Les étapes que l'Ukraine doit franchir pour rejoindre l'Union européenne

Le 23 juin 2022, l'Union européenne a accordé à l'Ukraine le statut de candidat, première étape vers l'obtention du statut d'État membre de l'UE.

La Commission européenne, l'organe exécutif de l'UE dirigé par la politicienne allemande Ursula von der Leyen, a soutenu la candidature de l'Ukraine après plusieurs visites dans le pays et des réunions gouvernementales.

L'invasion russe de l'Ukraine, en février dernier, a joué un rôle important dans le virage du gouvernement de Kiev vers le bloc occidental.

Le président Volodymyr Zelensky a demandé officiellement l'admission de son pays dans l'UE quelques jours seulement après le début de la guerre.

Cependant, malgré les appels à une "adhésion rapide" de l'Ukraine, le pays doit encore remplir plusieurs conditions pour devenir membre de l'Union européenne.

Après tout, être candidat à l'UE n'est pas une garantie d'adhésion. La Turquie attend depuis 1999, la Macédoine du Nord a posé sa candidature en 2005, la Serbie l'a fait en 2012, et la dernière en date, l'Albanie, attend seulement sa réponse depuis 2014.

Dans un article publié par le Council on Foreign Relations, Matthias Matthijs décrit ce que le gouvernement de Kiev doit faire pour faire partie de l'Union européenne.

Matthijs explique que pour obtenir l'adhésion à l'Union européenne, les pays doivent satisfaire aux exigences des critères de Copenhague, qui s'articulent globalement autour de trois piliers.

Le premier est d'ordre politique : les futurs membres de l'Union européenne doivent être des démocraties qui garantissent l'État de droit, les droits de l'homme et la protection des minorités.

Deuxièmement, tous les membres potentiels doivent avoir une économie de marché qui fonctionne et qui peut faire face à la concurrence et aux forces du marché.

Enfin, tous les États membres doivent intégrer le corpus des droits et obligations juridiques communs. Ces lois, contraignantes pour tous les membres de l'UE, comptent environ 8 000 pages.

Le dossier souligne que pour certains membres relativement nouveaux, comme l'Autriche, la Finlande et la Suède, ces critères étaient relativement faciles à remplir.

Toutefois, pour les jeunes démocraties et les marchés émergents tels que ceux d'Europe de l'Est, cela peut demander un peu plus d'efforts.

Matthijs estime qu'un délai réaliste pour que l'Ukraine devienne membre de l'Union européenne serait "de dix à vingt ans après la fin de la guerre".

L'expert du Council on Foreign Relations estime que l'Union européenne pourrait créer un nouveau niveau, quelque chose du type "membre associé", un peu comme ce que le président français Emmanuel Macron a proposé début 2022.

Matthijs écrit que, pour l'essentiel, l'octroi du statut de candidat est "surtout un geste symbolique" qui pourrait créer de faux espoirs au moment où l'Ukraine mène une guerre contre la Russie.

Passer devant tout le monde pour l'Ukraine pourrait créer des frictions, car cela signifierait devancer d'autres pays d'Europe de l'Est qui attendent depuis des années, voire des décennies, leur adhésion.

Selon un sondage cité par la pièce du Council on Foreign Relations, 70% des Ukrainiens s'attendent à rejoindre l'UE dans les 5 prochaines années.

"À moins que l'UE ne repense radicalement ses critères d'admission à l'adhésion, il est certain que beaucoup d'Ukrainiens risquent d'être déçus", écrit Matthijs.