La fin de la guerre en Ukraine arrivera-t-elle pour Noël 2024 ?
Après la victoire électorale de Donald Trump, la guerre en Ukraine qui dure depuis presque trois ans pourrait prendre fin. En effet, l'Allemagne et les États-Unis, deux des pays qui soutiennent le plus Kyiv, font face à des défis politiques considérables.
Voilà pourquoi, cherchant à mettre un succès à son actif avant les élections anticipées du 23 février prochain dans son pays, le chancelier allemand Olaf Scholz a passé un appel à Vladimir Poutine cette semaine. Les deux hommes se seraient entretenus au sujet d'un projet de paix.
À cause de la guerre, les entreprises allemandes ont non seulement dû renoncer au gaz bon marché de Russie, mais elles ont aussi dû y cesser leurs activités, ce qui a contribué à la crise économique que traverse l'Allemagne. Scholz a donc tout intérêt à jouer un rôle important dans l'établissement d'un plan de paix s'il veut regagner des électeurs.
Le New York Times rapporte que la conversation téléphonique a duré une heure. Cela faisait deux ans qu'il n'y avait pas eu de communication directe entre les dirigeants russes et allemands : ce geste rompt donc quelque peu avec la politique officielle de l'UE.
Selon le magazine Spiegel, l'appel téléphonique a plutôt irrité le président ukrainien Volodymyr Zelensky : "À mon avis, cet appel ouvre la boîte de Pandore", a-t-il constaté.
Le média allemand Frankfurter Rundschau estime pourtant que Volodymyr Zelensky serait maintenant prêt à faire la paix, même si cela implique des pertes territoriales pour l'Ukraine. Pour Poutine, la guerre constitue un fardeau économique en plus de causer de lourdes pertes humaines.
Scholz aurait demandé à Poutine de négocier une « paix juste et durable », mais le dirigeant russe a ainsi répondu que toute négociation devrait se fonder sur les « nouvelles réalités territoriales ». En d'autres termes, Poutine ne négociera la paix qu'en échange des territoires que la Russie a conquis jusqu'à présent.
Selon le président américain nouvellement élu, un accord de paix avec la Russie sera inévitablement accompagné de pertes territoriales pour l'Ukraine. « Les discussions devraient être basées sur des garanties », a déclaré Roman Kostenko, le président de la commission de la défense et des services de renseignement du Parlement ukrainien, à la Frankfurter Rundschau.
Une partie du succès des partis extrémistes allemands AfD et BSW est liée à leur position complaisante envers la Russie, vue par de nombreux électeurs comme un gage de paix. Les partis plus modérés y voient une erreur de jugement et mettent en garde contre la personnalité de Poutine et l'éventualité de nouvelles attaques russes.
Dans une interview donnée début octobre pour le magazine allemand Cicero, le Ministre des Affaires étrangères hongrois, Péter Szijjártó, s'est déclaré « convaincu qu'une paix peut être atteinte assez rapidement si Donald Trump remporte l'élection. » C'est ce qui vient de se produire.
Dans sa déclaration gouvernementale du 13 novembre, Olaf Scholz a réaffirmé son soutien à l'Ukraine. Cependant, il a aussi souligné que Berlin ne pourrait pas fournir 12 milliards d'euros supplémentaires d'aide au détriment de la société allemande, dans le cas où il serait impossible de contracter de nouvelles dettes.
Les 12 milliards promis par l'Allemagne sont également destinés à sa propre défense. Selon le gouvernement, la modernisation et le rééquipement de l'armée allemande sont nécessaires pour repousser d'éventuelles attaques russes et établir une dissuasion. Les États-Unis dirigés par Donald Trump n'aideraient pas automatiquement l'Europe en cas de crise, a déclaré le leader de l'opposition, Friedrich Merz, au Bundestag.
La livraison des missiles Taurus à l'Ukraine serait en principe annulée si la guerre prenait fin. Candidat à la succession de Scholz, Friedrich Merz serait cependant ouvert à de telles livraisons dans tous les cas de figure.
Rares sont les pays qui ont autant souffert des conséquences de la guerre en Ukraine que la Finlande, frontalière de la Russie. L'économie finlandaise est en grande difficulté, car les touristes russes sont absents et que les sanctions doivent être respectées.
Il faut prendre au sérieux Donald Trump lorsqu'il parle de mettre fin à la guerre en Ukraine, a estimé le président finlandais, Alexander Stubb, dans une interview avec Bloomberg. Ce chef d'État s'attend à de prochaines négociations.
Depuis des mois, Zelensky pousse les Occidentaux à soutenir son « plan pour la victoire ». Mais il a du mal à obtenir des missiles à longue portée, et l'adhésion à l'OTAN ou à l'Union européenne de son pays n'est toujours pas à l'ordre du jour. L'Ukraine doit donc faire face à des décisions difficiles.
Il est clair pour tous les observateurs du conflit que ni la Russie ni l'Ukraine n'accepteront de sortir de cette guerre sans un "gain", car les deux belligérants souhaitent sauver la face. Poutine veut tenir l'OTAN à l'écart de son pays, tandis que Zelensky craint les appétits de Moscou.
Compte tenu du changement politique imminent aux États-Unis et en Allemagne, de la faiblesse actuelle de la France, mais aussi de l'ascension de partis comme l'AfD qui tirent un bénéfice politique de la guerre, de nombreux observateurs estiment probable la tenue prochaine de négociations pour mettre fin au conflit, comme celle initiée par Olaf Scholz cette semaine.
Une fois la guerre en Ukraine terminée, des investissements considérables seront nécessaires pour la reconstruction et la modernisation du pays. Les défis qui l'attendent sont immenses, même en temps de paix.