L’Océan Atlantique en ébullition : les canicules marines mettent l'environnement en péril !
Les mers prennent feu ! Entre les mois de mars et mai 2023, les températures moyennes mesurées à la surface des océans ont atteint un record, dépassant de 0,83 degré la moyenne enregistrée au XXe siècle selon l'administration océanographique américaine.
La canicule a été particulièrement intense d’un bout à l’autre de l’Océan Atlantique. Des anomalies de températures s’élevant jusqu’à 5 degrés ont été enregistrées au large des Îles Britanniques en juin.
« De telles anomalies de températures dans cette partie de l'Atlantique Nord, c'est du jamais vu », a déclaré Daniela Schmidt, professeure à l'Université de Bristol, citée par le ‘Science Media Centre’ britannique.
Des propos confirmés par Jean-Baptiste Sallée, océanographe et climatologue au CNRS, cité par ‘Geo’, qui voit dans ces phénomènes des « anomalies extrêmement fortes, tout à fait frappantes et inquiétantes ».
Que se passe-t-il ? Les océans absorbent 90 % de la chaleur générée par l’effet de serre. De tels épisodes caniculaires sont donc logiques dans une période de réchauffement climatique.
D’autres explications ont été avancées par les scientifiques, comme la réduction des poussières sahariennes transportées par le vent, qui ont normalement un effet refroidissant sur l’atmosphère.
La baisse des émissions de soufre des bateaux, un autre facteur habituel de refroidissement, a aussi été évoquée pour expliquer les canicules actuelles. Mais il ne s’agit que d’hypothèses à ce stade.
En revanche, il est encore trop tôt pour y voir les conséquences du phénomène climatique El Niño : les experts s’attendent davantage à un impact au printemps 2024.
Quoi qu’il en soit, ces canicules ont un effet dévastateur sur la biodiversité. Les scientifiques s’attendent à une surmortalité massive d’espèces marines, en particulier les coraux et les invertébrés.
Par ailleurs, ces grandes chaleurs ralentissent la croissance du phytoplancton, ce qui a des effets en cascade sur la chaîne alimentaire dont ces micro-organismes sont la base. De quoi affamer aussi bien les crustacés que les poissons et les oiseaux.
Le réchauffement des océans pourrait aussi accélérer la migration de certaines espèces vers les pôles dont les eaux sont plus froides. Les poissons seront donc moins nombreux dans la zone située entre les tropiques.
Par ailleurs, les vagues de chaleur en mer ont pour conséquence de blanchir les récifs coralliens, des barrières précieuses pour la préservation de l’environnement.
Provoquées par le réchauffement climatique, les canicules marines ont aussi un effet amplificateur : en se réchauffant, l’océan pourrait en effet absorber une plus faible part du CO2 émis par les humains, ce qui augmenterait de nouveau la température de l’atmosphère.
En 2022, c’est la Mer Méditerranée qui avait été touchée par des chaleurs intenses. Presque toute sa partie occidentale avait connu une vague de chaleur à la fin du printemps.
En Méditerranée comme ailleurs, l’évolution de ces épisodes de chaleur est inquiétante pour l’avenir. Comme l’a relevé le Centre français de recherche scientifique, « une augmentation significative de la durée, de l’extension spatiale et de l’intensité des canicules océaniques de surface » a été observée ces dernières décennies.
Et le pire est peut-être devant nous : selon Samuel Somot, chercheur au Centre national de Recherches météorologiques (CNRM), cité par ‘L'Obs’, ces canicules « pourraient durer quatre mois, avec des anomalies de températures importantes sur l’ensemble de la mer jusqu’à quatre fois plus intenses ».
Pour Robert Schlegel, chercheur à l’Institut de la Mer de Villefranche (IMEV), cité par le ‘HuffPost’, « l’ensemble de l’océan mondial sera proche d’un état de canicule marine presque constant » d’ici à 2050.
Moins visibles que les dégâts sur terre comme les canicules ou les incendies, les vagues de chaleur en mer n’en sont pas moins inquiétantes. Pour préserver les températures et la biodiversité, la solution passe par une limitation drastique du réchauffement climatique.