La Floride, État maudit ou facteur-clé des élections présidentielles américaines ?
Connue pour ses plages ensoleillées et ses décors de carte postale, la Floride, souvent surnommée le « Sunshine State », pourrait de nouveau jouer un rôle particulier lors de l’élection présidentielle américaine de 2024.
Dans le passé, cet État est fréquemment apparu comme un facteur-clé des scrutins nationaux. Mais il semble aussi frappé d’une malédiction. On vous explique tout.
La Floride a de nouveau fait parler d’elle à travers l’investiture du candidat républicain pour l’élection de l’an prochain. Gouverneur de l’État, le très conservateur Ron DeSantis s’est lancé officiellement dans la course.
Face au fiasco des candidats « MAGA » (de « Make America Great Again », littéralement « Rendre sa grandeur à l'Amérique ») soutenus par Donald Trump aux élections de mi-mandat de 2022, DeSantis a tenté de se présenter comme l’alternative à l’ancien président.
Mais Trump, lui-même installé en Floride depuis plusieurs années, n’a pas dit son dernier mot et les derniers sondages le donnent désormais favori pour représenter un Parti républicain très droitisé en 2024.
Avec environ 20% des intentions de vote à la primaire du parti contre 50% pour Trump, DeSantis peine à s’imposer comme la relève qui permettrait de tourner la page du trumpisme. Est-il déjà battu dans la conquête de l’opinion républicaine ?
Le gouverneur du Sunshine State a annoncé sa candidature dans un « Space » sur Twitter en compagnie de son soutien Elon Musk, qui a racheté ce réseau social l’an dernier.
Mais une série de bugs pendant l’annonce a suscité les moqueries, valant à DeSantis le surnom de « DeSaster » - contraction de son nom et du mot « désastre » en anglais.
Selon ‘Slate’, son « incapacité à déployer un programme allant plus loin que la dénonciation du "wokisme" et des politiques sanitaires durant la pandémie » en fait un candidat au potentiel électoral discutable.
Au-delà de ses propres faiblesses, DeSantis semble lui aussi atteint par une malédiction qui frappe la Floride : aucun homme politique issu de cet État n’a jamais été élu président des États-Unis dans l’histoire.
Pire : le Sunshine State n’a jamais réussi à imposer de candidat en près de deux siècles de présence au sein des États-Unis - ni chez les Démocrates ni chez les Républicains.
En comparaison, le Texas, qui a rejoint l’Union 9 mois après la Floride, a déjà envoyé 3 représentants à la Maison Blanche – et même 4 en comptant Dwight Eisenhower, natif de l’État.
État le plus peuplé du pays, la Californie a eu deux présidents issus de son territoire : Herbert Hoover et Ronald Reagan.
Même Hawaï, qui ne fait partie des États-Unis que depuis 1959, a fait mieux avec l’élection de Barack Obama en 2008.
Plusieurs tentatives ont pourtant eu lieu. En 2016, le gouverneur de l’État Jeb Bush (fils et frère des deux anciens présidents) ainsi que Marco Rubio (sur la photo) ont tous les deux tenté leur chance à la primaire républicaine, avant d’être balayés par Donald Trump.
Selon ‘Politico’, la Floride souffre également d’être « avant tout un lieu où l'on va pour s'évader, jouer. » « Ce manque de sérieux, qu'on le veuille ou non, colle à la peau des politiciens locaux, qui n'obtiennent pas le même respect que ceux des États dont les identités sont construites autour d'industries plus traditionnelles. »
Le bilan est en tout cas sans appel : troisième État américain le plus peuplé après la Californie et le Texas, la Floride est le seul du top 10 à n’avoir jamais été représenté au sommet de l’État fédéral, comme l’a noté ‘Politico’.
Mais pour qui votent les habitants de Floride ? Cet État fait partie des « swing states », ceux qui ne sont pas toujours dominés par le même parti et qui ont par conséquent une influence déterminante lors des élections nationales.
Pendant la seconde moitié du XIXe et la première moitié du XXe siècle, la Floride a été majoritairement démocrate, ne votant qu’une seule fois pour le candidat républicain à la présidentielle (Herbert Hoover en 1928).
Mais la situation a évolué depuis : lors des élections présidentielles qui ont eu lieu entre 1960 et 2020, les électeurs ont préféré le candidat républicain à 11 reprises, contre 5 pour le candidat démocrate.
Sur la même période, la Floride a aussi eu la particularité de rarement se tromper : le candidat qui y arrive en tête a toujours été élu au niveau national – à part en 1960, en 1992 et en 2020.
Le Sunshine State a également fait parler de lui en 2000. L’écart de voix très faible entre le Démocrate Al Gore et le Républicain George W. Bush a conduit à des recomptages et à une décision de justice favorable à ce dernier.
À l’issue de cet imbroglio électoral, la Floride a donc été le facteur-clé dans l’élection de Bush fils. Sera-t-elle de nouveau un État déterminant au résultat fiable en 2024, ou la malédiction va-t-elle continuer de frapper ?