La Tour Eiffel : entre délabrement du monument et mauvaise santé financière
Fermée pendant cinq jours en raison d’une grève, la Tour Eiffel a rouvert ses postes ce dimanche 25 février. Que se passe-t-il dans le plus célèbre des monuments parisiens ?
Selon le communiqué de la Société d’exploitation de la Tour Eiffel (Sete), cité par ‘France 24’, la direction et les syndicats se sont mis d’accord sur « un investissement ambitieux de 380 millions d’euros jusqu’en 2031, notamment pour les travaux et l’entretien du patrimoine de la tour ».
La situation semblait devenue urgente ! D’après un délégué syndical du monument, cité par ‘France Info’, la Tour Eiffel est dans un état de « délabrement ». « Sous la tour, si vous vous approchez, vous voyez vraiment des traces de rouille. », précise-t-il.
L’architecte Gustave Eiffel, à l’origine de la construction de la Tour à la fin du XIXe siècle, avait pourtant mis en garde contre les risques liés à un entretien insuffisant. « Ce qui est le plus important est de s’opposer à un commencement de rouille », avait-il recommandé, selon ‘Forbes France’.
Selon le même syndicaliste, la tour n’a pas été repeinte depuis 14 ans alors qu’elle devrait en principe l’être tous les sept ans. En effet, la peinture contribue à la solidité de l’imposante structure de fer.
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« La peinture est l’élément essentiel de conservation d’un ouvrage métallique et les soins qui y sont apportés sont la seule garantie de sa durée », avait ainsi déclaré Gustave Eiffel.
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Comme le rappelle ‘Le Journal du dimanche’, les « travaux de peinture, faits en hauteur et sans interrompre les visites, sont aujourd’hui plus coûteux et complexes à mesure du renforcement des normes, notamment relatives au plomb ».
Par ailleurs, la peinture à base d’alkyde uréthane utilisée depuis 2002 tend les anciennes couches qui n’adhèrent plus et finissent par s’écailler. Un « cache-misère » selon le même journal, d’autant que seules les faces externes de la structure sont repeintes.
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L’entretien du monument est d’autant plus menacé qu’il ne bénéficie que d’un niveau insuffisant de protection au titre des monuments historiques. Et pour cause : on a longtemps cru que la « Dame de fer » était indestructible !
À l’état de délabrement du monument s’ajoute un équilibre financier mis en péril ces dernières années, entre hausse des prélèvements municipaux et pertes de recettes.
En effet, la redevance versée à la Ville de Paris, propriétaire des lieux, est passée de 8 à 16 millions d’euros entre 2021 et 2022. Et elle sera bientôt relevée à 50 millions d’euros, soit la moitié du chiffre d’affaires de la Sete, selon ‘Le Journal du dimanche’.
Le journal hebdomadaire souligne que ces ponctions de la municipalité sont financées par une hausse de 20 % du prix des entrées. Le prélèvement est donc indolore pour la majorité des Parisiens.
Par ailleurs, plusieurs événements ont occasionné des pertes de recettes : « On a vécu le Covid, donc on a perdu 130 millions d'euros de recettes puisque qu'on a été fermé un an et les travaux, notamment à cause du plomb, les budgets ont largement explosé de plus de 120 millions d'euros. », rappelle Stéphane Dieu, un délégué CGT, cité par ‘France Info’.
Par conséquent, l’endettement de la Tour Eiffel se situe actuellement autour de 100 millions d’euros, selon le syndicaliste, ce qui « n'était absolument pas prévu ».
La situation est préoccupante, car la célèbre tour parisienne revendique être le monument payant le plus visité au monde, avec 7 millions d’entrées par an (dont 75 % d’étrangers), selon son site internet.
La Dame de fer sera-t-elle prête cet été pour accueillir les visiteurs lors des Jeux Olympiques de Paris ? Entre l’état actuel du monument et sa situation financière difficile, le chantier s’annonce titanesque !