Développement personnel, psychothérapies, pensée positive : quelle méthode choisir pour aller mieux ?
Développement personnel, psychothérapies, pensée positive : au-delà de leurs différences, ces approches ont en commun de répondre à un besoin fondamental de l’être humain, celui de se sentir mieux. Mais que choisir dans une époque où existent des méthodes aussi variées ? Voici quelques éléments de réponse en images.
L’isolement lié au confinement, les interrogations sur l’avenir et les problèmes personnels issus de la pandémie ont encore accru le besoin de suivi thérapeutique. Depuis 2020, une large majorité de médecins généralistes, de psychiatres et de psychologues ont constaté une augmentation des demandes de consultation liées à des troubles psychiques.
D’après une enquête menée par le site ‘Psychologue.net’, le principal motif qui pousse les Français à consulter sont des troubles anxieux ou dépressifs (93 %), suivis par des problèmes de couple (52 %) et dans une moindre mesure des troubles alimentaires ou des addictions.
Historiquement, la psychothérapie a été dominée par la psychanalyse basée sur l’exploration de l’inconscient, du désir et des symboles. Lancée par Sigmund Freud à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, poursuivie par d’autres praticiens comme Jacques Lacan, cette approche reste toujours très pratiquée, notamment en France et dans les pays latins.
Mais le XXe siècle a été marqué par l’émergence de nouvelles méthodes, comme la thérapie comportementale et cognitive (TCC). Caractérisée par une durée plus courte de la thérapie, la TCC se concentre davantage sur les symptômes anxieux ou dépressifs et sur l’affirmation de soi.
Cette apparition de la psychologie dans le quotidien d’un nombre croissant d’individus a contribué à un boom de la profession de psychologue. Selon les données de ‘StaffSanté’, un pays comme la France comptait 78 197 psychologues au 1er janvier 2021, pour moins de 70 millions d’habitants.
85 % des psychologues français en activité sont des femmes. La profession a une moyenne d’âge de 45 ans et peut s’exercer en activité libérale comme en salarié hospitalier ou dans le privé.
Mais derrière l’appellation courante de « psy » se cache une grande variété de métiers, qui correspondent chacun à des formations, à des méthodes et à des besoins différents.
Les psychiatres sont des médecins spécialisés dans le diagnostic et le traitement de maladies mentales. Après avoir suivi des études de médecine, ils poursuivent leur formation en psychiatrie.
Contrairement aux psychiatres, les psychologues ne sont pas médecins, mais titulaires d’un diplôme en psychologie. Il s’agit d’une profession réglementée dont les consultations peuvent être remboursées et qu’on retrouve aussi bien à l’hôpital que dans la médecine libérale.
Malgré sa diversité, la psychothérapie forme une troisième grande catégorie de praticiens. Qu’il s’agisse de Gestalt-thérapie, d’analyse transactionnelle, de TCC, ou de psychanalyse traditionnelle, toutes les psychothérapies ont en commun une méthode basée sur la parole et sur la régularité des entretiens entre le thérapeute et le patient.
Longtemps dominante et restée une référence dans de nombreux films, la psychanalyse subit néanmoins un certain déclin face à la concurrence des nouvelles approches. Elle a pour particularité d’exiger du praticien, en plus d’une formation, d’avoir suivi lui-même une psychanalyse.
Mais les différents travaux psychologiques sont eux-mêmes concurrencés par l’essor récent du développement personnel et du « self-help », ces pratiques qui visent à réaliser pleinement le potentiel de l’individu. En plus d’un coaching florissant, ce courant s’appuie sur des best-sellers comme « Les quatre accords toltèques » du chaman Miguel Ruiz.
Le développement personnel s’inscrit dans la même mouvance que la pensée positive, une pratique qui, comme son nom l’indique, consiste à ne se concentrer que sur des pensées et des énergies positives afin d’améliorer son épanouissement personnel. L’idée principale de ce courant est qu’un cercle vertueux peut être créé entre une attitude positive et une vie heureuse.
Le succès de ce courant de pensée et des nombreux services associés a poussé certains à en dénoncer les dérives. Un essai intitulé « Happycratie » a mis en garde contre une « industrie du bonheur » qui cherche à vendre des « marchandises émotionnelles » sous forme de « services, thérapies et produits qui promettent une transformation émotionnelle et aident à la mettre en œuvre. »
Les auteurs de ce livre ont par ailleurs dénoncé les potentiels effets pervers de l’injonction au bonheur : ceux qui n’y parviendraient pas malgré leurs efforts verraient un sentiment de culpabilité s’ajouter à leur souffrance.
Une autre critique adressée au développement personnel et à la pensée positive est la focalisation excessive sur le moi au détriment de toute dimension collective. Comme l’écrivent les auteurs de « Happycratie », ces courants favoriseraient l’apparition d’« happycondriaques », « anxieusement focalisés sur leur moi et continuellement soucieux de corriger leurs défaillances psychologiques, de se transformer et de s’améliorer ».
L’injonction à la pensée positive s’est traduite par l’irruption du slogan « Ça va bien aller », parti d’Italie, pendant la pandémie. Pour la psychologue québécoise Pascale Brodeur, citée par ‘Slate’, ce slogan « ne reflète pas l’état d’esprit de tous » et « n’invite pas les gens à partager et accueillir des vécus différents (souffrance, problèmes, anxiété, déprime, colère, désespoir). »
Pour la psychologue, ce slogan est donc potentiellement dangereux, car il peut contribuer « à ce que les gens qui ne partagent pas une vision positive du futur se sentent inadéquats, coupables, incompris et seuls » et « à ce que l'expression de tristesse, pessimisme, colère et angoisse devienne tabou et soit étouffée ».
Quoi qu’il en soit, le bonheur est désormais présent dans tous les domaines de la vie en société : on le retrouve aussi bien dans les travaux des psychologues et des économistes que dans les sessions de coaching et les animations proposées dans les entreprises pour améliorer l’épanouissement de leurs collaborateurs.
Il existe aujourd’hui une multitude d’approches très différentes pour aider les individus à guérir de leurs troubles psychiques ou à mener leur quête du bonheur. Quelle que soit la méthode choisie, il est important de garder à l’esprit leur variété et la liberté de chacun de choisir celle qui lui convient le mieux.