Les défis et projets d'Emmanuel Macron pour son nouveau mandat de président de la République française
Emmanuel Macron, le président sortant de la République française, a été réélu pour un second mandat de cinq ans ce dimanche 24 avril. Le leader de La République En Marche l’a emporté contre sa rivale Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national, en totalisant 58,5% des suffrages.
Malgré un contexte politique difficile marqué par la pandémie et la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron a réussi le pari de sa réélection, comme François Mitterrand et Jacques Chirac avant lui. Ses deux prédécesseurs immédiats, Nicolas Sarkozy et François Hollande, avaient soit été battus, soit ont renoncé à se représenter.
Immédiatement après les résultats, le président réélu s’est rendu avec son épouse au Champ-de-Mars où ses partisans s’étaient rassemblés. Après avoir remercié ses soutiens et ses équipes, il a prononcé une allocution sur une estrade installée au pied de la Tour Eiffel.
Le chef de l’État a déclaré vouloir mettre en œuvre son projet pour « une France plus indépendante » et « une Europe plus forte ». Les axes de son second mandat : « continuer d’assurer les progrès de chacun, libérer la création, innover dans le pays et faire de la France une grande nation écologique ».
Emmanuel Macron a également assuré ne plus être le candidat d’un parti mais le président de tous les Français, conscient du fait que certaines voix se sont portées sur lui uniquement pour faire barrage à l’extrême droite. Il a par ailleurs déclaré comprendre la colère des électeurs du Rassemblement national et de ceux qui se sont abstenus.
Comme à chaque fois que l’extrême droite est présente au second tour de l’élection présidentielle, divers appels ont été lancés pour faire barrage à ses représentants. Le front républicain a une nouvelle fois joué, mais de nombreux électeurs ont choisi de ne pas choisir entre les deux candidats et Emmanuel Macron a gagné avec une avance largement moindre qu’en 2017.
Avec un taux de participation de 72% seulement, le niveau d’abstention a été historiquement élevé pour le second tour d’une élection présidentielle sous la Ve République. Le reflet d’un malaise démocratique et d’une faible satisfaction de nombreux citoyens par rapport à l’offre politique actuelle.
Si l’on prend en compte l’ensemble des électeurs inscrits (y compris l’abstention et les votes blancs et nuls), Emmanuel Macron a été par seulement 38,5% des citoyens, tandis que 27,3% d’entre eux ont soutenu Marine Le Pen.
Emmanuel Macron a obtenu ses scores les plus élevés dans les grandes villes, notamment l’agglomération parisienne, et dans l’ouest du pays. Marine Le Pen a réalisé ses meilleures performances dans ses bastions du nord-est de la France et du littoral méditerranéen.
Candidate pour la troisième fois et présente pour la deuxième fois au second tour, Marine Le Pen a de nouveau échoué à conquérir l’Élysée, malgré le résultat historiquement élevé de son parti. Avec plus de 40% des voix exprimées, elle a porté l’extrême droite à un niveau jamais atteint en France.
Donnée perdante dans les sondages, Marine Le Pen avait affronté son concurrent durant le traditionnel débat télévisé d’entre-deux-tours. Malgré une prestation plus correcte qu’il y a cinq ans, elle n’avait pas été en mesure de convaincre suffisamment pour inverser la tendance.
Cette candidature était probablement la dernière pour la fille de Jean-Marie Le Pen. De quoi aiguiser les appétits pour sa succession, d’autant que les réserves de voix de ce bord politique sont devenues immenses. Candidat malheureux à la présidentielle, Éric Zemmour a de nouveau lancé son appel à l’union des droites face à Emmanuel Macron.
Le paysage politique actuel semble plus éclaté que jamais, entre une droite tiraillée entre soutien à Emmanuel Macron et tentation populiste, et une gauche dispersée malgré l’effet vote utile en faveur de Jean Luc Mélenchon au premier tour.
Le niveau élevé de l’extrême droite et de l’abstention reflètent également un sentiment de colère chez les Français, inquiets pour leur pouvoir d’achat, leur sécurité, mais aussi pour l’avenir de la planète. La nouvelle majorité devra sans aucun doute composer avec des mouvements sociaux importants, à l’image des Gilets jaunes sous le premier mandat d’Emmanuel Macron.
En attendant de savoir de quoi les prochaines années seront faites, le président de la République doit nommer un nouveau Premier ministre dans les semaines à venir, qui sera directement en charge de la transition écologique du pays. Le secrétaire d’État aux Affaires européennes Clément Beaune a indiqué à la presse que le président souhaitait la nomination d’une femme à Matignon, ce qui serait une première depuis trente ans.
Pour pouvoir gouverner, Emmanuel Macron aura également besoin d’une majorité à l’Assemblée nationale. Les élections législatives qui se tiendront dans les prochaines semaines s’annoncent très incertaines, entre un niveau élevé d’abstention et des forces d’opposition qui souhaitent prendre leur revanche sur la présidentielle. Personne ne peut dire aujourd’hui de quoi sera composée la future assemblée.
Quoi qu’il en soit, de nombreux défis attendent dès les prochains jours l’équipe au pouvoir, entre la pandémie qui n’est pas complètement terminée et la guerre qui fait rage aux portes de l’Europe. Les prochaines années devront aussi être consacrées au redressement de la situation économique du pays et à l’accélération de la transition écologique.