Le jour où la Finlande a humilié la Russie lors de la guerre d'Hiver
Alors que la tension est montée sur le « Vieux continent » depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022, des pays scandinaves traditionnellement neutres se rapprochent de l'OTAN. La Finlande et la Suède avaient gardé jusqu’à présent une certaine neutralité à l'égard des rapports de force entre l'Orient et l'Occident.
Mais rappelons-nous qu’un jour, ces petits pays ont su faire face à l'une des plus grandes armées du monde.
Faisons un petit point d'histoire : à cette époque, et depuis des siècles, ce que nous connaissons aujourd’hui comme la Finlande était sous contrôle du royaume de Suède, jusqu'à ce que la région ne soit annexée par l’Empire russe qui en fit le grand-duché de Finlande en 1809.
Ceci dure jusqu’en 1917. C’est le 6 décembre 1917 qu’est proclamée la République de Finlande, alors que les révolutions en Russie ébranlent l’empire.
Mais l'indépendance et la paix ne vont pas forcément de pair, et une guerre civile éclate en Finlande. Le gouvernement soutenu par l'Empire allemand doit faire face à des rébellions soutenues par l'Union soviétique. Sur la photo, on peut voir des citoyens finnois lors de la proclamation de l'indépendance à Helsinki.
Photo : citoyens finnois lors de la proclamation de l'indépendance à Helsinki.
Il se déroule à peu près la même chose en Ukraine en ce temps-là, à une exception près : en Finlande, c’est le gouvernement qui viendra à bout des rebelles bolchevik en 1918.
Comptant à cette époque une population d’environ trois millions d’habitants, la Finlande était un pays agraire qui exportait en grande quantité vers l’Allemagne et le Royaume-Uni.
Pendant ce temps, le reste de l’Europe se remet avec peine des affres de la première guerre mondiale. La Grande Dépression survenue en 1929 n’aide en rien.
Puis, des mouvements fascistes aux visées expansionnistes voient le jour en Italie et en Allemagne et moins de 20 ans après l'armistice, la guerre déchire à nouveau le continent.
Tandis que l'Union soviétique se mobilise pour occuper la Pologne orientale et la Finlande, l'Allemagne nazie jette son dévolu sur l'Autriche, la France, la Tchécoslovaquie et la Pologne occidentale.
Alors, en août 1939, les ministres des Affaires étrangères d'Hitler et de Staline signent un pacte de non-agression, promettant que l'Allemagne et l'Union soviétique ne s'opposeraient pas et diviseraient virtuellement la Pologne et la Baltique.
Photo : le ministre soviétique des Affaires étrangères Viatcheslav Mólotov et son homologue allemand Joachim von Ribbentrop en 1939.
C'est le 26 novembre 1939 que des troupes soviétiques sont attaquées près du village soviétique de Mainila par une entité inconnue prétendant être de l'artillerie finlandaise. Le gouvernement soviétique affirme alors qu'il s'agit d'une provocation et s'en sert de casus belli justifiant une invasion totale.
Il s'agissait en fait d'une opération sous fausse bannière menée par l'Armée rouge, même si le dirigeant russe des années 90, Boris Eltsine, affirme l'inverse. Le gouvernement de Vladimir Poutine poursuit cette ligne, imputant à la Finlande l'entière responsabilité des événements.
La victoire soviétique sur la Finlande et l'annexion possible de tout le pays par l'URSS sont attendues dans les semaines qui suivent. Mais alors qu'un demi-million de soldats de l'Armée rouge sont envoyés dans ce petit pays nordique sous-peuplé, les choses ne se déroulent pas comme prévu.
Malgré le surnombre et le surarmement soviétique, le peuple finnois compte sur un avantage précieux : leur connaissance du territoire.
Les troupes finlandaises, sous les ordres du Maréchal Carl Gustaf Mannerheim, que l’on voit sur la photo à gauche, emploient alors des tactiques de guérilla, harcelant les troupes russes mises à mal par la rudesse de l’hiver, profitant de la topologie et des grandes forêts.
Les unités soviétiques isolées, faciles à distinguer dans le paysage hivernal, tombent alors aisément, victimes des troupes à ski finlandaises qui lançaient sur elles des attaques éclairs.
Un fermier du nom de Simo Häyhä ayant pris les armes aurait tué plus de 500 soldats soviétiques. Ce tireur d’élite sera surnommé « la mort blanche ».
C’est finalement en février 1940 que la paix est signée entre la Finlande et l’Union Soviétique, accompagnée de la cession de 11 % du territoire finlandais.
Malgré tout, cette guerre aura coûté plus de 300 000 soldats à l'Union Soviétique, contre 65 000 pour les Finlandais, selon le site web d’History Channel.
L'Union soviétique a également dû faire face à des répercussions au niveau international. Les Soviétiques seront exclus de la Société des Nations en raison de l'invasion de la Finlande. Malgré tout, Staline et son Union Soviétique allaient s'avérer indispensables dans le conflit à venir qui ébranlerait le monde.
Selon certains, c'est la défaite de l'Armée Rouge en Finlande qui poussera Hitler à sous-estimer l'Union Soviétique, le persuadant de la possibilité d'une victoire facile. L'Allemagne nazie scellera son destin en se lançant à l'assaut de la Russie en 1941, un choix qui la mènera à sa perte.