
Les données scientifiques qui démontrent que la combustion des énergies fossiles réchauffe la planète et induit un changement climatique ont été la cible de campagnes de confusion de la part d'Exxon, selon les experts.
Exxon a participé à la création de la Global Climate Coalition, une organisation d'entreprises chargée de promouvoir cette confusion. C'était en 1989. Neuf ans plus tard, l'entreprise était impliquée dans la décision des États-Unis de ne pas signer le protocole de Kyoto de 1998.
"Nous avons inclus un mémo d'une coalition d'entreprises de combustibles fossiles dans lequel elles s'engagent à lancer un grand effort de communication pour semer le doute", a déclaré le président de l'"Union of Concerned Scientists", Kenneth Kimmel au magazine de vulgarisation scientifique américain "Scientific American". Cette enquête complémentaire s'appelle "The climate deception dossiers".
"Nous avons perdu beaucoup de terrain", déclare Kimmel en 2015. Selon lui, la moitié des émissions dans l'atmosphère ont été rejetées après 1988.
Le directeur régional de l'OMS pour l'Europe, le Dr Hans Henri P. Kluge, a déclaré en 2022 que "le changement climatique et la pollution atmosphérique tuent environ 550 000 personnes dans notre région chaque année, sur un total estimé à 7 millions dans le monde." Depuis 2022, des millions de vies ont été perdues chaque année à cause du changement climatique, d’après l'Organisation mondiale de la santé.
Si les émissions de carbone restent élevées, l'impact sur la santé pourrait être jusqu'à deux fois plus mortel que le cancer dans certaines parties du monde d'ici 2100, selon un rapport du PNUD de novembre 2022. Les Nations Unies pensent, elles aussi, que le nombre de morts peut croître considérablement à mesure que les émissions augmentent.
En 2022 déjà, on nous mettait en garde via une étude sur le fait que la crise climatique a déjà poussé la planète vers un point de bascule catastrophique, ce qui se traduit, selon "The Guardian", par l'effondrement de la calotte glaciaire du Groenland, un courant important dans l'Atlantique Nord et une fonte brutale du pergélisol riche en carbone.
La destruction de la calotte glaciaire du Groenland fera monter le niveau des mers. L'effondrement d'un courant essentiel dans l'Atlantique Nord entraînera des sécheresses. Enfin, la fonte du pergélisol libérera davantage de carbone dans l'atmosphère, ce qui aggravera la situation. Les conséquences du franchissement de ces points de bascule risquent d'avoir un effet en cascade sur d'autres points de bascule cruciaux.
"Cette question a été soulevée à plusieurs reprises ces dernières années et, à chaque fois, notre réponse est la même. Ceux qui disent ‘qu'Exxon savait’ se trompent dans leurs conclusions", explique le porte-parole d'ExxonMobil à "The Guardian", et ce, malgré les nouvelles fuites qui corroborent la version de 2015.
Les actions de l'entreprise sont comparables à celles de l'industrie du t a b a c lorsqu'elle dissimulait la vérité sur les effets néfastes du tabagisme, selon certains des experts de la version de 2015. Cette affirmation est-elle exacte ? Seul l'avenir nous le dira…
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