Les ministres les plus éphémères des gouvernements français
En cette année 2022, plusieurs des nouveaux ministres nommés dans le gouvernement d’Élisabeth Borne, en France, ont dû quitter leur poste peu de temps après leur nomination, en raison de soupçons dans une affaire pénale ou d’une défaite aux élections législatives. Mais tenir seulement quelques semaines à un poste ministériel n’est pas une nouveauté. Retrouvez en images les ministres les plus éphémères de l’histoire de la Ve République.
Premier membre d’un gouvernement français en situation de handicap, Damien Abad était une prise de guerre d’Emmanuel Macron à la droite puisqu’il présidait le groupe LR à l’Assemblée nationale durant le quinquennat précédent. Mais les accusations répétées de viol de la part de plusieurs femmes et l’ouverture d’une enquête ont eu raison de sa place au gouvernement.
Cette étoile montante de la macronie avait été nommée au prestigieux ministère de la Transition écologique pour piloter l’un des principaux chantiers du second mandat d’Emmanuel Macron : le verdissement de l’économie et la lutte contre la dégradation de l’environnement. Elle a cependant dû quitter son poste après avoir été battue au second tour des élections législatives dans l’Essonne.
Une autre membre du gouvernement d’Élisabeth Borne qui n’a pas réussi à passer le cap des législatives. Cette ancienne membre du Parti socialiste ralliée à Emmanuel Macron ne sera restée que 45 jours au ministère de la Santé, alors que la pandémie de Covid-19 reprend et que des mesures urgentes sont attendues pour l’hôpital public.
Ministre de l’Éducation nationale dans les années 1990, François Bayrou avait fait son retour vingt ans après comme ministre de la Justice dans la foulée de l’élection d’Emmanuel Macron en 2017. C’est à ce moment qu’a éclaté l’affaire des assistants parlementaires de son parti au Parlement européen, qui l’a contraint à la démission. Resté influent, le président du Modem s’est consolé en prenant la tête du Commissariat au Plan en 2020.
L’affaire concernant ce parti a aussi eu raison du principal soutien politique de François Bayrou à l’époque, Marielle de Sarnez. Nommée ministre des Affaires européennes en mai 2017, elle ne réintègre pas le gouvernement lors du remaniement intervenu le 21 juin.
Également citée dans l’affaire des assistants parlementaires du Modem, l’ancienne députée européenne n’a fait qu’un passage éphémère au ministère des Armées en 2017.
Un autre poids lourd politique rallié de la première heure à Emmanuel Macron et rattrapé par une affaire politico-financière : nommé ministre de la Cohésion des Territoires en 2017, Richard Ferrand doit quitter son poste à cause de l’affaire des Mutuelles de Bretagne. Il est devenu président de l’Assemblée nationale par la suite.
Représentant de l’aile gauche du PS et candidat malheureux à la présidentielle de 2017, Benoît Hamon a aussi été l’un des ministres de l’Éducation nationale restés les moins longtemps en poste sous la Ve République. Nommé en avril 2014 dans le gouvernement dirigé par Manuel Valls, il a été remplacé le 25 août par Najat Vallaud-Belkacem à l’occasion d’un remaniement.
Avec seulement 9 jours en fonction, Thomas Thévenoud est sans aucun doute le ministre français le plus éphémère des dernières années. Immédiatement après sa nomination comme secrétaire d’État au Commerce extérieur en 2014, la presse révèle ses nombreux impayés (impôts, loyers, amendes…). L’intéressé tentera en vain de se justifier en invoquant une « phobie administrative » - une expression qui est passée depuis dans le langage courant.
Premier ministre sous Jacques Chirac et maire de Bordeaux, Alain Juppé était revenu comme ministre de l’Environnement sous Nicolas Sarkozy en 2007 après une traversée du désert. Battu aux élections législatives, il quitte le gouvernement un mois jour pour jour après sa nomination. Mais il reviendra en force quelques années plus tard aux Affaires étrangères à l’époque du printemps arabe.
Peu de temps avant son élection, Nicolas Sarkozy avait organisé sa succession au ministère de l’Intérieur, occasionnant un jeu de chaises musicales dans les portefeuilles ministériels. Pour le député Hervé Mariton, c’est un petit tour et puis s’en va au ministère des Outre-mer : 49 jours seulement.
Figure prometteuse de la droite française dans les années 2000, Hervé Gaymard est nommé ministre de l’Économie en novembre 2004. Mais « l’affaire Gaymard » éclate pendant l’hiver après des révélations du ‘Canard enchaîné’ sur l’existence d’un appartement de 600 mètres carrés payé par l’État dans lequel vivait sa famille. Il ne restera même pas trois mois à Bercy.
Cet homme d’affaires proche de Jacques Chirac et Alain Juppé avait été nommé Secrétaire d’État chargé de l’Aménagement du Territoire en 2004. Il démissionne au bout de deux semaines pour conserver le contrôle de sa société Citya Immobilier, un important réseau d’administration de biens.
L’ancien patron d’Adidas et de l’Olympique de Marseille avait les faveurs de François Mitterrand sous son second mandat. Nommé ministre de la Ville en 1992, un nouveau poste taillé sur mesure pour lui, il quitte le gouvernement au bout de 51 jours après avoir été mis en examen. Relaxé en décembre, il réintègre le gouvernement au grand dam de certains socialistes. La gauche perd de toute manière le pouvoir quelques mois plus tard, mettant un terme à la carrière ministérielle de Tapie.
Ancien résistant et chercheur en médecine, ce partisan de l’euthanasie n’avait pas sa langue dans sa poche. Nommé ministre délégué à la Santé en juin 1988, il doit renoncer à ses fonctions 9 jours plus tard (un record sous la Ve République, égalé 26 ans après par Thomas Thévenoud) pour avoir proposé un dépistage systématique du sida chez les femmes enceintes et la légalisation du cannabis.
Un autre médecin engagé en politique à gauche, qui fut également un navigateur auteur d’exploits en mer. Cette personnalité originale et haute en couleurs est nommée secrétaire d’État auprès du ministre de l’Environnement peu après l’élection de François Mitterrand en 1981. Mais il quitte le gouvernement au bout d’un mois après avoir pris position pour l’abolition de la chasse à courre.
Le fondateur du magazine ‘L’Express’ s’était lancé progressivement en politique à la tête du Parti radical. Récemment élu président de la République, Valéry Giscard d’Estaing le nomme « ministre des Réformes » en 1974, un poste créé pour l’occasion et supprimé ensuite. L’expérience ne durera que 12 jours…