Que devient Dominique Strauss-Kahn, l’ancien homme politique français qui a dirigé le FMI ?
Dominique Strauss-Kahn a eu 75 ans le jeudi 25 avril dernier. Que devient l’ancien homme politique socialiste et directeur général du FMI ? Un portrait en images.
Après avoir eu une vie privée tumultueuse, « DSK » s’est remarié en 2017 avec sa compagne Myriam L’Aouffir, une femme d’affaires germano-marocaine.
Retiré depuis longtemps de la vie politique, l’ancien ministre est toujours actif dans les affaires, tout en gardant une certaine discrétion. Si la banque LSK, qu’il avait créée en 2013, a fait faillite, il donne des conseils financiers à des gouvernements, notamment africains.
Figure du Parti socialiste, en France, économiste prodige, donné favori de l’élection présidentielle de 2012, DSK avait vu sa carrière politique être brutalement interrompue : l’épisode du Sofitel de New York, en 2011, avait jeté une lumière crue sur sa vie privée.
Né en 1949, Dominique Strauss-Kahn est économiste de formation. Enseignant à l’université, il rejoint l’administration, au Commissariat au Plan, dans les années 1980.
Engagé à gauche, l’universitaire adhère au Parti socialiste en 1976 et se rapproche de Lionel Jospin, le futur Premier secrétaire du PS. Il devient lui-même secrétaire national du parti, spécialisé dans les questions économiques.
Marié et divorcé deux fois, père de quatre enfants, DSK épouse en troisièmes noces Anne Sinclair, une journaliste vedette de l’audiovisuel français, en 1991.
Élu député de Haute-Savoie en 1986, il est réélu au Palais-Bourbon en 1988, cette fois dans le Val-d’Oise, dans la banlieue nord de Paris. Fort de son expertise, il préside la commission des Finances de l’Assemblée nationale.
En 1991, l’homme politique est nommé ministre délégué à l’Industrie et au Commerce extérieur, un poste qu’il conserve jusqu’à la défaite de la gauche aux élections législatives de 1993.
Il se lie alors avec de grands patrons, comme Vincent Bolloré (sur la photo) ou le dirigeant de Renault, Louis Schweitzer. À la même époque, il cofonde le Cercle de l’industrie, chargé de défendre l’industrie française à Bruxelles.
Alors que son parti est revenu dans l’opposition, l’ancien ministre est élu maire de Sarcelles, dans le Val-d’Oise, en 1995. Étoile montante du PS, il participe à la rédaction de son programme économique dans la perspective des élections législatives de 1997.
Lorsque la gauche revient au pouvoir, le nouveau chef du gouvernement, son ami Lionel Jospin, en fait son ministre de l’Économie et l’un des poids lourds de son dispositif.
Le ministre est l’inspirateur de l’une des mesures-phare du gouvernement Jospin : la mise en place de la semaine de travail de 35 heures, sans réduction de salaire.
Afin de se conformer au droit européen de la concurrence, DSK pilote aussi la privatisation de plusieurs entreprises publiques, comme France Télécom, ainsi que des banques et des compagnies d’assurance. Des décisions controversées dans son propre parti.
Poursuivi pour « faux et usages de faux » dans l’affaire de la MNEF, du nom d’une mutuelle étudiante, mis en cause pour « corruption passive » dans l’affaire de la « cassette Méry », Dominique Strauss-Kahn quitte le gouvernement en 1999 pour pouvoir assurer sa défense.
Relaxé par la justice, mais critiqué par d’autres membres de son parti, DSK fait son retour en politique et tente de remporter l’investiture du PS pour l’élection présidentielle de 2007. Cependant, les militants socialistes lui préfèrent Ségolène Royal pour porter leurs couleurs.
Dans les années 2000, il se prononce en faveur d’un positionnement social-démocrate pour le PS, acceptant l’économie de marché tout en cherchant à en corriger les excès. Il milite pour le « oui » au référendum de 2005 sur la Constitution européenne.
Fort de l’appui des États européens et d’autres continents, l’ancien ministre français de l’Économie est désigné directeur général du Fonds Monétaire International (FMI) en 2007.
En 2008, le ‘Wall Street Journal‘ révèle que le dirigeant du FMI aurait abusé de sa position d’autorité pour obtenir les faveurs de Piroska Nagy, l’une de ses subordonnées. Une première alerte sur son rapport aux femmes, qui fait alors rarement la une des médias français.
Durant la crise de l’euro qui éclate en 2010, le patron de l’institut financier international convainc les dirigeants européens réticents de renflouer la Grèce, en proie à de graves difficultés financières après avoir passé plusieurs années à maquiller sa dette publique.
Alors que le président Nicolas Sarkozy bat des records d’impopularité, Dominique Strauss-Kahn fait figure de favori pour l’investiture du PS et pour remporter la présidentielle de 2012. L’année précédente, il quitte ses fonctions au FMI pour préparer la campagne électorale.
Sur le point de prendre l’avion censé le ramener en France, DSK est arrêté par la police américaine et incarcéré, quelques heures après avoir agressé s e x u e l l e m e n t une femme de chambre du Sofitel, l’hôtel new-yorkais où il séjournait.
C’est le début d’un scandale retentissant de part et d’autre de l’Atlantique, faisant de DSK l’adversaire numéro 1 des mouvements féministes. Son couple avec Anne Sinclair ne résiste pas non plus à la tornade médiatique.
Désormais sans avenir politique, l’ancien baron du PS ne peut se présenter à la primaire de son parti, remportée par François Hollande qui bat Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle de 2012.
Une série d’affaires de mœurs éclate dans les mois suivants, en particulier celle de l’hôtel Carlton de Lille : accusé de « proxénétisme aggravé en réunion », il est finalement relaxé en 2015.
À présent retiré de la vie publique, Dominique Strauss-Kahn est resté une figure clivante. Si certains apprécient toujours l’économiste brillant et le modernisateur, d’autres retiennent principalement sa relation trouble avec les femmes et les graves affaires dans lesquelles il a été impliqué.