Émeutes en France : vers un début de retour au calme ?
Incendies, tirs de mortiers, scènes de pillages… Depuis la mort du jeune Nahel, tué à bout portant par un policier à Nanterre (92), la France est à feu et à sang. Partout sur le territoire, des émeutiers (parfois très jeunes) s'attaquent à leurs propres quartiers, détruisant tout sur leur passage, des véhicules aux écoles, mairies et supermarchés.
Mais il semblerait qu'un retour au calme se dessine progressivement. Après cinq nuits de violences aux quatre coins de l'Hexagone, le nombre d'interpellations est nettement en baisse dans la nuit de dimanche à lundi.
D'après les derniers chiffres du ministère de l'Intérieur, les forces de l'ordre ont procédé à 157 interpellations dans la nuit du dimanche 2 juillet au lundi 3 juillet.
Le ministère de l'Intérieur a également rapporté les blessures de trois policiers et gendarmes, sans faire mention d'incident majeur. Toutefois, le ministre Gérald Darmanin (photo) a fait part du décès d'un jeune pompier de 24 ans à Saint-Denis (93), alors qu'il tentait d'éteindre un feu de voitures dans un parking souterrain. Aucun lien n'a encore été établi avec les émeutes de la nuit.
Les nuits précédentes, de nombreux actes de violences ont été recensées sur le territoire national. Le week-end était placé sous le signe d'une très haute tension et de nombreux événements ont été annulés.
Dans la nuit du samedi 1ᵉʳ au 2 juillet, le domicile de Vincent Jeanbrun, maire de L'Haÿ-les-Roses (94), a été attaqué par une voiture bélier, en feu, lancée par des émeutiers. Présente à l'intérieur de la maison, la femme du maire s'est blessée à la jambe en prenant la fuite avec ses deux jeunes enfants.
Alors que les premières nuits d'émeutes après la mort de Nahel, le mardi 27 juin, étaient principalement localisées en banlieue parisienne, la violence s'est ensuite étendue aux quatre coins du pays. De Marseille à Tourcoing, en passant par Lyon, Mulhouse ou encore, Nantes, les scènes de violences urbaines se sont multipliées.
Le ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire a indiqué que plus de 700 commerces ont été saccagés, pillés, et parfois brûlés, depuis le début des émeutes. Les commerçants demandent des indemnisations.
Dans la nuit du samedi au dimanche, les forces de l'ordre ont enregistré 719 interpellations, et 45 policiers et gendarmes blessés. La nuit précédente, le ministère de l'Intérieur avait constaté 1311 interpellations et 79 policiers et gendarmes blessés.
Cette baisse des chiffres peut s'expliquer par un renfort important au niveau des forces de l'ordre. Depuis vendredi soir, 45 000 policiers et gendarmes étaient mobilisés sur le terrain pour assurer le retour à l'ordre public.
Le site du ministère de l'Intérieur précise que "la gendarmerie mobile, les gendarmeries départementales, les forces aériennes, ainsi que le GIGN étaient engagés partout en France", au cours du week-end.
"La Police nationale était présente sur tout le territoire national pour rétablir l'ordre, prévenir les actes de vandalisme et interpeller les fauteurs de troubles avec des effectifs de sécurité publique, de CRS, mais aussi des détachements du RAID dans plusieurs agglomérations", indique également le ministère de l'Intérieur.
De plus, cette baisse relative des violences urbaines peut s'expliquer par un second phénomène : la mobilisation des habitants dans leurs quartiers. Certains protègent les écoles et bâtiments publics, tandis que d'autres tentent de raisonner les adolescents aveuglés par la colère. À Aulnay-sous-Bois (93) par exemple, des mères de familles ont fait le tour des quartiers pour sensibiliser les jeunes et demander la fin des violences.
Après les premières nuits d'émeutes, de nombreuses villes ont instauré un couvre-feu, parmi lesquelles Colombes, Asnières-sur-Seine, Clamart, Meudon, Villeneuve-la-Garenne, ou encore Rosny-sous-Bois, en région parisienne. La plupart des couvre-feux ne devraient pas être prolongés après le mardi 4 juillet.
Après six nuits d'émeutes, le ministère de l'Intérieur constate plus de 5000 voitures brulées, 10 000 feux de poubelles, près de 1000 bâtiments incendiés ou dégradés, et plus de 250 commissariats ou gendarmeries attaqués. Au total, les forces de l'ordre ont interpellé 3200 personnes depuis le mardi 27 juin.
Les premières condamnations pour participation aux émeutes ont été prononcées ce samedi 1ᵉʳ juillet et dimanche 2 juillet, lors d'audiences en comparutions immédiates. D'après les informations de France Info, de nombreux prévenus ont été placés en détention, d'autres ont été condamnés a des heures de travaux d'intérêt général.