Poutine a tenu des propos inquiétants à l'égard de la Lettonie, membre de l'OTAN
La tension monte entre la Lettonie et la Russie. En effet, Vladimir Poutine a proféré des menaces inquiétantes à l'encontre du pays voisin. Mais qu'est-ce que cela pourrait signifier pour la stabilité de la région ?
Poutine a fait un certain nombre de déclarations sur les nouvelles politiques du gouvernement letton lors d'une réunion du Conseil pour le développement de la société civile et des droits de l'homme, à laquelle il a assisté par vidéo le 4 décembre.
La décision de la Lettonie visant à adopter le letton en tant que langue officielle unique est un sujet de préoccupation majeur pour les dirigeants du Kremlin. De fait, le gouvernement letton a adopté une loi visant à faire évoluer le système éducatif du pays vers cette langue en septembre 2022.
Le média politique américain "Politico" a révélé qu'un quart du pays balte, soit environ 1,8 million d'habitants, parle le russe, ce qui représente une importante population russophone en Lettonie.
Cette nouvelle politique s'inscrit dans une démarche plus large de dérussification de la Lettonie. Selon la nouvelle législation linguistique, la plupart des écoles publiques proposent actuellement un programme bilingue, mais le russe sera progressivement supprimé d'ici septembre 2025.
La Lettonie a démantelé ses monuments de guerre de l'ère soviétique, a renvoyé un certain nombre de diplomates russes du pays et a adopté une position ferme à l'égard de la Russie depuis que Poutine a déclenché la guerre contre l'Ukraine, souligne "Politico".
Or, la Lettonie est devenue une cible en raison de ces mesures. Anchal Vohra, du magazine américain "Foreign Policy" a expliqué au mois de mars que "la Lettonie a séparé l'Église orthodoxe lettone de l'Église orthodoxe russe et a interdit certaines émissions de télévision russes". Ce qui n'a rien arrangé à la situation.
Depuis un certain temps, Poutine et d'autres dirigeants russes tentent d'envoyer à la population russe le message que le monde est contre la Russie, dans le but de susciter la colère de son peuple. Les réformes apportées par la Lettonie en matière de dérussification vont ainsi dans ce sens.
Le magazine d'information américain "Newsweek" a cité une phrase prononcée par Poutine lors de son discours du 4 décembre : "Je ne pense pas que le bonheur viendra à ceux qui poursuivent de telles politiques" (traduction de "RBC Ukraine"). Poutine met ainsi en garde les Lettons au sujet de ces changements.
Vladimir Poutine a ajouté : "S'ils poursuivent une telle politique à l'égard de personnes qui ont voulu vivre dans ce pays, y ont travaillé, ont créé quelque chose de bon pour ce pays, et s'ils les traitent de manière si mesquine, alors ils finiront par être eux-mêmes confrontés à ce comportement mesquin dans leur pays".
Le ministère letton des Affaires étrangères a déclaré à "Newsweek" que les propos tenus par Moscou visaient la population nationale russe. Pour le ministère, les remarques inquiétantes de Poutine n'ont rien de nouveau.
Le communiqué letton a précisé : "Nous considérons qu'il s'agit d'une nouvelle tentative de détourner l'attention de la violation flagrante du droit international par la Russie, en premier lieu des crimes qu'elle commet en Ukraine et, en second lieu, des répressions internes en cours en Russie".
Il serait bon que les alliés de l'Ukraine et les pays du monde entier s'unissent pour soutenir l'Ukraine et l'ordre international actuel, fondé sur des règles. C'est ce qu'a souligné le ministère letton des Affaires étrangères dans sa déclaration.
La déclaration se poursuit en intégrant des pays autres que la Lettonie : "Tous les pays ayant une frontière directe et une histoire douloureuse avec la Russie savent comment rester vigilants et résistants face aux tentatives de [pression] de la Russie".
Cependant, la Lettonie est membre de l'OTAN et protégée par la clause de l'article 5 de l'alliance, qui prévoit que tous les membres de l'organisation lui viennent en aide. Il est donc peu probable que la Russie prenne des mesures militaires contre la Lettonie, malgré les remarques inquiétantes de Poutine.
Depuis octobre, la Finlande, nouveau membre de l'OTAN, fait l'objet de campagnes de propagande et d'un accès facilité à ses frontières pour les demandeurs d'asile de la part de la Russie. À l'avenir, Moscou pourrait bien exercer ce type de pression sur la Lettonie.