La vérité peu reluisante, cachée derrière les sacs plastiques “biodégradables”

Bien pratiques quand on fait nos courses, on y fait à peine attention... mais nos sacs plastiques, utilisés en à peine quinze minutes en moyenne, polluent la planète pour des centaines, voire des milliers d'années. Et, selon "Plastic Oceans International", 1 million de sacs plastiques sont utilisés à chaque minute qui passe, soit 500 milliards par an. Plastic Oceans International est une organisation mondiale à but non lucratif qui s'efforce de mettre fin à la pollution plastique et d'encourager les communautés durables dans le monde entier.

En fonction de la façon dont ils sont fabriqués ou éliminés, les sacs biodégradables, censés se décomposer en composants naturels avec le temps, sont plus ou moins écologiques. Certains sont fabriqués à partir de plastiques modifiés, d'autres de matériaux organiques, et donc leur taux "écologisme" varient.

La revue scientifique américaine "Environmental Science and Technology" a publié, en 2019, une étude, dans laquelle les chercheurs ont testé les sacs dits "écologiques" pour voir à quelle vitesse ils pouvaient se décomposer dans l'environnement.

Présentons les cobayes : un sac biodégradable fabriqué en partie à partir de coquilles d'huîtres, un sac compostable fabriqué à partir de produits végétaux, un sac plastique standard et deux sacs en plastique oxo-biodégradable, qui contiennent des additifs censés aider le plastique à se décomposer plus rapidement.

Les chercheurs ont donc étudié la décomposition des différents sacs à l'air libre, enfouis dans le sol, immergés dans l'eau de mer et en laboratoire, pendant trois ans, afin de déterminer comment ces sacs réagissent à leur environnement.

Les cobayes ont été découpés en lanières et enterrés pendant trois ans. Si le sac compostable a fini par se dégrader au point de ne plus pouvoir supporter le poids sans se rompre, aucun d'entre eux ne s'est décomposé dans le sol.

Le sac compostable fabriqué à base de plantes s'est décomposé en trois mois, plongé dans un environnement marin rude. Mais pour les autres, rien n'a changé en trois ans. Même le sac biodégradable était encore assez robuste pour transporter des courses.

En se décomposant dans un environnement aérien, les sacs sont devenus dangereux pour les animaux et une potentielle menace pour les yeux. Mais c'est le seul environnement où tous les sacs se sont systématiquement décomposés au bout de neuf mois. Même le sac en plastique standard s'est désintégré.

Photo : Linus Belanger/Unsplash

"Nos résultats ont montré qu'aucun des sacs ne pouvait être considéré comme présentant une détérioration substantielle sur une période de trois ans dans tous les environnements", indique le rapport, suggérant que les sacs biodégradables ne présentaient pas vraiment d'avantage. Pour protéger notre environnement, il ne suffit pas de modifier l'étiquette du sac.

Si les sacs en plastique ordinaires peuvent être recyclés, malgré quelques problèmes, les sacs plastiques biodégradables, eux, en présentent d'autres. Comme ils ne peuvent pas être recyclés de la même façon que les autres plastiques, il leur arrive de "contaminer" des chargements entiers de plastique recyclés. Sur le papier, ils sont recyclables... mais le sont-ils vraiment, ou finiront-ils dans une décharge ?

La plupart des sacs finissent dans des décharges où ils risquent de dégager du méthane, un puissant gaz à effet de serre. En effet, la plupart des plastiques biodégradables doivent être exposés à des températures élevées dans des installations industrielles pour se décomposer... installations absentes de nombreuses villes.

"Les matières biodégradables qui se trouvent dans une décharge y restent pendant des décennies, voire des siècles", a déclaré le commissaire du département de l'assainissement de la ville de New York au quotidien américain "New York Times". Certains experts estiment que le terme "biodégradable" est trop vague et trop peu réglementé pour signifier quoi que ce soit.

Comme ces sacs "écologiques" ne se décomposent pas et présentent donc un risque pour la santé humaine et l'environnement en raison de la présence de substances chimiques ou de microplastiques, l'Agence nationale de la sécurité sociale (ANSES) a demandé à la population de ne plus déposer ces sacs "écologiques" dans les bacs à compost publics.

Le compost à la maison n'est pas une bonne idée non plus : les sacs biodégradables ne peuvent absolument pas être compostés dans un bac à compost domestique et les sacs compostables non plus, car il ne fait pas assez chaud dans votre composteur, selon le "New York Times". Il vous reste les sacs en papier…

Bien que les bioplastiques fabriqués à partir de cultures nécessitent des engrais, une utilisation extensive des terres et des processus chimiques complexes, ils produisent moins de CO2 au cours du processus de fabrication, selon l'université de Colombia... Mais ils polluent de manière plus directe.

Photo : Tom Fisk,

Certains sacs ne se transforment qu'en eau, en dioxyde de carbone et en biomasse et sont exempts de certaines des substances chimiques les plus nocives, comme le BPA et ses équivalents... En fonction de sa composition, le sac peut rejeter moins de produits chimiques toxiques dans l'environnement que les plastiques ordinaires.

Il est peu probable que les consommateurs changent leurs habitudes et cessent de choisir des produits à usage unique, puisque ces sacs sont commercialisés comme étant respectueux de l'environnement. Le consommateur croit donc qu'il protège la planète.

La pollution par les microplastiques menace les écosystèmes, nuit à la vie marine, entre dans les chaînes alimentaires, contamine les sources d'eau et présente des risques pour la santé humaine. Et certaines études ont montré que les sacs biodégradables présentent un "risque élevé" de créer des microplastiques, plus encore que les sacs en plastique ordinaires.

Les scientifiques expérimentent l'utilisation de champignons, de bactéries et d'algues pour créer différents matériaux. Et ce n'est qu'un exemple : ils continuent de travailler d'arrache-pied pour mettre au point de meilleures solutions de remplacement des sacs en plastique, ainsi que des systèmes de recyclage capables de mieux utiliser les matériaux actuellement disponibles.

Mais pour l'instant, pour aider l'environnement, le mieux que vous puissiez faire est de réutiliser les sacs. Pour les courses, un sac en filet est très efficace par exemple. Donc pas besoin de collectionner des centaines de sacs fourre-tout en tissu, dont la fabrication nécessite beaucoup d'énergie.

Biodégradables et très facilement recyclables, les sacs en papier constituent également une bonne alternative. Et ce, même si leur fabrication nécessite plus d'énergie que celle des sacs en plastique traditionnels.

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