Le réchauffement climatique s'accélère et pourrait être bien plus grave que prévu en France
Le mercredi 26 octobre 2022, dans un bulletin météo d'anticipation diffusé sur TF1, Évelyne Dhéliat a révélé une carte des températures en 2050, en France, élaborées par les prévisionnistes de Météo France. Et le scénario qui devrait nous attendre dans 30 ans est bien plus alarmant que prévu.
La carte réalisée par Météo France pour août 2050 prévoit des maximales de températures très élevées dans tout l'Hexagone. Comptez jusqu'à 37° C à Brest, 44 °C à Paris, 45° C à Bordeaux, ou même 48° C à Nîmes.
En 2014, la présentatrice météo s'était prêtée au même exercice, et avait dévoilé une carte des prévisions climatiques pour le mois d'août 2050. À l'époque, les projections étaient bien différentes : jusqu'à 26 °C à Brest, 40° C à Paris, 40° C à Bordeaux et 43° C à Nîmes. Des températures qui nous rappellent d'ailleurs celles de l'été dernier.
Photo : TF1
L'évolution entre ces deux cartes prévisionnelles - conçues à huit ans d'intervalle - et les températures records que nous avons atteint l'été dernier en France montrent une réelle accélération du réchauffement climatique, rien qu'à l'échelle nationale.
Photo : TF1
Un constat dramatique qu'a souligné Évelyne Dhéliat à la fin de son bulletin météo : « Tous ces exemples du passé nous prouvent bien l'accélération du réchauffement climatique et la nécessité d'agir pour notre planète. »
Au début du mois d'octobre 2022, une étude menée par des chercheurs du CNRS et de Météo-France avait démontré que le scénario climatique français s'annonçait bien pire que celui prévu. Selon les dernières projections menées, le réchauffement climatique pourrait être jusqu'à 50 % plus intense au cours de notre siècle, par rapport à ce que présageaient les estimations précédentes.
D'après cette étude publiée le 4 octobre 2022 dans la revue Earth System Dynamic, la température moyenne en France en 2100 aura augmenté de 3,8° C par rapport à celle du début du XXᵉ siècle. Un chiffre supérieur à la moyenne mondiale.
Ce scénario pourrait devenir notre réalité de demain (ou du moins, celle des générations futures) si les émissions de gaz à effet de serre ne diminuent pas, et se maintiennent au même niveau qu'aujourd'hui.
Les estimations des chercheurs indiquent également qu'à l'heure actuelle, la température moyenne en France est de 1,66 °C supérieure à celle enregistrée entre 1900 et 1930.
Cette augmentation de + 3,8° C en 2100 a été calculé à partir des informations du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) et des données d'une trentaine de stations météorologiques sur la France, avec des températures remontant à 1899.
De plus, les chercheurs du CNRS ont expliqué avoir obtenu ce chiffre en se basant sur un scénario intermédiaire, dans lequel "les émissions de carbone n’augmentent ni ne diminuent drastiquement", expliquent-ils. Les anciennes études prévoyaient une hausse similaire de la température moyenne, mais dans un scénario pessimiste, dans lequel les émissions de gaz à effet de serre n'étaient pas contrôlées.
D'après les estimations des chercheurs du CNRS et de Météo France, la température moyenne augmenterait de 3,2° C en hiver, et de 5,1° C en été, en France, par rapport aux chiffres du siècle dernier.
Des données qui inquiètent et surprennent les chercheurs de cette étude, comme l'indique l'un de ses six auteurs, le climatologue Aurélien Ribes : « Le réchauffement est bien plus grave que prévu en France. Nous avons été surpris par nos résultats. »
Pour Julien Boé, chercheur en climatologie et l'un des auteurs de cette étude : « Ceci aura des impacts très forts sur les écosystèmes et les cultures. On aura des pics de chaleur beaucoup plus fréquents et chauds, et des sécheresses plus intenses et prolongées. Dans ces conditions, l’un des points clés sera comment maintenir les ressources en eau et comment les utiliser. »
À l'échelle mondiale, les chiffres sont tout aussi alarmants. Un rapport du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) publié le jeudi 27 octobre nous informe que la tendance actuelle pourrait entraîner une augmentation de 2,1 à 2,9 degrés au cours du siècle, la meilleure estimation se situant autour de 2,5° C.
« Ce rapport traduit en termes scientifiques ce que la nature nous a dit sous la forme d'inondations, de tempêtes, de sécheresses et d'incendies », prévient Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE.
« Nous avons eu l'occasion de faire des changements significatifs, mais nous manquons de temps. Seule une transformation profonde de nos économies et de notre société peut nous sauver de la catastrophe climatique qui s'accélère », poursuit l'économiste et écologiste danoise. Elle ajoute : « Certains diront qu'il est impossible de réduire de moitié les émissions d'ici à 2030, mais nous devons essayer, car chaque fraction de degré compte énormément pour les communautés les plus vulnérables, pour les écosystèmes et pour nous tous. »
Dans une vidéo publiée sur son compte Twitter, le secrétaire général de l'ONU António Guterres estime que « les engagements mondiaux et nationaux en matière de climat sont pitoyablement insuffisants. » Pour rappel, l'accord de Paris conclu en 2015 fixait l'objectif de contenir une augmentation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2 °C.
Dans une interview accordée à la BBC, António Guterres, a alerté : « Les émissions continuent de croître à un rythme dangereux, et nous devons combler l'écart avant que la catastrophe climatique ne nous frappe tous. Nous en voyons déjà l'impact ces dernières années, et si nous n'inversons pas cette tendance, nous serons condamnés. »
Lors de la dernière COP26 organisée à Glasgow, les 200 pays signataires de l’accord de Paris avaient été invités à renforcer leurs engagements en détaillant leurs plans de réduction des émissions de gaz à effets de serre, dans des 'nouvelles contributions déterminées au niveau national" (NDC).
Mais à la fin septembre 2022, seuls 24 pays avaient soumis leurs nouvelles contributions déterminées au niveau national (CDN) pour réduire leurs émissions de CO2 d'ici à 2030. Une "nouvelle année gâchée" pour Anne Olhoff, auteure du rapport du PNUE. « Ce qui ne veut pas dire que tous les pays ne prennent pas les choses au sérieux. Mais globalement, c’est très loin d’être satisfaisant », précise-t-elle à l'AFP.
C'est dans ce climat alarmiste que s'ouvrira la COP27 le 6 novembre prochain. Elle réunira les pays signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) pendant 12 jours à Charm el-Cheikh, en bord de Mer rouge en Égypte. Une conférence qui sera l'occasion de faire le point sur ces nouvelles prévisions catastrophiques, et de - peut-être - mettre en œuvre des solutions concrètes pour l'avenir.