Les chefs d’État et de gouvernement les plus éphémères de l’histoire
Investie Première ministre du Royaume-Uni pour succéder à Boris Johnson fin 2022, Liz Truss n’aura tenu que 45 jours à la tête du gouvernement britannique. La réaction des marchés financiers et des parlementaires à son plan de baisses d’impôts et de hausse des dépenses publiques l’a contrainte à une démission express. Un record de brièveté dans la longue histoire de la démocratie britannique !
Cela faisait presque deux siècles que le record n’avait pas été battu. En 1827, George Canning n’était resté en poste que 119 jours. Mais qui sont les autres chefs d’État ou de gouvernement au parcours le plus éphémère dans ce pays et dans le reste du monde ?
Au XXe siècle, Alec Douglas-Home fut le Premier ministre britannique resté le moins longtemps au 10 Downing Street. Ce conservateur ne s’est maintenu que 363 jours, soit à peine moins d’un an, entre 1963 et 1964.
Plus proche de nous, le bras droit et successeur travailliste de Tony Blair, Gordon Brown, a dirigé le gouvernement du Royaume-Uni pendant seulement 1 049 jours, soit un peu moins de trois ans, dans le contexte difficile de la crise financière mondiale.
William Henry Harrison fut le 9e président des États-Unis en 1841. Investi le 4 mars, il décède d’une pneumonie le 4 avril, soit seulement 31 jours plus tard. Un record jamais battu depuis de l’autre côté de l’Atlantique.
Le 20e président américain, James Garfield, est quant à lui resté exactement 200 jours en 1881. Ce républicain favorable aux droits civiques des Afro-américains décéda des suites d’une tentative d’assassinat par balles.
Toujours dans le monde anglo-saxon, John Turner fut le Premier ministre du Canada à la plus faible longévité. Resté deux mois et demi à la tête du gouvernement en 1984, il n’a eu le temps de faire adopter aucune nouvelle loi.
Avant de dominer la scène politique italienne dans les années 2000, Silvio Berlusconi avait fait un très bref passage comme Président du Conseil des ministres quelques années plus tôt. Vainqueur des élections en 1994, le Cavaliere fut mis en minorité au Parlement et contraint de quitter ses fonctions début 1995.
Les institutions italiennes sont connues pour favoriser l’instabilité gouvernementale. Enrico Letta en sait quelque chose, puisque ce social-démocrate ne s’est maintenu qu’un peu plus de neuf mois en fonction entre 2013 et 2014.
La démocratie japonaise voit aussi se succéder les Premiers ministres à un rythme relativement rapide. Avant son retour gagnant de 2012 à 2020, Shinzo Abe était resté un an pile à cette fonction, du 26 septembre 2006 au 26 septembre 2007.
Mais la brièveté des mandats n’est pas le propre des régimes démocratiques, comme l’a montré l’URSS au début des années 1980. Youri Andropov, qui avait succédé à Leonid Brejnev, est tombé malade avant de décéder en fonction en février 1984. Il n’est resté que 15 mois à la tête de l’empire soviétique.
Son successeur Konstantin Tchernenko a eu un mandat encore plus court. Ce conservateur qui mit fin aux tentatives de réforme de l’URSS n’est resté qu’un an et 25 jours, lui aussi victime d’une santé déclinante.
Un autre Russe au parcours politique très bref mais cette fois… en Andorre ! En 1934, l’aventurier Boris Skossyreff s’auto-proclame roi de la principauté des Pyrénées. Mais il est renversé huit jours plus tard par la Guardia Civil, et la co-tutelle franco-espagnole est rétablie.
En Tunisie, Elyes Fakhfakh a occupé plusieurs fonctions ministérielles depuis la transition démocratique de 2011. Mais son passage à la tête du gouvernement n’a duré que six mois en 2020, à cause d’une motion de censure contre lui au Parlement.
Et en France ? Les institutions de la Ve République permettent au président de la République de tenir dans la durée. Mais ce n’est pas toujours le cas de son Premier ministre, comme le montre l’exemple du dernier chef de gouvernement de François Hollande : Bernard Cazeneuve n’a passé que 5 mois à Matignon, de décembre 2016 à l’élection présidentielle de mai 2017.
Un quart de siècle plus tôt, la première femme à avoir dirigé un gouvernement en France, Édith Cresson, a été remplacée après moins d’un an. Pierre Bérégovoy lui a succédé en avril 1992.
Mais il est aussi arrivé à un président de la République française d’avoir un mandat extrêmement bref ! Élu en 1920 à cette fonction alors principalement honorifique, Paul Deschanel est victime de troubles psychiques et son état de santé s’aggrave rapidement après une chute de train. Il n’a mis que sept mois avant de présenter sa démission.