Crise de la natalité en Europe et dans le monde : faut-il s'inquiéter ?
Face au constat de la chute du nombre de naissances en France, le président de la République Emmanuel Macron a appelé de ses vœux un « réarmement démographique » et a annoncé une série de mesures dans ce sens.
En effet, selon le dernier bilan démographique de l’Insee, seuls 678 000 bébés sont nés en France en 2023, soit une baisse de 6,6 % par rapport à l’année précédente.
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Par ailleurs, le nombre d’enfants par femme est tombé à 1,68, contre près de 2 jusqu’en 2010. Et les grossesses sont plus tardives, avec un âge moyen lors du premier accouchement de 31 ans, toujours selon l’Insee.
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Mais ce phénomène est loin de se limiter à la France. En Europe comme sur d’autres continents, un grand nombre de pays subit actuellement une forme d’hiver démographique.
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Un cas emblématique de faible démographie : celui de l’Italie. Avec moins de 400 000 naissances en 2022 et le taux de fécondité le plus bas d’Europe, la péninsule perd des habitants. Les projections les plus pessimistes prévoient une baisse de la population de 5 millions d’ici à 2050.
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Citée par ‘France Info’, la démographe Maria Rita Testa, de l’université Luiss, à Rome, indique qu’« être parent n'est qu'une option parmi beaucoup d'autres » en Italie, évoquant « l'inquiétude pour l'environnement » et « l'angoisse suscitée par les guerres en cours ».
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L’Allemagne a aussi de longue date un taux de fécondité faible, même s’il est remonté de 1,38 enfant par femme en 2000 à 1,58 en 2021, pour baisser à nouveau en 2022. ‘Les Échos’ rappellent le rôle de l’immigration, sans laquelle la population du pays aurait baissé dès 1972.
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La Russie perd 700 000 à 800 000 habitants par an, malgré la politique nataliste promue par Vladimir Poutine qui avait enjoint les femmes russes à imiter les « merveilleuses traditions » de leurs grands-mères qui « avaient sept ou huit enfants », comme le rappelle ‘France Info’.
Le maître du Kremlin ne semble guère avoir été écouté dans un pays où le taux de fécondité se situe à 1,5 enfant par femme. Il n’est pas certain que le contexte de la guerre en Ukraine soit porteur pour projeter de fonder une famille en Russie.
Il est d’ailleurs intéressant de noter que les sociétés traditionnelles ou conservatrices n’affichent pas de meilleurs résultats que les autres sur le front de la natalité. Le faible taux de fécondité de la Pologne, restée très catholique et traditionaliste, en est un exemple.
Hors de l’Europe, l’exemple de la Corée du Sud est spectaculaire : avec un taux de fécondité de 0,7 enfant par femme, le pays pourrait perdre 15 millions d’habitants (environ 30 % de sa population) les 50 prochaines années, selon les projections de l’institut public Statistics Korea.
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Le Japon subit aussi un net déclin démographique, renforcé par le refus politique de l’immigration dans le pays. L’archipel a perdu plus de 3 millions d’habitants entre 2011 et 2021, indique ‘Géo’.
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En 2022, la Chine a vu sa population diminuer pour la première fois depuis 60 ans. Cette inflexion devrait se poursuivre dans la durée et l’Empire du Milieu a déjà été détrôné par l’Inde comme pays le plus peuplé du monde.
‘Géo’ note que les évolutions démographiques sont prévisibles et classe les pays par groupes : l’Allemagne, la Corée du Sud et l’Espagne dont la population va baisser dès 2030, le Vietnam et l’Iran à partir de 2050, et l’Inde, l’Indonésie, la Turquie et le Royaume-Uni après 2060.
Dans cette dynamique baissière, les États-Unis font figure d’exception, malgré un déclin des naissances par rapport à l’avant-Covid. La première puissance mondiale a connu un excédent de 531 400 naissances sur les décès en 2023.
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Le tarissement des naissances dans le monde entraîne un vieillissement relatif de la population. L’exemple sud-coréen est particulièrement frappant : selon Statistics Korea, près de 48 % des habitants du pays auront plus de 65 ans en 2072, contre 17,4 % en 2023.
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Dans ces conditions, la pérennité des systèmes sociaux est remise en question. En effet, les dépenses de santé et de retraite sont concentrées sur la population âgée, tandis que leur financement nécessite un nombre suffisant d’actifs.
La relance de la natalité est-elle une priorité, en France comme ailleurs ? Pas nécessairement, selon Laurent Toulemon, un expert de l’Institut national d’études démographiques (Ined), interrogé par ‘France Info’.
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Rappelant qu’une diminution de 6 % des naissances sur une année n’a rien d’exceptionnel, le spécialiste estime que « la fécondité en France ne s'effondre pas du tout » et que le taux actuel « est amplement suffisant pour que la population du pays reste presque constante ».
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Le démographe juge par ailleurs peu crédibles « les craintes liées au réchauffement climatique et à l'épuisement des ressources », car elles seraient exprimées par des personnes trop âgées pour faire des enfants ou par des jeunes qui peuvent encore changer d’avis.
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Quoi qu’il en soit, l’ONU prévoit une décrue de la population mondiale à partir de 2090 seulement, une fois le seuil de 10 milliards d’êtres humains dépassé. L’effondrement démographique global n’est donc pas pour demain !
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