François Bayrou, l’éternel retour d’un vieux routier de la politique française

Un long parcours au centre de l’échiquier politique
Des racines béarnaises
Bègue durant son enfance
Ses débuts en politique
Catholique pratiquant mais militant pour la laïcité
Député en 1986
L’appel des rénovateurs
Ministre de l’Éducation nationale
Le temps des réformes
Président de l’UDF
Une première candidature présidentielle en 2002
L’épisode de la gifle
Une fusion refusée avec l’UMP
Opposé au gouvernement de droite
Troisième homme en 2007
Un rapprochement avec la gauche ?
Le Modem
Contre Nicolas Sarkozy
Un pugilat télévisuel avec Daniel Cohn-Bendit
Jamais deux sans trois
Maire de Pau
Rallié à Emmanuel Macron
Un éphémère ministre de la Justice
L’affaire des emplois fictifs du Modem
Un personnage souvent caricaturé
Une ultime candidature ?
Un long parcours au centre de l’échiquier politique

Désormais âgé de 72 ans, François Bayrou est un vétéran de la politique française. Mais le centriste rallié à Emmanuel Macron depuis 2017 envisage une nouvelle candidature présidentielle en 2027. En attendant d’en savoir plus sur ses intentions, redécouvrons le long parcours d’un vieux routier de la vie politique.

Des racines béarnaises

Né en 1951 à Bordères, dans le Béarn (l’ouest des Pyrénées françaises), François Bayrou est resté attaché à ses racines. Parlant couramment le dialecte béarnais, il est un fervent défenseur de la sauvegarde des langues régionales.

Bègue durant son enfance

Le futur député et ministre a souffert de bégaiement durant son enfance. Mais il a réussi à surmonter un handicap qui ne l’a pas empêché de faire carrière dans un domaine où l’éloquence est essentielle.

Ses débuts en politique

Agrégé de lettres classiques, François Bayrou est proche des mouvements non-violents dans sa jeunesse. Engagé à l’UDF, le parti de centre-droit, il décroche son premier mandat en 1982, en étant élu conseiller général des Pyrénées-Atlantiques.

Catholique pratiquant mais militant pour la laïcité

En 1984, la France se déchire autour de la question de « l’école libre » qui voit s’opposer la majorité socialiste et la droite catholique. Où se situe François Bayrou ? Catholique pratiquant et d’inspiration chrétienne-démocrate dans son engagement, il n’en est pas moins enseignant dans le public de métier et militant convaincu de la laïcité.

Député en 1986

En 1986, la droite revient au pouvoir dans un gouvernement de cohabitation avec François Mitterrand et le Béarnais devient député de son département natal. Une fonction qu’il occupera sans interruption jusqu’en 2012 – hormis lors de ses expériences ministérielles.

L’appel des rénovateurs

Après la défaite à l’élection présidentielle de 1988 contre François Mitterrand, certaines figures montantes du centre et de la droite (Bayrou, François Fillon, Philippe de Villiers, entre autres) appellent au retrait des leaders historiques du RPR et de l’UDF, comme Jacques Chirac ou Valéry Giscard d’Estaing, et à la création d’un grand parti unifié. Mais ce groupe de « rénovateurs » se disloque dès le début des années 1990.

Ministre de l’Éducation nationale

En 1993, la deuxième « cohabitation » entre François Mitterrand et la droite débute et François Bayrou devient ministre de l’Éducation nationale. Malgré son soutien au Premier ministre Édouard Balladur à la présidentielle de 1995, il conserve le poste après l’élection de Jacques Chirac et voit même son portefeuille élargi à l’Enseignement supérieur.

Le temps des réformes

Lors de son passage rue de Grenelle, François Bayrou a tenté d’assouplir le financement des établissements privés par les collectivités locales – un projet qui ne résistera pas à la censure du Conseil constitutionnel et à l’opposition de la rue. Le ministre a lancé plusieurs autres réformes, comme la division du baccalauréat en différentes filières.

Président de l’UDF

Critiqué pour son autoritarisme puis, au contraire, pour son immobilisme, Bayrou quitte le ministère lorsque la gauche revient au pouvoir en 1997. En 1998, il devient président de l’UDF, dont il porte les couleurs aux élections européennes l’année suivante.

Une première candidature présidentielle en 2002

En 2002, le leader du centre-droit est candidat pour la première fois à l’élection présidentielle. Malgré les pressions pour qu’il se désiste en faveur de Jacques Chirac, il parvient en quatrième position au premier tour, avec 6,84 % des voix. Face au spectre de la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour, il appelle à la constitution d’une majorité d’union nationale.

L’épisode de la gifle

La campagne de 2002 de François Bayrou a été marquée par l’épisode de la « gifle » administrée par le candidat à un adolescent qui tentait de lui faire les poches. Une réaction que l’intéressé qualifiera ensuite de « geste de père de famille ».

Une fusion refusée avec l’UMP

Toujours favorable à un gouvernement élargi, François Bayrou s’oppose à la fusion du centre et de la droite dans un parti unique (l’UMP) orchestrée par Jacques Chirac et Alain Juppé. Même si de nombreux cadres de l’UDF rejoignent la majorité présidentielle, le leader conserve son indépendance.

Opposé au gouvernement de droite

Durant le second mandat de Jacques Chirac (2002-2007), François Bayrou s’oppose à plusieurs reprises au gouvernement de droite, par exemple sur la question de la privatisation des autoroutes. En 2006, il vote même une motion de censure déposée par le Parti socialiste dans le cadre de « l’affaire Clearstream », où est impliqué le Premier ministre Dominique de Villepin.

Troisième homme en 2007

De nouveau candidat en 2007, François Bayrou reçoit le soutien de plusieurs figures centristes. Mais les leaders historiques comme Valéry Giscard d’Estaing ou Simone Veil se prononcent pour Nicolas Sarkozy. Axant sa campagne sur la liberté des entreprises et la réduction de la dette publique, Bayrou termine « troisième homme » avec 18,57 % des voix, derrière Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal qui se qualifient au second tour.

Un rapprochement avec la gauche ?

Durant cette campagne, certaines personnalités de centre-gauche comme Michel Rocard, Bernard Kouchner ou Daniel Cohn-Bendit ont appelé à une alliance entre les socialistes, l’UDF et les Verts, malgré l’opposition des leaders du PS. Entre les deux tours, François Bayrou débat avec Ségolène Royal malgré son élimination. Sans préciser s’il donnera son suffrage à la candidate socialiste, il déclare finalement qu’il ne votera pas pour Nicolas Sarkozy.

Le Modem

Après la victoire de Nicolas Sarkozy, François Bayrou annonce son intention de s’opposer à la politique du nouveau président. Mais ses principaux lieutenants emmenés par Hervé Morin ne l’entendent pas de cette oreille et rejoignent la majorité en créant leur mouvement, le Nouveau centre. De son côté, Bayrou crée le Mouvement démocrate (Modem).

Contre Nicolas Sarkozy

Plus isolé sur la scène politique, le leader centriste passe les années suivantes à s’opposer frontalement à Nicolas Sarkozy. Mais il est le plus souvent critiqué par ses anciens soutiens, qui lui reprochent de sacrifier son parti à ses ambitions présidentielles.

Un pugilat télévisuel avec Daniel Cohn-Bendit

Lors de la campagne pour les européennes de 2009, le patron du Modem se livre à un véritable pugilat avec Daniel Cohn-Bendit lors d’un débat télévisé. Relayant de vieilles rumeurs sans preuve concernant des abus sur enfants qu’aurait commis l’ancien leader de Mai 68, Bayrou se voit rétorquer qu’il ne sera « jamais président de la République » car il est « trop minable ».

Jamais deux sans trois

Cela ne l’empêche pas de se lancer dans une troisième tentative présidentielle en 2012, en mettant en avant le désendettement public, le « made in France » et la maîtrise des fondamentaux à l’école. Rallié par des centristes déçus de Nicolas Sarkozy, François Bayrou termine 5e avec 9,13% des voix. Il déclare qu’il votera personnellement pour François Hollande au second tour, sans donner de consigne de vote à ses électeurs.

Maire de Pau

Battu aux législatives de 2012, l’ancien ministre commence une nouvelle vie d’élu local en devenant maire de Pau, la plus grande ville de son Béarn natal, en 2014. La fin d’une longue carrière nationale ?

Rallié à Emmanuel Macron

C’est mal connaître cet animal politique qui n’a jamais cessé de croire en sa bonne étoile ! En 2017, François Bayrou se rallie à Emmanuel Macron, en qui il voit le héraut de la synthèse centriste dont il a toujours rêvé. Un accord électoral entre La République en marche et le Modem permet à ce parti de revenir en force à l’Assemblée nationale à l’issue des législatives.

Un éphémère ministre de la Justice

Peu de temps après son élection, Emmanuel Macron nomme François Bayrou ministre de la Justice. Mais la médiatisation d’une affaire judiciaire impliquant son parti pousse ce dernier à quitter le gouvernement au bout de 35 jours seulement.

L’affaire des emplois fictifs du Modem

Des informations du ‘Canard enchaîné’, confirmées par une enquête de ‘France Info’, révèlent en effet l’existence d’emplois fictifs au Parlement européen ayant permis à des militants du Modem d’être rémunérés comme assistants parlementaires. Mis en examen pour complicité de détournement de fonds publics, Bayrou est tout de même réélu maire de Pau en 2020.

Un personnage souvent caricaturé

Au cours de sa carrière, François Bayrou a été régulièrement moqué ou caricaturé. Sa marionnette des Guignols de l’info le présentait comme un personnage benêt face aux requins de la vie politique. Et Michel Houellebecq en a fait le Premier ministre du nouveau président islamiste dans son roman de politique-fiction « Soumission ».

Une ultime candidature ?

Désormais Haut-commissaire au plan, François Bayrou a déclaré qu’il n’excluait pas de briguer la succession d’Emmanuel Macron en 2027. Quelle qu’en soit l’issue, son parcours politique aura été marqué par l’éternel retour d’un infatigable centriste doté d’une capacité de rebond hors pair !

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